En 1944, les Alliés débarquent massivement en Normandie puis en Provence. Peu à peu, et grâce aux actions des Forces Françaises de l’Intérieur, la France est libérée de l’Occupation nazie, conduisant par ailleurs à la fin du régime de Vichy. Mais dans leur retraite, les Allemands sont aussi coupables de nombreuses atrocités commises contre les populations civiles. À la fin de cette année, les Alliés seront prêts à entrer en Allemagne.
La chronologie de la Seconde Guerre mondialepermet de comprendre et de contextualiser l’enchaînement des événements politiques, civils et militaires qui ont lieu en France et dans le monde, à travers des actualités et faits majeurs.
Sous la pression de Hitler, Pierre Laval fait entrer Philippe Henriot au gouvernement de Vichy, comme secrétaire d’État à l’Information et à la Propagande. Symbole d’une collaboration désirée et acharnée, il devient ainsi la voix de la « France-allemande ». Orateur virulent, Philippe Henriot mène une véritable guerre des ondes sur l’antenne de Radio-Paris, face à la BBC de Londres. Suivies par un large public, même si tous n’y approuvent pas les propos partagés, ses émissions sont principalement consacrées à la défense de la collaboration et de l’Europe nouvelle, désirée par l’Allemagne nazie. À son micro, Henriot a aussi pour habitude de s’en prendre à la Résistance et à la France libre du général de Gaulle.
Conférence de Marrakech
Mercredi 12 janvier 1944
Le courant passe mal entre les États-Unis et la France libre. Roosevelt n’accorde pour l’heure aucune confiance en la personne du général de Gaulle. Or, Churchill sait que la France sera un allié vital pour l’après-guerre face aux très probables tensions à venir avec l’URSS. Mais pour sortir de cette guerre, il sait aussi qu’il ne peut se passer de la puissance américaine. Pour le Premier ministre, il s’agit donc de jouer les équilibristes entre ses deux alliés.
Alors que le débarquement allié prévu sur les côtes françaises est de plus en plus imminent, il devient plus que nécessaire de coordonner les actions de résistance contre l’occupant allemand. Ainsi, le Comité Français de Libération Nationale décide le regroupement de tous les mouvements de Résistance sous le nom de Forces Françaises de l’Intérieur, dont le commandement sera assuré par Marie-Pierre Kœnig.
Attaque contre les maquis de l’ain
Opération Korporal
Samedi 5 février 1944
Plus de 2 500 soldats de la Wehrmacht, assistés de la SS et de la Milice française, investissent le département de l’Ain, prêts à en découdre avec les camps du Maquis. La population locale voit ainsi ses rues, ses routes et carrefours investis par de nombreuses forces occupantes. Dans le ciel, l’aviation allemande veille alors qu’au sol, les troupes alpines avancent prudemment dans cette neige de plus en plus épaisse. De grande envergure, l’opération Korporalse déroulera ainsi jusqu’au 13 février. À son terme, 339 personnes seront arrêtées et 287 d’entre elles seront déportées.
Confirmation de l’opération Overlord
Mardi 8 février 1944
Le plan pour l’invasion de l’Europe et pour l’ouverture d’un second front à l’ouest réclamé par Staline depuis plusieurs mois, est confirmé. Les Alliés débarqueront en France, sur les plages de Normandie. Le général américain, Dwight D. Eisenhower aura la lourde responsabilité de diriger ces opérations, capitales pour l’avenir de la guerre en Europe et dans le monde.
2 643 tonnes de bombes
Bombardements de Berlin
Mardi 15 février 1944
Durant près de 24 heures, la Royal Air Force lance la plus violente attaque aérienne de la Seconde Guerre mondiale. Principalement concentrée sur Berlin et son industrie de guerre, d’autres villes situées à proximité sont également touchées. Des milliers d’Allemands meurent sous les 2 643 tonnes de bombes larguées. Les sans-abris se comptent désormais par centaines de milliers. Hitler n’exprimera que peu de peine pour son peuple.
Opération Jericho
Vendredi 18 février 1944
Malgré une visibilité très mauvaise causée par la neige et le brouillard, dix-huit bombardiers légers Mosquitos et quatorze chasseurs Typhoons décollent d’Angleterre pour une extraordinaire mission de sauvetage. Accompagnés d’un avion de reportage, les aviateurs ont la prison d’Amiens dans leurs viseurs. Entre ses murs, de nombreux Résistants français et agents secrets alliés y seraient enfermés, et leur mise à mort serait même programmée pour le lendemain.
Au terme d’une parodie de justice, les membres du groupe Manouchian et de « l’Affiche rouge » sont condamnés à mort. Emmenés jusqu’au Mont-Valérien, 22 des 24 accusés sont fusillés par les Allemands, dans la Clairière du fort. L’un d’eux avait en effet été remis à la justice française, alors que Olga Bancic elle, sera déportée jusqu’à Stuttgart, en Allemagne, et guillotinée le 10 mai suivant, jour de son trente-deuxième anniversaire.
Visant à paralyser le réseau ferroviaire pour isoler la Normandie en prévision du futur débarquement, la gare de triage de Trappes est bombardée par un puissant raid britannique. Dans la nuit du 6 au 7 mars, 1260 tonnes de bombes sont larguées au-dessus de la gare. Cependant, certaines tombent aussi sur des immeubles civils, causant la mort d’une centaine d’entre eux.
Bombardement du Mans
Mardi 14 mars 1944
En pleine nuit et en prévision du futur débarquement allié, 222 bombardiers britanniques prennent la direction du Mans et s’attaquent à la gare de triage, aux usines avoisinantes et à un réservoir d’essence de la marine allemande. Pendant un peu plus d’une heure, les bombes pleuvent sur la ville. L’ensemble des cibles sont détruites ou fortement endommagées. Au cours de cette attaque nocturne, 67 personnes trouveront la mort.
Marcel Déat entre au gouvernement
Jeudi 16 mars 1944
Sous pression allemande, le maréchal Pétain accepte l’entrée de Marcel Déat au gouvernement de Vichy. Figure importante de la collaboration, il est nommé au poste de Ministre du travail et de la Solidarité nationale. Comme pour les nominations de Joseph Darnand et de Philippe Henriot, le chef de l’État français n’appose pas sa signature.
Exécution de Pierre Pucheu
Lundi 20 mars 1944
Ancien ministre de l’Intérieur du régime de Vichy, Pierre Pucheu avait quitté le gouvernement après le retour de Pierre Laval au pouvoir. Avec l’accord du général Giraud, il avait rejoint Alger en 1943, avant d’être finalement placé en résidence surveillée. Arrêté puis traduit en justice à l’occasion d’un procès qui s’était ouvert le 5 mars précédent, Pierre Pucheu fut condamné à mort. Il est exécuté ce 20 mars, à Alger.
Philippe Henriot a raconté à la radio la mort du Pucheu. Il a prié l’officier chargé de commander le peloton de se retirer pour ne point déshonorer son uniforme. L’officier s’est retiré en pleurant. Puis il a voulu serrer les mains des soldats chargés de l’exécution pour leur montrer qu’il ne leur en voulait pas, a prononcé quelques paroles historiques et a crié feu après s’être mis au mur. Ce récit cause une certaine émotion à Paris et en France. Je n’en crois pas un mot. Il n’est pas possible que les dissidents d’Alger soient assez bêtes pour avoir toléré une histoire aussi spectaculaire. À la réflexion, d’ailleurs, cela ne me paraît pas possible. Une exécution ne se fait pas ainsi. Le condamné ne se balade pas, que je sache, assez librement pour serrer des mains. Mais il faut reconnaître que la propagande est bien faite du côté de Vichy. La trouvaille est heureuse.
Maurice Garçon
Avocat à Paris,Notes personnelles en date du 27 mars 1944
Massacre des Fosses ardéatines
Vendredi 24 mars 1944
En représailles à un attentat à Rome ayant causé la mort de 33 soldats allemands, 335 civils italiens – dont 70 Juifs – sont exécutés dans les Fosses ardéatines, d’une balle dans la nuque. Parmi les victimes ; Aldo Finzi. Il était l’un des premiers compagnons de Mussolini mais avait été exclu du Parti fasciste en 1942pour ses origines juives, avant de se faire arrêter à proximité de Rome, alors qu’il apportait son aide aux partisans.
Attaque du maquis des glières
Dimanche 26 mars 1944
En Haute-Savoie, Allemands et Miliciens donnent l’assaut contre le maquis de Glières. Mouvement de Résistance créé par l’Armée Secrète et dirigé à ses débuts par Tom Morel, le maquis était principalement engagé dans la réception des largages d’armes et d’explosifs, fournis par les Alliés. Ces armes, d’une importance capitale pour la future libération de la France, serviront à l’équipement de tous les mouvements de Résistance de la région.
Bombardement de Nuremberg
Vendredi 31 mars 1944
En milieu de nuit, aux alentours d’une heure du matin, la zone industrielle de la ville allemande de Nuremberg est bombardée par 910 tonnes d’explosifs et 1 176 tonnes de bombes incendiaires. Pour autant, le prix de ce raid est fortement élevé. Les Allemands, probablement au courant de l’attaque, détruisent 108 avions et en endommagent 71 autres. Les pertes humaines de ce raid s’élèvent à 745 Britanniques tués ou blessés. Au sol, 129 civils et militaires trouvent la mort.
Chronologie Avril 1944
Un village à jamais meurtri
Massacre d’Ascq
Samedi 1er avril 1944
En représailles du sabotage d’un convoi militaire allemand survenu à peine quelques minutes plus tôt, les SS assassinent 86 civils à Ascq, petit village à proximité de Lille où « l’attentat » eut lieu. Ce massacre déclenchera le plus fort mouvement de grève sous l’Occupation, avec environ 60 000 grévistes dans cette région industrielle et mise au service de l’effort de guerre du Troisième Reich. Les funérailles des victimes rassembleront près de 20 000 personnes.
Ancienne colonie des enfants d’Izieu, aujourd’hui Mémorial des enfants juifs exterminés d’Izieu – Chabe01
44 enfants raflés et déportés
Rafle des enfants d’Izieu
Jeudi 6 avril 1944
Ce jour-là, la Gestapo de Lyon rafle 44 enfants et 7 accompagnateurs, réfugiés dans une grande maison transformée en colonie de vacances dans la commune d’Izieu, dans le département de l’Ain. Déportés à Auschwitz-Birkenau, 42 enfants seront exterminés dès leur arrivée dans les chambres à gaz. Les deux autres, plus âgés, seront assassinés en Estonie.
C’est le début d’une longue période de bombardements intensifs du territoire français, par les Alliés. Les installations ferroviaires comme les industries sont particulièrement visées. De nombreux raids ont lieu, à des endroits volontairement variés, afin de détourner l’attention de l’ennemi des plages de Normandie. Cette nuit-là, les bombardements de Lille et de sa proche banlieue font 450 morts et 620 blessés.
La Résistance attaquée dans le Vercors
Dimanche 16 avril 1944
Plusieurs camions chargés de quelques 200 Miliciens investissent le plateau de Vassieux, dont le village est réputé comme étant l’un des principaux centres de Résistance du maquis du Vercors. Pendant plus d’une semaine, fermes et habitations sont pillées et incendiées. Trois résistants sont fusillés le 23 avril : André Doucin, Casimir Ézingeard et Paul Mially. Depuis le début de l’année 1944, il s’agit déjà de la troisième attaque contre le Vercors, après celles des 22 et 29 janvier.
Bombardements de Paris
Jeudi 20 avril 1944
Dans la nuit du 20 au 21 avril et toujours en prévision du Débarquement en Normandie, les Alliés bombardent massivement plusieurs entrepôts ainsi que la gare de La Chapelle-Saint-Denis, durant près de deux heures. L’objectif de l’attaque est de paralyser le trafic allemand. Près de 2 000 bombes sont larguées mais environ 200 d’entre elles manquent leurs objectifs, détruisant des habitations civiles et causant la mort de 641 personnes, tout en faisant près de 400 blessés.
Le droit de vote accordé aux femmes françaises
Vendredi 21 avril 1944
Dans le cadre du gouvernement provisoire d’Alger, le général de Gaulle signe une nouvelle ordonnance accordant le droit de vote aux femmes françaises. Ces dernières exerceront ce droit civique pour la première fois, le 29 avril 1945, lors des élections municipales. En France, les femmes peuvent enfin, au même titre que les hommes, se rendre dans les bureaux de vote, bien après d’autres pays comme la Grande-Bretagne, l’Allemagne, la Finlande, la Pologne ou encore la Bulgarie.
Pétain se rend à Paris
Mercredi 26 avril 1944
Pour la première fois depuis 1940, le maréchal Pétain se rend à Paris, à l’occasion d’un voyage éclair organisé en secret par son cabinet. Après avoir assisté à une messe célébrée à Notre-Dame en hommage aux victimes des bombardements alliés de Paris, il prononce un discours improvisé devant une foule en liesse : « Je reviendrai dans la capitale, lorsque l’étranger, sur notre sol, ne nous dictera plus sa loi ». Message qui s’adresse aussi bien à l’occupant allemand qu’aux Alliés.
Chronologie Mai 1944
Liberté de la presse
Ordonnance sur la liberté de la presse
Samedi 6 mai 1944
La presse représente un enjeu majeur pour la Résistance. Afin qu’elle ne devienne plus un outil contrôlé à des fins de propagande néfaste, le CNR, qui élabore et façonne les ordonnances prises par le Gouvernement provisoire de la République française, réaffirme la liberté de la presse par l’ordonnance du 6 mai 1944. Les éléments garantissant son indépendance et sa transparence seront fixés ultérieurement par les deux nouvelles ordonnances des 22 et 26 août 1944.
Bombardements de Tourcoing
Samedi 13 mai 1944
Sous les ordres du lieutenant-colonel Gorri et du commandant Soufflet, les bombardiers du groupe Lorraine des Forces aériennes françaises libres mènent un raid contre la gare de triage de Tourcoing. Au cours de la matinée, les bombes sont larguées en deux vagues sur le dépôt, les voies principales et de garage, les halles et les bureaux. Si la gare est totalement détruite, une centaine de maisons environnantes sont également endommagées, sans faire de victimes cependant.
Transportation Plan
Vendredi 26 mai 1944
Environ 900 bombardiers américains décollent du Sud de l’Italie et prennent la direction de la France. Chambéry, les environs de Grenoble, Lyon, Nice ou encore Saint-Laurent-du-Var sont bombardées par l’aviation alliée. Les objectifs ciblés doivent permettre la destruction de diverses infrastructures de transport. L’imprécision des raids fait néanmoins de nombreuses victimes civiles ; près de 200 à Chambéry, 400 du côté de Nice et environ 1 000 à Lyon.
Marseille : L’un des bombardements les plus meurtriers en France
Bombardement de Marseille
Samedi 27 mai 1944
En fin de matinée et dans le cadre des préparatifs du Débarquement en Provence, 130 « forteresses volantes » américaines larguent près de 800 bombes sur la cité phocéenne. Très imprécis, le résultat de ce raid, l’un des plus meurtriers sur le territoire français, est catastrophique. La plupart des objectifs stratégiques n’est pas touchée. Une cinquantaine d’incendies se déclarent dans cette ville où l’on comptera 1 750 morts, près de 3 000 blessés et 20 000 sinistrés.
Inscrits à la peinture rouge sur les ruines des immeubles de Marseille
Bombardements de Rouen (semaine rouge)
Mardi 30 mai 1944
Jusqu’au 5 juin, la ville de Rouen et son agglomération sont fortement bombardées par l’aviation alliée. Destinées à interdire tout mouvement des troupes allemandes lorsqu’aura lieu le Débarquement de Normandie, les bombes sont larguées sur 500 mètres de part et d’autre de la Seine, afin de détruire les ponts et autres accès de passage. Au total, 6 000 explosifs seront largués, faisant près de 400 morts à Rouen et encore 400 autres dans les communes avoisinantes.
La cathédrale de Rouen après le dernier bombardement anglo-américain sur la ville. Ce bâtiment mondialement connu a été entièrement détruit par un incendie après avoir été endommagé par des bombes – Bundesarchiv, Bild 146-1984-035-10A / CC-BY-SA 3.0
Le maréchal Pétain est à Nancy
Mardi 30 mai 1944
Après une première visite à Paris au cours du mois d’avril, le maréchal Pétain poursuit sa tournée en zone nord, se rendant dans plusieurs villes bombardées ou encore à Nancy, où il est accueilli par une foule en liesse, sous les « Vive Pétain » et « Maréchal, nous voilà… ». Plus tard, il se rendra également à Epinal, puis à Dijon dans les mêmes conditions festives que sur la place Stanislas.
Chronologie Juin 1944
La BBC annonce l’imminence du débarquement en France
Jeudi 1er juin 1944
À partir de midi et jusqu’en début de soirée, la BBC diffuse près de 160 messages codés, à destination de la Résistance française. Si certains ne veulent rien dire, d’autres ont pour objectif de mettre les différents réseaux de combattants en état d’alerte. L’opération se répètera le 5 juin suivant. Plus de 200 messages seront à nouveau propagés à travers les postes de TSF. Ceux-là ordonneront le passage à l’action.
Création du Gouvernement provisoire de la République française
Samedi 3 juin 1944
Le Comité français de Libération nationale devient le Gouvernement provisoire de la République française. Présidé par le général de Gaulle, il a pour objectif de rétablir l’ordre et la légalité républicaine, après la Libération du pays.
Overlord est reportée
Dimanche 4 juin 1944
Alors qu’une partie de l’armada alliée est déjà en route, une tempête s’abat sur la Manche : le vent souffle fort et de hautes vagues se forment, mettant en danger la réussite des opérations. La flotte est finalement rappelée et, prévisions météorologiques à l’appui qui prévoit un temps plus favorable à partir du 5 juin, Eisenhower reporte l’opération Overlord au 6 juin 1944.
Je viens d’apprendre, qu’en dépit de nos avertissements, les troupes et le services qui s’apprêtent à débarquer sont munis d’une monnaie soi-disant française […]. Je m’attends à ce que demain, le général Eisenhower, sur instruction du président et d’accord avec vous-même, proclame qu’il prend la France sous son autorité.
Général de Gaulle
Au cours d'un échange houleux avec Churchill,le 4 juin 1944
Libération de Rome
Lundi 5 juin 1944
Après avoir percé un mois plus tôt les lignes fortifiées allemandes Gustav et Hitler, qui protégeaient l’accès à la capitale italienne, les Alliés libèrent Rome pendant que les unités de la Wehrmacht se replient vers le nord. Après le siège de Monte Cassino qui aura duré près de cinq mois, le début de la campagne d’Italie coûte très cher en vies humaines aux Alliés. Plus de 30 000 soldats français seront tués, blessés ou portés disparus.
Opération Dingson
Lundi 5 juin 1944
Dans le cadre de l’opération Dingson, 36 parachutistes français de la brigade d’élite britannique « Special Air Service » décollent de Grande-Bretagne, en fin de soirée du 5 juin, et vont être largués au-dessus de la Bretagne à 00h30. Leur mission : rassembler, équiper et encadrer les maquisards bretons, dans l’objectif de former une solide armée secrète. Parmi eux, le caporal Émile Bouétard qui sera tué à 00h40, considéré comme le « premier mort des troupes débarquées pour la Libération ».
Soldats, marins et aviateurs des Forces expéditionnaires alliées !
Vous êtes sur le point de vous embarquer pour la grande croisade vers laquelle ont tendu tous nos efforts pendant de longs mois. Les yeux du monde sont fixés sur vous. Les espoirs, les prières de tous les peuples épris de liberté vous accompagnent. Avec nos valeureux alliés et nos frères d’armes des autres fronts, vous détruirez la machine de guerre allemande, vous anéantirez le joug de la tyrannie que les nazis exercent sur les peuples d’Europe et vous apporterez la sécurité dans un monde libre.
Général Dwight D. Eisenhower
Commandant suprême allié - Ordre du jour,le 6 juin 1944
Au moment même où les premiers parachutistes étaient largués au-dessus des terres normandes, 11 500 avions dont près de 3 000 bombardiers, décollaient d’Angleterre. Les bombes commençaient alors à pleuvoir une heure plus tard, rasant aussi plusieurs villes tout en emportant plusieurs milliers de vies civiles. Peu avant 6h00, se sont désormais les navires qui bombardent les côtes et à 6h30, les premières troupes d’assaut prennent pied sur cinq plages de Normandie baptisées Utah, Omaha, Gold, Juno et Sword.
La ville de Caen est un objectif majeur pour les Alliés. Tant qu’elle ne tombe pas, les Anglo-Canadiens risquent de rester bloqués sur leurs positions de débarquement. L’opération Perch est lancée. Son objectif ; encercler la ville et s’en emparer. Mais le 14 juin, et après de furieux combats coûteux en vies humaines, l’opération sera stoppée. Défaite stratégique, mais qui permettra néanmoins de fixer trois divisions blindés ennemies.
Libération de Port-en-Bessin
Jeudi 8 juin 1944
Après de lourds et sanglants combats, les Commandos britanniques parviennent à s’emparer de la commune de Port-En-Bessin. Le 10 juin suivant, la ville recevra la visite du général Bernard Montgomery. Réhabilité, le port de la commune deviendra rapidement un lieu stratégique, duquel les Alliés y feront débarquer en nombre, matériels et ravitaillements.
Les FFI intégrées à l’armée française
Vendredi 9 juin 1944
En France, dans les territoires occupés, les Forces françaises de l’intérieur rassemblent désormais plus de 200 000 combattants. Les quatre-cinquièmes ont été équipés en armes par les Alliés, qui en financent également l’organisation à hauteur de 11 milliards de francs. Par une nouvelle ordonnance, les F.F.I sont désormais intégrés à l’armée française.
Massacre de Tulle
Vendredi 9 juin 1944
En Corrèze, et en représailles des actions réalisées par la Résistance deux jours plus tôt pour libérer une partie de la ville, la division SS Das Reich du général Lammerding, fait irruption. Une géante rafle est organisée, près de 3 000 hommes sont arrêtés. Au cœur d’une sinistre mise en scène, 99 hommes sont pendus aux balcons et aux réverbères de la place Souilhac puis Tulle est finalement réoccupée par les Allemands.
En Normandie, les secteurs d’Omaha et d’Utah parviennent à se réunir. Le 12 juin suivant, les troupes américaines attaqueront en direction de Caumont et les Britanniques à proximité de Villiers-Bocage, sur la route de Caen. Ces derniers seront néanmoins repoussés par de violents combats contre les chars Tigre allemands.
Massacre d’Oradour-sur-Glane
Samedi 10 juin 1944
Alors que le village est particulièrement animé ce jour-là, les SS encerclent et investissent Oradour-sur-Glane. Les Allemands enfoncent portes et fenêtres des habitations et abattent ceux qui, comme les vieillards, ne peuvent se rendre au point de rassemblement. Semant la terreur au cœur même des habitations avant de les incendier, 643 hommes, femmes et enfants sont assassinés de manière effroyable et sans aucune raison.
Les parachutistes américains de la 101e division aéroportée parviennent à s’emparer de la ville de Carentan. La tête de pont alliée atteint désormais près de 80 kilomètres de long. Ce même jour, neuf divisions américaines, sept britanniques et canadiennes – l’équivalent de 326 547 hommes, 54 186 véhicules et environ 104 000 tonnes de matériels – débarquent encore sur les plages de Normandie.
Début de la Bataille des Haies
Mardi 13 juin 1944
Jusqu’au 24 juillet, les soldats alliés s’enfoncent dans les terres normandes et ses hautes haies. Intérêt tactique davantage favorable aux soldats en position de défense, ces haies permettent aux Allemands d’engager une guerre d’usure. Cependant, incapables de résister à la puissance militaire alliée, les troupes allemandes seront finalement battues, au prix néanmoins de nombreuses vies humaines et d’un retard majeur sur l’avancée des soldats américains, britanniques et canadiens.
Les missiles V1 tombent sur Londres
Mardi 13 juin 1944
Durant près de trois mois, environ 70 missiles V1 tombent sur Londres (sur environ 250 tirs réalisés quotidiennement). Lancés depuis le territoire français, les V1 feront plus de 6 000 morts. Pour Hitler, ces « missiles volants » sont des armes de vengeance. Il encourage fortement leur développement et veut à tout prix miner le moral des civils britanniques. Ainsi, le missile V2 est déjà en développement et les premiers tirs doivent arriver le plus rapidement possible.
Massacre du maquis des Manises
Mardi 13 juin 1944
Dans les Ardennes et après une bataille engagée entre les hommes du maquis des Manises et les forces allemandes, plusieurs Résistants sont capturés au cours de leur repli. Pendant de longues minutes, les prisonniers sont frappés à coups de bâtons ou de crosses, avant que 105 d’entre eux ne soient finalement fusillés ou mitraillés de plusieurs balles dans le dos. Le massacre, interminable, dure près de deux heures.
Bombardement de Vimoutiers
Mercredi 14 juin 1944
Vers 17 heures, la ville historique normande de Vimoutiers subit un terrible bombardement allié. En l’espace de quelques minutes, 29 tonnes de bombes rasent complètement la ville. Les explosions font 220 morts, 400 blessés et plus de 1 300 sans-abri sur une population initiale et totale de 2 607 habitants.
De Gaulle débarque en France
Mercredi 14 juin 1944
Pour la première fois depuis 1940 et en accord avec les Alliés, le général de Gaulle retrouve la France en débarquant à proximité de Courseulles, en Normandie. Ayant son premier contact avec la population française – très enthousiaste – il souhaite démontrer aux Alliés le soutien populaire dont il dispose. À Bayeux puis à Isigny, de Gaulle recevra un accueil extraordinaire. Un voyage pleinement mesuré dont l’objectif est aussi de faire renoncer l’occupation de la France par le gouvernement militaire allié (Amgot). Le résultat espéré sera obtenu.
Assassinat de Jean Zay
Mardi 20 juin 1944
Emprisonné depuis le mois d’octobre 1940 pour « désertion en présence de l’ennemi », Jean Zay, ancien ministre de l’Éducation nationale sous le gouvernement du Front populaire de Léon Blum, est abattu par trois miliciens à proximité de Vichy, au cours d’un faux transfert du détenu vers une autre prison. Son corps ne sera retrouvé et identifié qu’en 1946.
Libération de Valognes
Mercredi 21 juin 1944
Les américains entrent dans Valognes. La ville, fortement endommagée par les bombardements du Débarquement, est en ruine. Les Alliés y installeront par la suite un central téléphonique, ainsi qu’un camp de transit pour les prisonniers allemands qui rejoindront la Grande-Bretagne. Pour les libérateurs, Valognes représentait le dernier verrou, avant de marcher en direction de Cherbourg.
Sur le front Est, et après avoir libéré l’Ukraine, l’Armée rouge se lance dans l’opération Bagration, dont l’objectif est de chasser l’occupant allemand en Biélorussie, avant d’entamer sa marche vers Berlin. Près de deux millions d’hommes sont mobilisés. Un mois plus tard, les troupes soviétiques seront prêtes à pénétrer en Prusse-Orientale. Une bataille qui coûtera la vie à 400 000 soldats allemands. Pris en tenaille, le Führer martèle cependant sa foi dans la victoire.
Massacre de Dun-les-Places
Lundi 26 juin 1944
Dans l’objectif de déstabiliser les nombreux maquis de la région, l’occupant allemand organise une vaste opération de terreur contre la population du petit village morvandiau de Dun-les-Places. En fin de journée, 27 hommes sont tués, dont 18 fusillés et achevés à la grenade sous le porche et devant l’entrée de l’église. Avant de quitter les lieux, plusieurs habitations seront pillées et incendiées par les Allemands. Ils laissent derrière eux 29 orphelins et 14 veuves.
Tout au long de la Libération du pays, une épuration populaire, spontanée, violente, souvent née d’un désir de revanche, se met en place en-dehors de tout cadre judiciaire. Les collaborateurs, ou ceux considérés comme tels sont visés. Le Gouvernement provisoire lui, prépare une épuration légale. L’ordonnance du 26 juin permettra la création de tribunaux d’exception afin de juger les collaborateurs et de les empêcher, dans le futur, d’accéder à des postes à responsabilité.
Libération de Cherbourg
Mardi 27 juin 1944
Depuis le 22 juin, l’armée américaine s’était lancée à l’assaut de Cherbourg, précieuse pour son port en eau profonde, mais où sont aussi retranchés près de 40 000 soldats allemands. Après de rudes combats, les derniers défenseurs signent l’acte de reddition en milieu de matinée du 27 juin, marquant ainsi la libération de la ville. La bataille aura coûté la vie à 2 800 soldats américains et environ 7 500 Allemands. Plus de 39 000 d’entre eux sont aussi et désormais retenus prisonniers.
Assassinat de Philippe Henriot
Mercredi 28 juin 1944
Le résistant Charles Gonard et une quinzaine de ses compagnons pénètrent au sein du ministère de la Propagande et exécutent Philippe Henriot qui, après avoir été l’incontournable chroniqueur de Radio-Paris, y avait été nommé ministre en début d’année. À Paris, les journaux collaborationnistes lui rendent hommage alors que sur les murs, des affiches avec sa photographie sur laquelle figure la phrase « Il disait la vérité. Ils l’ont tué », sont collées.
Chronologie Juillet 1944
Rencontre Roosevelt – de Gaulle
Jeudi 6 juillet 1944
Pendant près de trois jours, Roosevelt et de Gaulle échangent en tête à tête, principalement sur l’organisation du monde après-guerre. De Gaulle comprend rapidement que la France ne pourra compter que sur elle-même pour retrouver sa place parmi les grands. Néanmoins, son voyage reste un succès, la presse américaine se montrant favorable au général. Le 25 octobre suivant, le Gouvernement provisoire de la République sera finalement reconnu par les deux Alliés occidentaux.
Assassinat de Georges Mandel
Vendredi 7 juillet 1944
Chef de cabinet de Georges Clemenceau pendant la Grande Guerre, puis député et ministre sous la Troisième République jusqu’en 1940, Georges Mandel est assassiné par des Miliciens, dans la forêt de Fontainebleau. Après avoir passé un an et demi au camp de concentration de Buchenwald, il avait été rapatrié en France, à la prison de la Santé. L’ordre de son exécution a peut-être été personnellement ordonné par Hitler, qui savait que Mandel était un opposant au nazisme de la première heure.
Caen libérée mais détruite à 80%
Photographie aérienne de la banlieue de Caen, lors d’un important raid britannique – juillet 1944 – Photographe officiel de la Royal Air Force — Cette photographie CL 347 provient des collections des Imperial War Museums (collection n° 4700-19)
Libération de Caen
Mercredi 19 juillet 1944
Après un premier et dévastateur bombardement allié survenu le 7 juillet, les Allemands avaient quitté la rive gauche de la ville le 9 juillet suivant, au moment où les troupes canadiennes entraient dans les ruines de Caen. Le reste de la ville – soit la rive droite – fut libérée dix jours plus tard. Mais Caen est dévastée, détruite à près de 80%. La bataille de Normandie aura coûté la vie à environ 2 000 civils caennais.
Hitler échappe à un nouvel attentat
Jeudi 20 juillet 1944
Au Grand quartier général de l’armée allemande, le comte-colonel Claus von Stauffenberg dépose une bombe sous la table de réunion de l’état-major. L’explosion fait plusieurs victimes, mais aucun dignitaire nazi n’est tué. Trois heures plus tard, et comme cela était prévu, le Führer accueille Mussolini, à qui il montre les dégâts. Il s’agira de leur dernière rencontre. En représailles, Hitler organisera une impitoyable purge au sein même de l’armée allemande. Elle fera des centaines de morts.
Attaque contre le maquis du Vercors
Vendredi 21 juillet 1944
Ce jour-là, Vassieux est la cible d’une nouvelle attaque – bien plus massive que celle du 16 avril précédent – par l’armée allemande, assistée une nouvelle fois de la Milice française. Au total, les quelques 4 000 FFI doivent faire face à plus de 10 000 assaillants. Si les combats cesseront le 27 juillet, une impitoyable répression se poursuivra jusqu’au 3 août. Le village sera entièrement détruit et 73 de ses habitants – hommes, femmes et enfants – seront massacrés. A l’issue de cette dernière attaque, 639 Résistants du maquis du Vercors ont été tués, ainsi que 201 des 800 habitants du plateau.
Accords financiers de Bretton Woods
Samedi 22 juillet 1944
À Bretton Woods – sur la côte Est des États-Unis – 44 représentants de nations alliées, et un observateur soviétique, se rassemblent pour dessiner les grandes lignes d’un système monétaire d’après-guerre. Ces accords prévoient la création d’un système financier international stable, fondé sur la coopération entre les pays, accordant une prééminence au dollar.
La banque de France dévalisée
Mercredi 26 juillet 1944
À 19h30, et alors que le train de la banque de France s’arrête en gare de Neuvic, 150 maquisards de l’Armée secrète et de l’Organisation de résistance de l’armée, s’emparent du convoi et de son butin. Le train n’est gardé que par quatre policiers, eux-mêmes au courant de l’attaque. Ceux-ci n’interviennent pas et laissent faire. Avec l’aide des cheminots, en moins d’une heure et sans le moindre coup de feu, les résistants dérobent 150 sacs de billets : un butin énorme de 2,280 milliards de francs.
Chronologie Août 1944
La 2e DB débarque en Normandie
Mardi 1er août 1944
Transférée du Maroc au pays de Galles en avril dernier, la 2e Division blindée du général Leclerc débarque en Normandie. Dans ce même temps, le corps expéditionnaire français s’est regroupé en Corse et en Afrique du Nord. Il devient la Première armée française du général de Lattre de Tassigny. Placée sous commandement américain, elle aura bientôt pour objectif de marcher en direction du Rhin.
Libération de Rennes
Vendredi 4 août 1944
Les troupes américaines s’emparent des villes de Rennes et de Dinan. La Bretagne est peu à peu libérée dans la direction du Nord vers le Sud. Le très stratégique port de Brest sera atteint par ces mêmes soldats le 7 août suivant. À Gouesnou, quarante-deux civils sont tués par les soldats de la Wehrmacht. Le plus jeune est âgé de 16 ans.
Pendant quatre ans, j’ai reçu vos compliments, vos félicitations. Vous m’avez encouragé. Et aujourd’hui, parce que les Américains sont aux portes de Paris, vous commencez à me dire que je vais être la tache de l’histoire de France ?
Joseph Darnand
Dans une lettre adressée le 4 août 1944 au maréchal Pétain, après que celui-ci ait condamné les exactions de la Milice française
Rétablissement de la légalité républicaine
Mercredi 9 août 1944
L’ordonnance du 9 août, promulguée à Alger par le gouvernement provisoire du général de Gaulle, enlève toute légalité au régime de Vichy et considère l’ensemble des textes publiés par le maréchal Pétain et Pierre Laval comme nuls et non avenus. De manière définitive, cette ordonnance signe la victoire du gouvernement en exil formé par de Gaulle, contre celui de Vichy.
Libération d’Alençon
Samedi 12 août 1944
Dans la nuit du 11 au 12 août, les soldats de la 2e Division blindée française du général Leclerc entrent dans Alençon. S’apercevant que les ponts d’accès ne sont pas minés et que la ville est faiblement défendue, le chef de la 2e DB décide de s’en emparer et d’y installer son poste de commandement. Au lever du jour, les habitants découvrent leurs libérateurs – non pas canadiens comme ils le pensent initialement – mais bien français.
Début de la poche de Falaise
Samedi 12 août 1944
Après avoir repoussé une contre-offensive dans le secteur du Mont-Saint-Michel, les Alliés tentent d’encercler les troupes allemandes dans une poche autour de Falaise. L’opération se déroulera jusqu’au 21 août et sera partiellement réussie ; 2/3 des troupes ennemies parviendront à s’échapper, mais 8 divisions d’infanterie allemandes et 2 blindées seront détruites, obligeant le reste des forces allemandes à se replier au plus vite pour défendre les frontières du Troisième Reich, désormais menacées.
Pierre Laval cesse d’exercer ses fonctions
Samedi 12 août 1944
Présent à Paris, Pierre Laval reçoit l’ordre impératif de Berlin – transmis par Otto Abetz – d’établir le gouvernement français à Belfort, tout en ayant l’assurance qu’il n’aurait jamais à quitter le territoire français. Refusant dans un premier temps, le chef du gouvernement cède devant les menaces allemandes : « Je dois m’incliner devant les menaces de contrainte, mais vous comprendrez que dans ces conditions, je cesse d’exercer mes fonctions de chef du gouvernement ».
Je dois m’incliner devant les menaces de contrainte, mais vous comprendrez que dans ces conditions, je cesse d’exercer mes fonctions de chef du gouvernement
Deux mois après la Normandie, les Alliés débarquent en Provence – entre Cavalaire et Saint-Raphaël – dans l’objectif d’ouvrir un second front en France. Nom de code : opération Dragoon. A partir de ce 15 août 1944, 450 000 hommes débarquent sur les plages de Provence. Parmi eux, 250 000 Français majoritairement venus des Forces Françaises Libres et d’Afrique : tirailleurs sénégalais et algériens, goumiers et tabors marocains, pieds-noirs, marsouins du Pacifique et des Antilles…
Ce jour-là, un groupe de résistants a rendez-vous avec un homme spécialement envoyé de Londres, pour une livraison d’armes. En réalité, l’individu en question est un agent double et les 35 jeunes résistants sont en fait conduits dans différentes antennes de la Gestapo. Le piège se referme. Le soir même, ils sont transportés jusqu’à la cascade du Bois de Boulogne, puis abattus à coups de mitraillettes et de grenades par des officiers SS.
La Fuite des collaborateurs
Jeudi 17 août 1944
Jusqu’au 19 août, et dans la plus grande des précipitations, de nombreuses personnalités fortes de la collaboration quittent Paris, à bord de camions allemands faisant route vers Nancy. Parmi elles, plusieurs cadres dirigeants du Parti populaire français – dont Jacques Doriot – mais aussi l’équipe dirigeante du journal Je suis partout. La presse collaborationniste cesse de paraître.
Insurrection de Paris
Samedi 19 août 1944
Alors que les troupes alliées progressent rapidement en direction de Paris, le peuple parisien se soulève. Depuis la veille, c’est grève générale et la capitale se couvre d’affiches appelant les habitants à s’insurger. Des barricades sont montées, plusieurs tireurs s’embusquent dans les immeubles et des combats de rue éclatent. L’action est cruciale, elle doit prouver aux Alliés l’importance de la Résistance et asseoir la légitimité du général de Gaulle et de son gouvernement provisoire.
Libération de Toulouse
Dimanche 20 août 1944
Après le Débarquement en Provence, la rapide remontée des troupes alliées risque de prendre au piège et de retenir en France une grande partie des forces allemandes, présentes en zone sud. Ainsi, le plus gros des troupes ennemies abandonnent les grandes villes pour rejoindre l’Alsace. Défendues par des garnisons résiduelles, plusieurs villes sont libérées par la Résistance , avant même l’arrivée des Alliées. Brive-la-Gaillarde est libre depuis le 15, Cahors le 18 et Limoges le sera le 21 août.
Travail, famille… fini
Pétain conduit de force à Belfort
Dimanche 20 août 1944
Le général allemand von Neubronn se rend au domicile du maréchal Pétain – qui refuse de quitter Vichy -, dans lequel celui-ci s’est barricadé. Une première porte est enfoncée, puis une seconde ; celle de la chambre du chef de l’État français. Une heure plus tard, la maréchal et son épouse quittent leur résidence, sous la surveillance des Allemands, en direction de Belfort où se trouve déjà Pierre Laval.
Fin du régime de Vichy
Lundi 21 août 1944
En fin d’après-midi, le maréchal Pétain arrive à Belfort où l’attendent Pierre Laval et plusieurs ministres. Face à l’évolution de la situation, il demande à l’amiral Auphan de prendre contact avec le général de Gaulle, dans l’espoir d’établir une passation de pouvoir paisible. Aucune suite ne sera donnée. S’estimant privé de liberté, Pétain refuse désormais de jouer le moindre rôle politique, alors que même Pierre Laval refusera une invitation du Führer.
Libération de Paris
Vendredi 25 août 1944
La capitale française est libérée par les FFI, les FTP et la 2e Division blindée du général Leclerc. Le général allemand von Choltitz, gouverneur du Grand Paris où stationnent encore 20 000 soldats allemands, avait reçu l’ordre de se battre jusqu’au dernier homme, ou bien de détruire la ville. Refusant d’appliquer cet ordre, il signe la capitulation de Paris en gare de Montparnasse, où est justement établi le poste de commandement du général Leclerc.
Massacre de Maillé
Vendredi 25 août 1944
Loin des scènes de joie parisiennes, le petit village de Maillé, situé dans l’ Indre-et-Loire, est la cible de l’un des plus importants massacres de populations civiles perpétré en France par les troupes allemandes. Parmi les 124 victimes innocentes assassinées par la SS allemande en l’espace de quelques heures seulement : 48 enfants, dont 26 ont moins de 5 ans.
Pendant ce temps-là probablement, les deux Allemands qui primitivement avaient commencé le massacre, descendirent à la cave et tuèrent de balles et de grenades ma fille aînée et mes deux fils les plus jeunes. Il se passa une certaine accalmie, puis un soldat entra encore une fois dans la pièce où j’étais tombé et envoya deux rafales sur les corps qui lui parurent remuer, achevant ma femme.
Roger Confolent
habitant de Maillé,souvenirs du 25 août 1944
Libération de Toulon
Samedi 26 août 1944
Encerclés par 15 000 soldats français depuis le 20 août, les défenseurs allemands avaient reçu l’ordre de tenir jusqu’à épuisement de leurs munitions. La bataille pour Toulon fut sanglante ; 2 700 morts Français, et plus de 8 000 du côté des ennemis. Toulon est libre, mais fortement endommagée par les bombardements alliés. Récupéré, le port servira pour acheminer armes et matériels vers le front jusqu’à la fin de la guerre.
Début de la bataille de Metz
Dimanche 27 août 1944
Ville fortifiée dans laquelle de nombreux abris de la ligne Maginot sont utilisés par les forces allemandes, les combats se montrent particulièrement sanglants des deux côtés du front. L’occupant résistera jusqu’au 13 décembre suivant. Si les pertes alliées n’ont encore jamais été communiquées, cette bataille aura coûté la vie à 3 800 soldats allemands.
Massacre de la vallée de la Saulx
Mardi 29 août 1944
Dans la Meuse, un convoi de 50 soldats allemands du 29e régiment de la 3e division de Panzergrenadier entre dans la vallée de la Saulx, empêchant toutes personnes de sortir des villages de Robert-Espagne, Beurey-sur-Saulx, Couvonges et Mognéville. En cette seule journée, 86 habitants sont assassinés et massacrés, avant que de nombreuses maisons ne soient pillées et incendiées.
Chronologie Septembre 1944
Fondation du gouvernement de Sigmaringen
Vendredi 1er septembre 1944
Si Laval a refusé l’invitation du Führer, Fernand de Brinon, Marcel Déat et Joseph Darnand l’ont en revanche acceptée. Reçus par Ribbentrop et Hitler, celui-ci affirme disposer d’armes secrètes capables de repousser les Alliés à la mer. Une semaine plus tard, les Français se retrouvent au château de Sigmaringen. Pour donner gage au Führer, Brinon décide de constituer et de présider un pseudo-gouvernement nommé « Commission gouvernementale pour les intérêts français en Allemagne ».
Le gouvernement provisoire s’installe à Paris
Samedi 2 septembre 1944
Dix jours plus tard, le 12 septembre, le général de Gaulle prononcera un discours en hommage au Comité national de la Résistance, lequel perdant de fait, tout pouvoir réel. De Gaulle rétablit les institutions de la République. Le 28 août, les FFI avaient été dissoutes pour être intégrées à l’armée régulière, et les comités de libération laissent désormais place aux préfets nouvellement nommés. Ainsi est acté le retour de la République française.
Bombardements et libération du Havre
Mardi 5 septembre 1944
Dans l’objectif de provoquer la reddition allemande, la Royale Air Force bombardait Le Havre depuis plusieurs jours. Le 12 septembre, les troupes anglo-canadiennes entrent dans la ville presque totalement détruite. L’accueil de la population est glacial. Plus de 2000 civils ont été tués sous les bombes et environ 80 000 autres n’ont plus de logement. Le port est récupéré mais reste inutilisable en raison des lourds dégâts qu’il a subi.
Jonction des armées de la Libération, près de Dijon
Lundi 12 septembre 1944
Alors que les Alliés poursuivent leur progression en France, à Montbard, près de Dijon – ville libérée le 11 septembre – une patrouille de la 2e Division blindée du général Leclerc, débarquée en Normandie, fait jonction avec d’autres soldats français de la 1er division motorisée d’infanterie, débarquée en Provence un mois plus tôt. La jonction entre Overlord et Dragoon, dont l’ordre avait été donné la veille, est officielle.
Chronologie Octobre 1944
Hodges prend Aix-la-Chapelle
Samedi 7 octobre 1944
Commandée par le général Hodges, la Première armée américaine attaque les fortifications d’Aix-la-Chapelle. La Wehrmacht capitulera le 21 octobre alors qu’elle n’avait plus que 300 soldats en état de combattre. La ville devient la première grande cité allemande prise par les Alliés. Alors que Aix-la-Chapelle était encore habitée par plus de 20 000 habitants, la bataille aura fait plus de 5000 morts ou blessés dans les deux camps. Plus de 5000 Allemands sont désormais retenus prisonniers.
Mort du maréchal Rommer
Samedi 14 octobre 1944
Accusé à tort d’avoir joué un rôle dans l’attentat du 20 juillet précédent – dont Hitler était la cible – le maréchal Erwin Rommel est poussé au suicide, seul moyen pour lui d’éviter toutes représailles contre sa famille. Depuis le débarquement réussi des Alliés en Normandie, l’ancien chef de l’Afrikakorps estimait la guerre définitivement perdue pour l’Allemagne nazie.
Début de la bataille des bruyères
Dimanche 15 octobre 1944
Dans les Vosges, les Américains se heurtent aux défenses allemandes – très bien camouflées – pendant près de deux semaines. La bataille sera très coûteuse en vies américaines, mais les Alliés prendront finalement le dessus avant la fin du mois. Le 30 octobre, la ville de Bruyère sera libérée et les troupes pourront poursuivre leur évolution vers l’Est.
Reconnaissance du Gouvernement provisoire de la République
Lundi 23 octobre 1944
Le raz de marée gaulliste emporte avec lui les dernières réticences du président américain Roosevelt. Les trois grandes puissances alliées – États-Unis, Royaume-Uni et Union Soviétique – reconnaissent officiellement le gouvernement provisoire de la République française du général de Gaulle. Au lendemain de la libération de Paris, le général avait refusé de proclamer le retour de la République, estimant que celle-ci n’avait jamais cessé d’exister et qu’elle avait simplement été en exil.
Pour la première fois depuis le début de l’Occupation du pays par l’Allemagne nazie, la France peut célébrer l’armistice de la Première Guerre mondiale. À Paris, un défilé – placé sous le signe de l’amitié franco-britannique – est organisé sur les Champs-Élysées. Devant une foule massive et enthousiaste, malgré le brouillard nettement présent, le général de Gaulle et Winston Churchill défilent en tête d’un cortège composé de militaires mais aussi de civils. Une cérémonie est également célébrée dans la clairière de Rethondes.
Vichy sera jugé
Samedi 18 novembre 1944
Afin de pouvoir juger, du chef de l’État français – le maréchal Pétain – jusqu’aux secrétaires généraux, soit l’ensemble des responsables politiques du régime de Vichy, le Gouvernement provisoire de la République française réinstaure la Haute Cour de justice. Au total, 108 dossiers de ministres, parlementaires et hauts fonctionnaires seront instruits. Huit prévenus décèderont avant la fin des procédures.
Libération de Metz
Dimanche 20 novembre 1944
Depuis plusieurs semaines, les Alliés buttaient sur les défenses allemandes en Moselle et en Alsace, là où ont justement été établies les frontières du Reich, après l’annexion des deux régions en 1940. Le 20 novembre, ces défenses sont enfin brisées, au prix de nombreuses vies humaines, notamment lors de la bataille de Metz, ville définitivement libérée, tout comme Mulhouse.
Libération de Strasbourg
Mercredi 23 novembre 1944
Le général Leclerc et sa 2e Division blindée charge la ville. Grandement aidé par la Résistance locale, Strasbourg est libérée mais de nombreux combats persisteront encore les jours suivants, ainsi qu’à Colmar où les Allemands résistent encore. Dans les heures qui suivent, le drapeau tricolore sera hissé au sommet de la cathédrale de Strasbourg, permettant l’accomplissement du serment du Koufra, pris entre Leclerc et ses hommes au mois de mars 1941.
Découverte du camp du Struthof
Vendredi 25 novembre 1944
Au cœur du massif vosgien, une escouade américaine inspecte les environs de la commune de Rothau, située à quelques kilomètres de Strasbourg. Les habitants évoquent aux libérateurs, qui cherchent encore des Allemands potentiellement cachés, un lieu mystérieux, isolé dans les hauteurs et à l’abri des regards. Lorsque les GI repèrent l’endroit en question, ils sont immédiatement interpelés par cette double enceinte de barbelés, entourée de huit miradors.
Envisageant – à l’insu de Hitler – une paix séparée avec les Alliés occidentaux afin d’engager une lutte commune contre l’Union soviétique, Heinrich Himmler donne l’ordre de faire disparaître les crimes nazis. À Auschwitz-Birkenau notamment, il ordonne la destruction des fours crématoires. Par l’intermédiaire de la Croix-Rouge et d’autres organisations humanitaires, il dit être prêt à négocier la libération des détenus encore vivants.
Chronologie Décembre 1944
Bataille des Ardennes
Samedi 16 décembre 1944
Dans les Ardennes belges principalement, les Allemands attaquent par surprise afin de reprendre le port d’Anvers. Mais la contre-offensive est rapidement stoppée par les Alliés. Le bilan de cette bataille est absolument et terriblement lourd. Plus de 67 500 Allemands sont portés disparus, morts ou blessés et plus de 76 800 côté Alliés. Le bataille ne se termine que le 25 janvier de l’année 1945.
Contre-offensive à Strasbourg
Dimanche 31 décembre 1944
En partie délaissée du plus gros des troupes américaines, désormais massées à Bastogne et dans les Ardennes belges pour stopper la nouvelle avancée ennemie, les Allemands lancent dans ce même temps une contre-offensive – l’une des dernières de la guerre – contre la ville de Strasbourg. Accompagnée de nombreux massacres SS, le retour de la Wehrmacht provoque un vent de panique, jetant les habitants à peine libérés, dans un nouvel exode.