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En cette période marquée par le réarmement des puissances, les progrès technologiques et industriels sont tels, que l’US Navy craint de voir sa flotte d’avions embarqués devenir obsolète. Souhaitant la moderniser, la Marine américaine lance un appel à plusieurs constructeurs aéronautiques afin de concevoir son nouveau chasseur.

Le challenge est de taille, car ce futur aéronef doit respecter des conditions non-négociales en combinant grande puissance et faible encombrement. De fait, il doit être suffisamment petit pour embarquer à bord d’un porte-avion mais doit aussi être robuste pour supporter un atterrissage court et musclé, tout en répondant aux nouvelles normes de puissance des armes volantes du début des années 1940.

Les défis pour imaginer ce futur chasseur sont à la fois importants et contradictoires. Si la puissance du moteur n’est pas l’élément le plus compliqué à mettre en œuvre, il faut cependant rendre cette même puissance en puissance utile pour les performances de l’avion. Pour rendre cela possible, il est nécessaire de l’équiper d’une hélice de très grande taille.

Pour répondre à cette caractéristique, le fabricant Hamilton Standard propose une gigantesque hélice tripale métallique de 4,064 mètres de diamètre ! Si celle-ci permet d’exploiter toute la puissance du moteur, elle entraine cependant une autre problématique. Car pour que celle-ci n’entre pas en contact avec le sol, l’avion doit inévitablement gagner en hauteur. Problème, cette même hauteur engendre la nécessité absolue d’installer de grandes jambes de train d’atterrissage. Eléments davantage fragiles et donc incompatibles avec les atterrissages courts et musclés sur un porte-avion.

Pour y remédier, tout va donc se jouer dans la forme des ailes. La VSA prévoit ainsi de leur donner une forme de « W », aussi bien originale que révolutionnaire. Fixées au plus bas de la carlingue, ces ailes permettent alors de réduire considérablement la hauteur du train d’atterrissage, renforçant ainsi sa solidité, alors que la seconde partie peut se replier, afin de réduire incontestablement l’encombrement généré par l’appareil.

Puisqu’il est avant tout un avion destiné à la guerre et aux combats aériens, le prototype est armé de deux mitrailleuses de capot de 7,62 mm et de deux mitrailleuses d’ailes de 12,7 mm. Il a aussi été envisagé de l’équiper de deux canons de 23 mm, mais trop encombrants, ces deux armements supplémentaires sont finalement restés dans les cartons.

Si celui qui portera bientôt le nom de Corsair présente de nombreuses qualités, quelques défauts sont tout de même à signaler. En effet, la visibilité du pilote est considérablement réduite par les arceaux métalliques de la verrière et – à vitesse d’atterrissage – l’avion à tendance à « embarquer » sur le côté gauche. Néanmoins, ce dernier problème sera corrigé avant le lancement officiel de la production du Corsair.

La première commande est ainsi passée le 30 juin 1941 pour un total de 584 appareils qui porteront l’identification F4U-1 Corsair dont la mise en service sera effective le 28 décembre 1942. Le premier d’une longue série qui améliorera sans cesse les qualités du chasseur américain. Prototype compris, 13 Corsair différents verront le jour. Le dernier à sortir d’usine sera le F4U-7, en 1952. Au total, 12 583 Corsair seront construits.

Tout au long de cette longue lignée, le Corsair connaît de nombreuses évolutions qui vont quelque peu modifier sa forme, mais aussi son armement ou encore sa couleur. Par exemple, sept versions de verrière sont créées pour tenter d’améliorer le blindage de celle-ci, mais aussi pour améliorer la visibilité du pilote, l’un des premiers défauts rappelons-le. Sur certains d’eux, les canons viendront finalement s’ajouter à son armement.

Enfin, et au cours des premières années de sa longue carrière, le Corsair connait trois changements de couleur (livrée). En somme, il n’a pas toujours été de ce bleu éclatant, tellement emblématique à cet appareil. Jusqu’en 1943, le chasseur est recouvert d’une peinture gris bleu et gris clair sur la partie inférieure. De 1943 à 1944, sa livrée évolue en bleu de mer non réfléchissant et bleu intermédiaire. Enfin, c’est seulement à partir de 1944 que le Corsair adopte sa couleur définitive ; le bleu de mer brillant sur toute sa surface.