Panique dans les Ardennes
Témoigagne – Seconde Guerre mondiale – Capitaine Raymond
En mai 1940, l’armée française fait face à la plus grande offensive ennemie jamais menée sur son territoire.
De longues journées durant, les civils prennent la route pour fuir l’avancée ennemie. Rapidement, ils sont rejoints par des soldats français, belges, et britanniques parfois.
Dans leur course folle, il arrive que les Allemands ne prennent même pas le temps de les faire prisonniers. Ils n’ont pas le temps. Ils doivent avancer sans être retardés. Alors ils se contentent de leur demander de déposer les armes, et de marcher. Où et dans quel but ? Pour reprendre le combat ? Pour retrouver leurs familles ? Qu’importe. L’humiliation est déjà grande et bientôt, il sera trop tard.
Dans son journal de campagne, le capitaine Raymond, commandant le II/14e RI se souvient :
« La situation est angoissante. Les routes sont couvertes de réfugiés qui fuient l’invasion. Sur les longues charrettes lorraines s’entassent pêle-mêle vieillards, femmes et enfants avec des monceaux d’objets les plus hétéroclites. Beaucoup s’en vont à pied, quelques-uns à bicyclette.
A la tombée de la nuit, ces malheureux s’entassent dans les granges des villages rencontrés et se laissent tomber exténués sur la paille.
Dans la nuit, l’horizon s’éclaire des lueurs des incendies. Vouziers flambe, Omont, Vendresse brûlent et à la lueur des sinistres rougeoiements on peut délimiter la situation de l’ennemi.
Mais où la situation devient la plus critique, c’est aux approches de Vouziers. Là ce ne sont plus des réfugiés qui sillonnent les routes, mais des soldats débandés qui refluent sans ordre, débraillés et pour beaucoup sans armes. Tous les corps sont mélangés, les uns vont mornes, hébétés, les autres racontent des histoires effrayantes des bombardements par avions, d’attaques de chars et veulent à tout prix prouver qu’ils sont des héros. C’est possible, mais ils n’en donnent pas l’impression. »
Extrait du livre Ils se sont battus Mai-Juin 1940 de Christophe Dutrône aux éditions du Toucan.