Chronologie Janvier 1944
Jeudi 6 janvier 1944
Philippe Henriot à la propagande
Orateur virulent, Philippe Henriot à une véritable guerre des ondes avec la BBC de Londres. Suivies par un large public, même si tous n’approuvent pas ses propos, ses émissions sont principalement consacrées à la défense de la collaboration et de l’Europe nouvelle désirée par l’Allemagne, tout en s’en prenant à la Résistance et à la France libre. Parallèlement, il s’engage aussi dans la Milice dirigée par Joseph Darnand au cours du mois de mars 1943.
Mercredi 12 janvier 1944
Conférence de Marrakech
Le courant passe mal entre les Etats-Unis et la France libre. Roosevelt n’accorde pour l’heure, aucune confiance en la personne de Charles de Gaulle. Or, Churchill sait que la France sera un allié vital pour l’après-guerre face aux très probables tensions à venir avec l’URSS. Mais pour sortir de cette guerre, il sait aussi qu’il ne peut se passer de la puissance des Etats-Unis. Pour le Premier ministre, il s’agit donc de jouer les équilibristes entre ses deux alliés.
Chronologie Février 1944
Mardi 1er février 1944
Naissance des FFI
Alors que le débarquement allié sur les côtes françaises est imminent, il devient plus que nécessaire de coordonner les actions de résistance contre l’occupant allemand. Ainsi et sur ordre du général de Gaulle, le Comité Français de Libération Nationale décide le regroupement de tous les mouvements de Résistance sous le nom de Forces Françaises de l’Intérieur, dont le commandement sera assuré par Marie-Pierre Kœnig.
Samedi 5 février 1944
Opération Korporal contre les maquis
Plus de 2500 soldats de la Wehrmacht, assistés de la SS et de la Milice investissent le département de l’Ain, prêts à en découdre avec les camps du Maquis. La population locale voit ainsi ses rues, ses routes et carrefours investis par de nombreuses forces occupantes. Dans le ciel, l’aviation allemande veille alors qu’au sol, les troupes alpines avancent prudemment dans cette neige de plus en plus épaisse. De grande envergure, l’opération se déroule ainsi jusqu’au 13 février.
Mardi 8 février 1944
L’opération Overlord est confirmée
Le plan pour l’invasion de l’Europe et l’ouverture d’un second front à l’ouest, réclamé par Staline depuis plusieurs mois, est confirmé. Les Alliés débarqueront en France, sur les plages de Normandie. Le général américain, Dwight D. Eisenhower à la lourde responsabilité de diriger ces opérations, capitales pour l’avenir de la guerre en Europe et dans le monde.
Mardi 15 février 1944
Les britanniques bombardent Berlin
Durant près de 24 heures, la Royal Air Force lance la plus violente attaque aérienne depuis le début de la Seconde Guerre mondiale. Principalement concentrée sur Berlin et son industrie de guerre, d’autres villes à proximité sont également touchées. Des milliers d’Allemands meurent sous les 2 643 tonnes de bombes larguées. Les sans-abris se comptent désormais par centaines de milliers, Hitler n’exprime que peu de peine pour son peuple.
Vendredi 18 février 1944
Opération Jericho à Amiens
Malgré une visibilité très mauvaise causée par la neige et le brouillard, dix-huit bombardiers légers Mosquitos et quatorze chasseurs Typhoons décollent d’Angleterre pour une extraordinaire mission de sauvetage. Accompagnés d’un avion de reportage, les aviateurs ont la prison d’Amiens dans leurs viseurs. Entre ses murs, de nombreux Résistants français et agents secrets alliés y seraient enfermés et leur mise à mort serait même programmée pour le lendemain.
Lundi 21 février 1944
Exécution des membres du groupe Manouchian
Au terme d’une parodie de justice, les membres du groupe Manouchian et de “l’Affiche rouge” sont condamnés à mort. Emmenés jusqu’au Mont-Valérien, 22 des 24 accusés sont fusillés par les Allemands, dans la Clairière du fort. L’un d’eux avait en effet été remis à la justice française, alors que Olga Bancic elle, est déportée jusqu’à Stuttgart, en Allemagne, et guillotinée le 10 mai suivant, jour de son trente-deuxième anniversaire.
→ Missak, Mélinée et le groupe Manouchian
Chronologie Mars 1944
Lundi 6 mars 1944
La gare de Trappes est bombardée
Visant à paralyser le réseau ferroviaire afin d’isoler la Normandie, en prévision du futur débarquement, la gare de triage de Trappes est bombardée par un puissant raid britannique. Dans cette nuit du 6 au 7 mars, 1260 tonnes de bombes sont larguées au-dessus de la gare. Cependant, certaines tombent aussi sur des immeubles civils, causant la mort d’une centaine d’entre eux.
Mardi 14 mars 1944
Le Mans bombardée
En pleine nuit et alors que la météo y est très favorable, 222 appareils britanniques prennent la direction du Mans pour s’attaquer à la gare de triage, aux usines avoisinantes et à un réservoir d’essence de la marine allemande, en prévision du futur débarquement allié. Pendant un peu plus d’une heure, les bombes pleuvent sur la ville. L’ensemble des cibles sont détruites ou fortement endommagées. Cependant, 67 personnes sont aussi tuées au cours de cette attaque nocturne.
Jeudi 16 mars 1944
Marcel Déat entre au gouvernement de Vichy
Sous la pression des Allemands, le maréchal Pétain accepte l’entrée de Marcel Déat au gouvernement de Vichy. Figure importante de la collaboration, il est nommé au poste de Ministre du travail et de la Solidarité nationale. Comme pour les nominations de Joseph Darnand et de Philippe Henriot, le chef de l’État français n’appose pas sa signature.
Lundi 20 mars 1944
Exécution de Pierre Pucheu
Ancien ministre de l’Intérieur du régime de Vichy, Pierre Pucheu avait quitté le gouvernement lors du retour de Pierre Laval au pouvoir. Avec l’accord du général Giraud, il avait rejoint Alger en 1943, avant d’être finalement placé en résidence surveillée. Arrêté puis traduit en justice à l’occasion d’un procès qui s’était ouvert le 5 mars précédent, Pierre Pucheu fut condamné à mort. Il est exécuté ce 20 mars, à Alger.
Vendredi 24 mars 1944
Massacre des Fosses ardéatines
En représailles à un attentat à Rome, ayant causé la mort de 33 soldats allemands, 335 civils italiens – dont 70 Juifs – sont exécutés dans les Fosses ardéatines d’une balle dans la nuque. Parmi les victimes ; Aldo Finzi. Il était l’un des premiers compagnons de Mussolini mais avait été exclu du parti fasciste en 1942 pour ses origines juives, avant de se faire arrêter à proximité de Rome, alors qu’il apportait son aide aux partisans.
Dimanche 26 mars 1944
Attaque des maquis des glières
En Haute-Savoie, Allemands et Miliciens donnent l’assaut contre le maquis de Glières. Mouvement de résistance créé par l’Armée Secrète et dirigé à ses débuts par Tom Morel, le maquis a pour objectif de réceptionner les largages d’armes et d’explosifs fournis par les Alliés. Ces armes, d’une importance capitale pour la future libération de la France, doivent servir à l’équipement de tous les mouvements de Résistance de la région.
Lundi 27 mars 1944
Embuscades de cornil
Originaires de Corrèze et sous le commandement de Jean Baldous, ils sont un petit groupe de sept résistants qui ce jour-là, est bien décidé à agir contre les forces occupantes. Alors que l’attente fut longue, un véhicule allemand est enfin aperçu. Ni une ni deux, ce dernier est lourdement mitraillé. Le 1er avril suivant, le même groupe est à l’origine d’une seconde attaque, causant des représailles terribles contre la population de Cornil et des environs.
Vendredi 31 mars 1944
Bombardement de Nuremberg
En milieu de nuit, aux alentours d’une heure du matin, la zone industrielle de la ville allemande de Nuremberg est bombardée par 910 tonnes d’explosifs et 1 176 tonnes de bombes incendiaires. Néanmoins, le prix de ce raid est fortement élevé. Les Allemands, probablement au courant de l’attaque, détruisent 108 avions, en endommagent 71 autres et 745 britanniques sont tués ou blessés. Côté Allemand, 129 civils et militaires sont tués.
Chronologie Avril 1944
Samedi 1er avril 1944
Massacre d’Ascq
En représailles du sabotage d’un convoi militaire allemand survenu à peine quelques minutes plus tôt, les SS assassinent 86 civils à Ascq, petit village à proximité de Lille où “l’attentat” eut lieu. Ce massacre déclenchera le plus fort mouvement de grève sous l’Occupation avec environ 60 000 grévistes dans cette région industrielle et mise au service de l’effort de guerre du Reich. Les funérailles des victimes rassembleront près de 20 000 personnes.
Jeudi 6 avril 1944
Rafle des enfants d’Izieu
Ce jour-là, la Gestapo de Lyon rafle 44 enfants et 7 accompagnants réfugiés dans une grande maison transformée en colonie de vacances dans la commune d’Izieu, dans le département de l’Ain. Déportés à Auschwitz, 42 enfants sont exterminés dès leur arrivée dans les chambres à gaz. Les deux autres, plus âgés, sont assassinés en Estonie.
Dimanche 9 avril 1944
Lille bombardée
C’est le début d’une longue vague de bombardements du territoire français par les Alliés. Les installations ferroviaires mais aussi les industries sont particulièrement visées. De nombreux bombardements ont lieu, à des endroits fortement variés afin de détourner l’attention de l’ennemi des plages de Normandie. Cette nuit-là à Lille et dans sa proche banlieue, 450 personnes trouvent la mort et 620 autres sont blessées.
Dimanche 16 avril 1944
La Résistance attaquée dans le Vercors
Ce jour-là, plusieurs camions chargés de quelques 200 miliciens investissent le plateau de Vassieux, dont le village est réputé comme l’un des principaux centres de Résistance du maquis du Vercors. Pendant plus d’une semaine, fermes et habitations sont pillées et incendiées. Trois résistants sont fusillés le 23 avril : André Doucin, Casimir Ézingeard et Paul Mially. Depuis le début de l’année 1944, il s’agit déjà de la troisième attaque contre le Vercors, après celles des 22 et 29 janvier.
Jeudi 20 avril 1944
Bombardements de Paris
Dans la nuit du 20 au 21 avril et toujours en prévision du Débarquement de Normandie, les Alliés bombardent massivement divers entrepôts ainsi que la gare de La Chapelle-Saint-Denis durant près de deux heures, dans l’objectif de paralyser le trafic allemand. Près de 2 000 bombes sont larguées mais environ 200 d’entre elles manquent leurs objectifs, détruisant des habitations civiles et causant la perte de 641 personnes tout en faisant près de 400 blessés.
Vendredi 21 avril 1944
Le droit de vote accordé aux femmes
Dans le cadre du gouvernement provisoire d’Alger, le général de Gaulle signe une nouvelle ordonnance accordant le droit de vote aux femmes françaises. Ces dernières exerceront ce droit civique pour la première fois, le 29 avril 1945, au cours des élections municipales. En France, les femmes françaises peuvent ainsi, au même titre que les hommes, se rendre dans les bureaux de vote, bien après d’autres pays comme la Grande-Bretagne, l’Allemagne, la Finlande, la Pologne ou encore la Bulgarie.
Mercredi 26 avril 1944
Pétain se rend à Paris
Pour la première fois depuis 1940, le maréchal Pétain se rend à Paris, à l’occasion d’un voyage éclair, organisé en secret par son cabinet. Après avoir assisté à une messe célébrée à Notre-Dame en hommage aux victimes des bombardements alliés de Paris, il prononce un discours improvisé devant une foule en liesse : “Je reviendrai dans la capitale, lorsque l’étranger, sur notre sol, ne nous dictera plus sa loi.” Message qui s’adresse aussi bien à l’occupant allemand qu’aux Alliés.
Chronologie Mai 1944
Samedi 6 mai 1944
Ordonnance sur la liberté de la presse
La presse représente un enjeu majeur pour la Résistance et afin qu’elle ne devienne plus un outil contrôlé à des fins de propagande néfaste, le CNR, qui élabore et façonne les ordonnances prises par le Gouvernement provisoire de la République française, réaffirme la liberté de la presse par l’ordonnance du 6 mai 1944. Les éléments garantissant son indépendance et sa transparence seront fixés ultérieurement par les deux nouvelles ordonnances des 22 et 26 août 1944.
Samedi 13 mai 1944
Bombardement de Tourcoing
Sous les ordres du lieutenant-colonel Gorri et du commandant Soufflet, les bombardiers du groupe Lorraine des Forces aériennes françaises libres mènent un raid contre la gare de triage de Tourcoing. Au cours de la matinée, les bombes sont ainsi larguées en deux vagues sur le dépôt, les voies principales et de garage, les halles et les bureaux. Si la gare est totalement détruite, une centaine de maisons environnantes sont également endommagées, sans faire de victimes cependant.
Vendredi 26 mai 1944
La France une nouvelle fois bombardée
Dans le cadre du Transportation Plan, environ 900 bombardiers américains décollent du Sud de l’Italie en direction de la France. Chambéry, les environs de Grenoble, Lyon, Nice ou encore Saint-Laurent-du-Var sont ainsi bombardées par l’aviation alliée avec pour objectif de détruire diverses infrastructures de transport. L’imprécision des bombardements fait cependant de nombreuses victimes civiles ; près de 200 à Chambéry, 400 du côté de Nice et environ 1 000 à Lyon.
Samedi 27 mai 1944
Bombardement de Marseille
Dans le cadre des préparatifs du débarquement de Provence, 130 forteresses volantes américaines larguent près de 800 bombes, en fin de matinée, sur la cité phocéenne. Très imprécis, le résultat de ce raid, l’un des plus meurtrier sur le territoire français, est catastrophique. La plupart des objectifs stratégiques ne sont pas touchés. Une cinquantaine d’incendies se déclarent dans cette ville où l’on compte 1 750 morts, près de 3 000 blessés et 20 000 sinistrés.
Mardi 30 mai 1944
“semaine rouge” à Rouen
Jusqu’au 5 juin, la ville de Rouen et son agglomération est fortement bombardée par l’aviation alliée. Destinées à interdire tout mouvement des troupes allemandes lorsqu’aura lieu de débarquement de Normandie, les bombes sont larguées sur 500 mètres de part et d’autre de la Seine dans l’objectif de détruire les ponts et autres accès de passage. Au total, 6 000 explosifs sont largués, faisant près de 400 morts à Rouen et encore 400 autres dans les communes avoisinantes.
Mardi 30 mai 1944
Le maréchal Pétain est à Nancy
Après une première visite à Paris au cours du mois d’avril dernier, le maréchal Pétain poursuit sa tournée en zone nord, se rendant dans plusieurs villes bombardées ou encore à Nancy où il est accueilli par une foule en liesse, sous les “Vive Pétain” et “Maréchal, nous voilà…”. Plus tard, il se rendra également à Epinal, puis à Dijon dans les mêmes conditions festives que sur la place Stanislas.
Chronologie Juin 1944
Jeudi 1er juin 1944
La BBC annonce l’imminence du débarquement en France
A partir de midi et jusqu’en début de soirée, la BBC diffuse près de 160 messages codés à destination de la Résistance française. Si certains ne veulent rien dire, d’autres ont pour objectif de mettre les différents réseaux de combattants en état d’alerte. Le 5 juin suivant, l’opération se répète et plus de 200 messages sont à nouveau propagés dans les postes de TSF. Ceux-là ordonnent le passage à l’action de la Résistance.
Samedi 3 juin 1944
Création du Gouvernement provisoire de la République française
Le Comité français de Libération nationale devient le Gouvernement provisoire de la République française. Présidé par le général de Gaulle, il a pour objectif de rétablir l’ordre et la légalité républicaine. L’ordonnance du 21 avril dernier prévoit que le peuple français décidera souverainement de ses institutions futures ainsi que de la convocation d’une Assemblée constituante.
Dimanche 4 juin 1944
L’opération Overlord reportée
Alors qu’une partie de la flotte alliée est déjà en route, une tempête s’abat sur la Manche : le vent souffle fort et de hautes vagues se forment, mettant en danger la réussite des opérations. La flotte est finalement rappelée et, prévisions météorologiques à l’appui qui prévoit un temps plus favorable à partir du 5 juin et ce pendant 48 heures, Eisenhower reporte l’opération Overlord au 6 juin 1944… Sous réserve du prochain bulletin météo.
Dimanche 4 juin 1944
Rencontre Churchill de Gaulle
A Londres, Churchill reproche au général de Gaulle, au cours d’une discussion houleuse, sa défiance à l’égard des États-Unis. Celui-ci rétorque : “Je viens d’apprendre, qu’en dépit de nos avertissements, les troupes et le services qui s’apprêtent à débarquer sont munis d’une monnaie soi-disant française […]. Je m’attends à ce que demain, le général Eisenhower, sur instruction du président et d’accord avec vous-même, proclame qu’il prend la France sous son autorité.
Lundi 5 juin 1944
Libération de Rome
Après avoir percé, un mois plus tôt, les lignes fortifiées allemandes Gustav et Hitler, qui protégeaient l’accès à la capitale italienne, les Alliés libèrent Rome alors que les unités de la Wehrmacht se replient vers le nord. Après le siège de Monte Cassino qui aura duré près de cinq mois, le début de la campagne d’Italie coûte très cher en vies humaines aux Alliés. Plus de 30 000 soldats français seront tués, blessés ou portés disparus.
Lundi 5 juin 1944
Émile Bouétard décolle pour la France
Dans le cadre de l’opération Dingson, 36 parachutistes français de la brigade d’élite britannique “Special Air Service” décollent de Grande-Bretagne, en fin de soirée du 5 juin, et vont être largués au-dessus de la Bretagne à 00h30. Leur mission : rassembler, équiper et encadrer les maquisards bretons dans l’objectif de former une solide armée secrète. Parmi eux, la caporal Émile Bouétard, tué à 00h40 et considéré comme le “premier mort des troupes débarquées pour la Libération”.
Mardi 6 juin 1944
D-Day : le Débarquement de Normandie
Au moment même où les premiers parachutistes sont largués au-dessus des terres normandes, 11 500 avions dont près de 3 000 bombardiers, décollaient d’Angleterre. Les bombes commencent alors à pleuvoir une heure plus tard, rasant aussi plusieurs villes tout en emportant plusieurs milliers de vies civiles. Peu avant 6h00, se sont désormais les navires qui bombardent les côtes et à 6h30, les premières troupes d’assaut prennent pied sur cinq plages de Normandie.
Mercredi 7 juin 1944
Libération de Bayeux
La grande majorité des troupes allemandes ont déjà quitté Bayeux lorsque les soldats britanniques entrent dans la ville. Aucun combat n’a lieu et la ville reste intacte, tout comme son hôpital qui va accueillir de nombreux blessés civils et militaires. Rapidement, Bayeux, située proche des plages du débarquement devient un lieu stratégique et de transit pour les Alliés. Les jours suivants, des milliers de véhicules et de soldat la traverseront.
Mercredi 7 juin 1944
Début de l’opération Perch
La ville de Caen est un objectif majeur pour les Alliés. Tant qu’elle ne tombe pas, les anglo-canadiens risquent potentiellement de rester bloquer sur leurs positions de débarquement. L’opération Perch est alors lancée. Elle a pour objectif d’encercler la ville et de s’en emparer. Mais le 14 juin, et après de furieux combats couteux en vies humaines, l’opération sera stoppée. Défaite stratégique, mais qui permet néanmoins de fixer trois divisions blindés ennemies.
Jeudi 8 juin 1944
Libération de Port-en-Bessin
Après de lourds et sanglants combats, les Commandos britanniques parviennent à s’emparer de la commune de Port-En-Bessin. Le 10 juin suivant, la ville reçoit la visite du général Bernard Montgomery. Réhabilité, le port de Port-en-Bessin deviendra rapidement un lieu stratégique puisque le Alliés y feront débarquer en nombre, matériels et ravitaillements.
Vendredi 9 juin 1944
Les FFI intégrées à l’armée française
En France, dans les territoires occupés, les Forces françaises de l’intérieur – crées au mois de mars – rassemblent désormais plus de 200 000 combattants. Les quatre cinquièmes ont été équipés en armes par les Alliés qui en financent également l’organisation à hauteur de 11 milliards de francs. Par une nouvelle ordonnance, les FFI sont désormais intégrés à l’armée française.
Vendredi 9 juin 1944
Massacre de Tulle
En Corrèze, et en représailles des actions réalisées par la Résistance deux jours plus tôt pour libérer une partie de la ville de Tulle, la division SS Das Reich du général Lammerding, fait irruption. Une géante rafle est organisée, près de 3 000 hommes sont arrêtés. Au cœur d’une sinistre mise en scène, 99 hommes sont pendus aux balcons et aux réverbères de la place Souilhac et Tulle est finalement réoccupée par les Allemands.
Samedi 10 juin 1944
Élargissement du front de Normandie
En Normandie, les secteurs d’Omaha et d’Utah parviennent à se réunir. Le 12 juin suivant, les troupes américaines attaqueront en direction de Caumont et les Britanniques à proximité de Villiers-Bocage, sur la route de Caen, où ces derniers seront néanmoins repoussés par de violents combats contre les chars Tigre allemands.
Samedi 10 juin 1944
Le massacre d’Oradour-sur-Glane
Alors que le village est particulièrement animé ce jour-là, les SS encerclent et investissent Oradour-sur-Glane. Les Allemands enfoncent portes et fenêtres des habitations et abattent ceux qui, comme les vieillards, ne peuvent se rendre au point de rassemblement. Semant la terreur au cœur même des habitations avant de les incendier, 643 hommes, femmes et enfants sont assassinés de manière effroyable et sans aucune raison.
Lundi 12 juin 1944
Libération de Carentan
Les parachutistes américains de la 101e division aéroportée parviennent à s’emparer de la ville de Carentan. La tête de pont alliée atteint désormais près de 80 kilomètres de long. Ce même jour, neuf divisions américaines, sept britanniques et canadiennes – l’équivalent de 326 547 hommes, 54 186 véhicules et environ 104 000 tonnes de matériels – débarquent encore sur les plages de Normandie.
Mardi 13 juin 1944
Début de la bataille des haies
Jusqu’au 24 juillet, les soldats alliés s’enfoncent dans les terres normandes et ses hautes haies. Intérêt tactique davantage favorable aux soldats en position de défense, ces haies permettent aux Allemands d’engager une guerre d’usure. Cependant incapables de résister à la puissance militaire alliée, les troupes allemandes sont finalement battues, au prix néanmoins de nombreuses vies humaines et d’un retard majeur sur l’avancée des soldats américains, britanniques et canadiens.
Mardi 13 juin 1944
Les missiles v1 tombent sur Londres
A partir de ce jour et durant près de trois mois, environ 70 missiles V1 tombent sur Londres (sur environ 250 tirs réalisés quotidiennement). Lancés depuis le territoire français, les V1 font plus de 6 000 morts. Pour Hitler, ces “missiles volants” sont des armes de vengeance. Il encourage fortement leur développement et veut à tout prix miner le moral des civils britanniques. Ainsi, le missile V2 est déjà en développement et les premiers tirs doivent arriver le plus rapidement possible.
Mardi 13 juin 1944
Massacre du maquis des Manises
Dans les Ardennes et après une bataille entre les hommes du maquis des Manises et les forces allemandes, plusieurs Résistants sont capturés par les nazis au cours de leur repli. Pendant de longues minutes, les prisonniers sont frappés à coups de bâtons ou de crosses, avant que 105 d’entre eux ne soient finalement fusillés ou mitraillés de plusieurs balles dans le dos. Le massacre, interminable, dure près de deux heures.
Mercredi 14 juin 1944
De Gaulle débarque en France
Pour la première fois depuis 1940 et en accord avec les Alliés, le général de Gaulle retrouve la France en débarquant à proximité de Courseulle, en Normandie. Ayant son premier contact avec la population française – très enthousiaste – il souhaite démontrer aux Alliés le soutien populaire dont il dispose. A Bayeux puis à Isigny, de Gaulle reçoit un accueil extraordinaire. Un voyage pleinement mesuré dont l’objectif est aussi de faire renoncer l’occupation de la France par le gouvernement militaire allié (Amgot). Le résultat espéré est obtenu et il obtiendra gain de cause.
Mercredi 14 juin 1944
Bombardement de Vimoutiers
Vers 17 heures, la ville historique normande de Vimoutiers subit un terrible bombardement allié. En l’espace de quelques minutes seulement, 29 tonnes de bombes sont larguées et rasent complètement la ville. Les explosions font 220 morts, 400 blessés et plus de 1 300 sans-abri sur une population initiale et totale de 2 607 habitants.
Mardi 20 juin 1944
Assassinat de Jean Zay
Emprisonné depuis le mois d’octobre 1940 pour “désertion en présence de l’ennemi”, Jean Zay, ancien ministre de l’Éducation nationale sous le gouvernement du Front populaire de Léon Blum, est abattu par trois miliciens, à proximité de Vichy, au cours d’un faux transfert du détenu vers une autre prison. Son corps ne sera retrouvé et identifié qu’en 1946.
Mercredi 21 juin 1944
Libération de Valognes
Les américains entrent dans Valognes. La ville, fortement endommagée par les bombardements du Débarquement est en ruine. Les Alliés y installeront par la suite un central téléphonique, ainsi qu’un camp de transit pour les prisonniers allemands qui rejoindront la Grande-Bretagne. Pour les libérateurs, Valognes représente le dernier verrou ennemi avant de marcher en direction de Cherbourg.
Jeudi 22 juin 1944
Opération Bagration
Sur le front est, et après avoir libéré l’Ukraine, l’Armée rouge se lance dans l’opération Bagration, dont l’objectif est de chasser l’occupant allemand en Biélorussie, avant d’entamer sa marche vers Berlin. Près de deux millions d’hommes sont mobilisés et un mois plus tard, les troupes soviétiques seront prêtes à pénétrer en Prusse-Orientale. Une bataille qui coûtera la vie à 400 000 soldats allemands. Pris en tenaille, le Führer martèle cependant sa foi dans la victoire.
Lundi 26 juin 1944
Massacre de Dun-les-Places
Dans l’objectif de déstabiliser les nombreux maquis de la région, l’occupant allemande organise une vaste opération de terreur contre la population du petit village morvandiau de Dun-les-Places. En fin de journée, 27 hommes sont tués, dont 18 fusillés et achevés à la grenade sur le porche et devant l’entrée de l’église. Avant de quitter les lieux, les Allemands incendient plusieurs habitations. Ils laissent derrière eux 29 orphelins et 14 veuves.
Lundi 26 juin 1944
Ordonnance sur l’épuration
Tout au long de la Libération du pays, une épuration populaire, spontanée, violente, souvent née d’un désir de revanche, se met en place en dehors de tout cadre judiciaire. Les collaborateurs, ou ceux considérés comme tels sont visés. Le Gouvernement provisoire, prépare lui, une épuration légale. L’ordonnance du 26 juin permettra la création de tribunaux d’exception afin de juger les collaborateurs et de les empêcher, dans le futur, d’accéder à des postes à responsabilité.
Mardi 27 juin 1944
Libération de Cherbourg
Depuis le 22 juin, l’armée américaine s’était lancée à l’assaut de la ville de Cherbourg, précieuse pour son port en eau profonde, mais où sont aussi retranchés près de 40 000 soldats allemands. Après de rudes combats, les derniers défenseurs signent l’acte de reddition en milieu de matinée du 27 juin, marquant ainsi la libération de la ville. La bataille aura coûté la vie de 2 800 soldats américains et environ 7 500 Allemands, dont plus de 39 000 sont désormais retenus prisonniers.
Mercredi 28 juin 1944
Assassinat de Philippe Henriot
Le résistant Charles Gonard et une quinzaine de ses compagnons pénètrent au sein du ministère de la Propagande et exécutent Philippe Henriot qui, après avoir été l’incontournable chroniqueur de Radio-Paris, y avait été nommé ministre en début d’année. A Paris, les journaux collaborationnistes lui rendent hommage alors que sur les murs, des affiches avec sa photographie sur laquelle figure la phrase “Il disait la vérité. Ils l’ont tué”, sont collées.
Jeudi 29 juin 1944
Massacre de Rillieux
Au cimetière de Rillieux, sept hommes de confession juive sont retrouvés morts le long d’un mur par une habitante du village, alors même que des soldats allemands se photographient devant. Ces meurtres ont été commis par des membres de la Milice française, en réponse à l’assassinat de Philippe Henriot. A Rennes, trois notables seront aussi abattus par des membres du groupuscule Cercle d’études national-socialiste.
Chronologie Juillet 1944
Jeudi 6 juillet 1944
De Gaulle rencontre Roosevelt à Washington
Pendant près de trois jours, Roosevelt et de Gaulle échangent en tête à tête, principalement sur l’organisation du monde après-guerre. De Gaulle comprend rapidement que la France ne pourra compter que sur elle-même pour retrouver sa place parmi les grands. Néanmoins, son voyage reste un succès : la presse américaine se montrant favorable au général. Le 25 octobre suivant, le Gouvernement provisoire de la République sera finalement reconnu par les deux Alliés occidentaux.
Vendredi 7 juillet 1944
Mandel est assassiné
Chef de cabinet de Georges Clemenceau pendant la Première Guerre mondiale, puis député et ministre sous la Troisième République jusqu’en 1940, Georges Mandel est assassiné par des miliciens, dans la forêt de Fontainebleau. L’ordre a peut-être été ordonné par les Allemands, après avoir passé un an et demi dans le camp de concentration de Buchenwald.
Mercredi 19 juillet 1944
Libération de Caen
Après un premier et dévastateur bombardement allié survenu le 7 juillet, les Allemands avaient quitté la rive gauche de la ville le 9 juillet suivant, au moment où les troupes canadiennes entraient dans les ruines de Caen. Le reste de la ville – soit la rive droite – est ainsi libérée dix jours plus tard. Mais Caen est dévastée, détruite à près de 80%. La bataille de Normandie aura coûté la vie à environ 2 000 civils caennais.
Jeudi 20 juillet 1944
Hitler échappe à un nouvel attentat
Au Grand quartier général de l’armée allemande, le comte-colonel Claus von Stauffenberg dépose une bombe sous la table de réunion de l’état-major. L’explosion fait plusieurs victimes, mais aucun dignitaire nazi n’est tué. Trois heures plus tard, et comme cela était prévu, le Führer accueille Mussolini, à qui il montre les dégâts. Il s’agira de leur dernière rencontre. En représailles, Hitler organisera une impitoyable répression au sein même de l’armée allemande, faisant des centaines de morts.
Vendredi 21 juillet 1944
Attaque contre le maquis du Vercors
Ce jour-là, Vassieux est la cible d’une nouvelle attaque – bien plus massive que celle du 16 avril précédent – de la part de l’armée allemande, assistée une nouvelle fois de la Milice française. Au total, les quelques 4000 FFI doivent faire face à plus de 10 000 assaillants. Si les combats cessent le 27 juillet, une impitoyable répression se poursuit jusqu’au 3 août. Le village est entièrement détruit et 73 de ses habitants – hommes, femmes et enfants – sont massacrés. A l’issue de cette dernière attaque, 639 Résistants du maquis du Vercors ont été tués, ainsi que 201 des 800 habitants du plateau.
Samedi 22 juillet 1944
Accords de Bretton Woods
A Bretton Woods – sur la côte est des États-Unis – 44 représentants de nations alliées, et un observateur soviétique, se rassemblent pour dessiner les grandes lignes d’un système financier d’après-guerre. Ces accords prévoient la création d’un système financier d’après-guerre international stable, fondé sur la coopération entre les pays, accordant une prééminence au dollar.
Mercredi 26 juillet 1944
La banque de France dévalisée
A 19h30, et alors que le train de la banque de France s’arrête en gare de Neuvic, 150 maquisards de l’Armée secrète et de l’Organisation de résistance de l’armée, s’emparent du convoi et de son butin. Le train n’est gardé que par quatre policiers, eux-mêmes au courant de l’attaque ; ceux-ci n’interviennent pas et laissent faire. A l’aide des cheminots, en moins d’une heure et sans le moindre coup de feu, les résistants dérobent 150 sacs de billets : un butin énorme de 2,280 milliards de francs.
Chronologie Août 1944
Mardi 1er août 1944
Le général Leclerc débarque en Normandie
Transférée du Maroc au pays de Galles, en avril dernier, le 2e division blindée du général Leclerc débarque en Normandie. Dans ce même temps, le corps expéditionnaire français s’est regroupé en Corse et en Afrique du Nord. Il devient la Première armée française du général de Lattre de Tassigny. Placée sous commandement américain, elle aura bientôt pour objectif de marcher en direction du Rhin.
Vendredi 4 août 1944
La Bretagne se rapproche de la libération
Les troupes américaines s’emparent des villes de Rennes et de Dinan. La Bretagne est peu à peu libérée dans la direction du Nord vers le Sud. Le très stratégique port de Brest sera atteint par ces mêmes troupes le 7 août suivant. Ce même jour, à proximité de la ville, à Gouesnou, quarante-deux civils sont tués par les soldats de la Wehrmacht. Le plus jeune est âgé de 16 ans.
Dimanche 6 août 1944
Pétain condamne la Milice
Dans une lettre remise à Pierre Laval, le maréchal Pétain condamne avec force les récentes exactions de la Milice, commises avec la police allemande. En réaction, Joseph Darnand lui répond : “Pendant quatre ans, j’ai reçu vos compliments, vos félicitations. Vous m’avez encouragé. Et aujourd’hui, parce que les Américains sont aux portes de Paris, vous commencez à me dire que je vais être la tache de l’histoire de France ?”
Mercredi 9 août 1944
Rétablissement de la légalité républicaine
L’ordonnance du 9 août, promulguée à Alger par le gouvernement provisoire du général de Gaulle, enlève toute légalité au régime de Vichy et considère l’ensemble des textes publiés par le maréchal Pétain et Pierre Laval comme nuls et non avenus. De manière définitive, cette ordonnance signe la victoire du gouvernement en exil formé par de Gaulle, contre celui de Vichy.
Samedi 12 août 1944
Libération d’Alençon
Dans la nuit du 11 au 12 août, les soldats de la 2e division blindée française du général Leclerc entrent dans Alençon. S’apercevant que les ponts d’accès ne sont pas minés et que la ville est faiblement défendue, le chef de la 2e DB décide de s’en emparer et d’y installer son poste de commandement. Au levé du jours, les habitants leurs libérateurs – non pas canadiens comme ils le pensent initialement – mais bien Français.
Samedi 12 août 1944
Début de la poche de Falaise
Après avoir repoussé une contre-offensive dans le secteur du Mont-Saint-Michel, les Alliés tentent d’encercler les troupes allemandes dans une poche autour de Falaise. L’opération se déroulera jusqu’au 21 août et sera partiellement réussie ; 2/3 des troupes ennemies parviendront à s’échapper, mais 8 divisions d’infanterie allemandes et 2 blindées sont détruites, obligeant le reste des forces allemandes à se replier au plus vite pour défendre les frontières du Reich, désormais menacées.
Samedi 12 août 1944
Pierre Laval cesse d’exercer ses fonctions
Présent à Paris, Pierre Laval reçoit l’ordre impératif de Berlin – transmis par Otto Abetz – d’établir le gouvernement français à Belfort, tout en ayant l’assurance qu’il n’aurait jamais à quitter le territoire français. Refusant dans un premier temps, le chef du gouvernement cède devant les menaces allemandes : “Je dois m’incliner devant les menaces de contrainte, mais vous comprendrez que dans ces conditions, je cesse d’exercer mes fonctions de chef du gouvernement”.
Mardi 15 août 1944
Débarquement de Provence
Deux mois après la Normandie, les Alliés débarquent en Provence – entre Cavalaire et Saint-Raphaël – dans l’objectif d’ouvrir un second front en France. Nom de code : opération Dragoon. A partir de ce 15 août 1944, 450 000 hommes débarquent sur les plages de Provence. Parmi eux, 250 000 Français majoritairement venus des Forces Françaises Libres et d’Afrique : tirailleurs sénégalais et algériens, goumiers et tabors marocains, pieds-noirs, marsouins du Pacifique et des Antilles…
Mercredi 16 août 1944
L’armée de Patton entre dans Chartres
Dès 10h30, le premier char américain entre dans la ville. Durant quatre jours, les combats entre les allemands et les américains, soutenus par les F.F.I font de gros ravages sur la ville. Cette dernière sera finalement libérée le 19 août après la capitulation de l’occupant. Le même jour, Orléans et Dreux sont également libérées tout comme Draguignan, dans le sud de la France suite au débarquement de Provence.
Mercredi 16 août 1944
Massacre au bois de Boulogne
Ce jour-là, un groupe de résistants a rendez-vous avec un homme spécialement envoyé de Londres, pour une livraison d’armes. En réalité, l’individu en question est un agent double et les 35 jeunes résistants sont en fait conduits dans différentes antennes de la Gestapo. Le piège se referme. Le soir même, ils sont transportés jusqu’à la cascade du Bois de Boulogne, puis abattus à coups de mitraillettes et de grenades par des officiers SS.
Jeudi 17 août 1944
Fuite des collaborateurs
Jusqu’au 19 août, et dans la plus grande des précipitations, de nombreuses personnalités fortes de la collaboration quittent Paris à bord de camions allemands faisant route vers Nancy. Parmi elles, plusieurs cadres dirigeants du Parti populaire français – dont Jacques Doriot – mais aussi l’équipe dirigeante du journal Je suis partout. La presse collaborationniste cesse ainsi de paraître.
Samedi 19 août 1944
Insurrection de Paris
Alors que les troupes alliées progressent rapidement en direction de Paris, le peuple parisien se soulève. Depuis la veille, c’est grève générale et la capitale se couvre d’affiches appelant les habitants à s’insurger. Des barricades sont montées, plusieurs tireurs s’embusquent dans les immeubles et des combats de rue éclatent. L’action est cruciale, elle doit prouver aux Alliés l’importance de la Résistance et asseoir la légitimité du général de Gaulle et de son gouvernement provisoire.
Dimanche 20 août 1944
Libération de Toulouse
Après de débarquement de Provence, la rapide remontée des troupes alliées risque de prendre au piège et de retenir en France une grande partie des forces allemandes présentes en zone sud. Ainsi, le plus gros des troupes ennemies abandonnent les grandes villes pour rejoindre l’Alsace. Défendues par des garnisons résiduelles, plusieurs villes sont libérées par la Résistance , avant même l’arrivée des Alliées. Brive-la-Gaillarde est libre depuis le 15, Cahors le 18 et Limoges sera libre le 21 août.
Dimanche 20 août 1944
Pétain conduit de force à Belfort
Le général allemand von Neubronn se rend au domicile du maréchal Pétain – qui refuse de quitter Vichy -, dans lequel celui-ci s’est barricadé. Une première porte est enfoncée, puis une seconde ; celle de la chambre du chef de l’État français. Une heure plus tard, la maréchal et son épouse quittent leur résidence, sous la surveillance des Allemands, en direction de Belfort où se trouve déjà Pierre Laval.
Lundi 21 août 1944
Fin du régime de Vichy
En fin d’après-midi, le maréchal Pétain arrive à Belfort où l’attendent Pierre Laval et plusieurs ministres. Face à l’évolution de la situation, il demande à l’amiral Auphan de prendre contact avec le général de Gaulle, dans l’espoir d’établir une passation de pouvoir paisible. Aucune suite ne sera donnée. S’estimant privé de liberté, Pétain refuse désormais de jouer le moindre rôle politique, alors que même Pierre Laval refusera une invitation du Führer.
Vendredi 25 août 1944
Libération de Paris
La capitale française est libérée par les FFI, les FTP et la 2e division blindée du général Leclerc. Le général allemand von Choltitz, gouverneur du Grand Paris où stationnent encore 20 000 soldats allemands, avait reçu l’ordre de se battre jusqu’au dernier homme, ou bien de détruire la ville. Refusant d’appliquer cet ordre, il signe la capitulation de Paris en gare de Montparnasse, où est justement établi le poste de commandement du général Leclerc.
Vendredi 25 août 1944
Massacre de Maillé
Loin des scènes de joie parisiennes, le petit village de Maillé, situé dans l’ Indre-et-Loire, est la cible de l’un des plus importants massacres de populations civiles perpétré en France par les troupes allemandes. Parmi les 124 victimes innocentes assassinées par la SS allemande en l’espace de quelques heures seulement : 48 enfants, dont 26 ont moins de 5 ans.
Samedi 26 août 1944
Libération de Toulon
Encerclée par 15 000 soldats français depuis le 20 août, les défenseurs allemands avaient reçu l’ordre de tenir jusqu’à épuisement de leurs munitions. La bataille pour Toulon fut ainsi sanglante ; 2 700 morts côté français, et plus de 8 000 du côté ennemi. Toulon est libre, mais fortement endommagée par les bombardements alliés. Récupéré, le port servira aux Alliés pour acheminer armes et matériels vers le front jusqu’à la fin de la guerre.
Dimanche 27 août 1944
Début de la bataille de Metz
Ville fortifiée où de nombreux abris de la ligne Maginot sont utilisés par les forces allemandes, les combats se montrent particulièrement sanglants des deux côtés du front. L’occupant résistera jusqu’au 13 décembre suivant. Si les pertes alliées n’ont jamais été communiquées, cette bataille aura coûté la vie à 3 800 soldats allemands.
Mardi 29 août 1944
Massacre de la vallée de la Saulx
Dans la Meuse, un convoi de 50 soldats allemands du 29e régiment de la 3e division de Panzergrenadier entre dans la vallée de la Saulx, empêchant toutes personnes de sortir des villages de Robert-Espagne, Beurey-sur-Saulx, Couvonges et Mognéville. En cette seule journée, 86 habitants sont assassinés et massacrés, avant que de nombreuses maisons ne soient pillées et incendiées.
Chronologie Septembre 1944
Vendredi 1er septembre 1944
Création du gouvernement de Sigmaringen
Si Laval a refusé l’invitation du Führer, Fernand de Brinon, Marcel Déat et Joseph Darnand l’ont en revanche acceptée. Reçus par Ribbentrop et Hitler, celui-ci affirme disposer d’armes secrètes capables de repousser les Alliés à la mer. Une semaine plus tard, les Français se retrouvent au château de Sigmaringen et Brinon décide – pour donner gage au Führer – de constituer et de présider un pseudo-gouvernement nommé “Commission gouvernementale pour les intérêts français en Allemagne”.
Samedi 2 septembre 1944
Le gouvernement provisoir s’installe à Paris
Dix jours plus tard – le 12 septembre – le général de Gaulle prononce à discours dans lequel il rend hommage au Comité national de la Résistance, lequel perdant de fait, tout pouvoir réel. De Gaulle rétablit les institutions de la République. Le 28 août, les FFI avaient été dissoutes pour être intégrées à l’armée régulière, et les comités de libération laissent désormais place aux préfets nouvellement nommés. Ainsi est marqué le retour de la République française.
Mardi 5 septembre 1944
Le Havre lourdement bombardée
Dans l’objectif de provoquer la reddition allemande, la Royale Air Force bombarde la ville du Havre jusqu’au 11 septembre. Le 12, les troupes anglo-canadiennes entrent dans la ville détruite. L’accueil de la population est glacial. Pour cause, plus de 2000 civils ont été tués sous les bombes et environ 80 000 autres n’ont plus de logement. Le port est récupéré mais reste inutilisable en raison des lourds dégâts qu’il a subi.
Lundi 12 septembre 1944
Jonction des armées
Alors que les Alliés poursuivent leur progression en France, à Montbard, près de Dijon – ville libérée le 11 septembre – une patrouille de la 2e division blindée du général Leclerc, débarquée en Normandie, fait jonction avec d’autres soldats français de la 1er division motorisée d’infanterie, débarquée en Provence un mois plus tôt. De fait, la jonction entre Overlord et Dragoon, dont l’ordre avait été donné la veille, est officielle.
Chronologie Octobre 1944
Samedi 7 octobre 1944
Hodges prend Aix-la-Chapelle
Commandée par le général Hodges, la première armée américaine attaque les fortifications d’Aix-la-Chapelle. La Wehrmacht capitulera le 21 octobre alors qu’elle n’avait plus que 300 soldats en état de combattre. La ville devient la première grande ville allemande prise par les Alliés. Alors que Aix-la-Chapelle était encore habitée par plus de 20 000 habitants, la bataille fait plus de 5000 morts ou blessés dans les deux camps et plus de 5000 soldats allemands sont fait prisonniers.
Samedi 14 octobre 1944
Mort du maréchal Rommel
Accusé à tort d’avoir joué un rôle dans l’attentat du 20 juillet précédent – dont Hitler était la cible – le maréchal Erwin Rommel est poussé au suicide, seul moyen pour lui d’éviter toutes représailles contre sa famille. Depuis le débarquement réussi des Alliés en Normandie, l’ancien chef de l’Afrikakorps estimait la guerre définitivement perdue pour l’Allemagne nazie.
Dimanche 15 octobre 1944
Début de la bataille des Bruyères
Dans les Vosges, les Américains se heurtent aux défenses allemandes – très bien camouflées – pendant près de deux semaines. La bataille est très coûteuse en vies américaines mais les Alliés prendront finalement le dessus avant la fin du mois. Le 30 octobre, la ville de Bruyère sera libérée et les troupes pourront poursuivre leur évolution vers l’est.
Lundi 23 octobre 1944
Reconnaissance du Gouvernement provisoire de la République
Le raz de marée gaulliste emporte avec lui les dernières réticences du président américain Roosevelt. Les trois grandes puissances alliées – États-Unis, Royaume-Uni et Union Soviétique – reconnaissent officiellement le gouvernement provisoire de la République française du général de Gaulle. Au demain de la libération de Paris, le général avait refusé de proclamer le retour de la République, estimant que celle-ci n’avait jamais cessé d’exister et qu’elle avait simplement été en exil.
Chronologie Novembre 1944
Samedi 11 novembre 1944
Célébrations de l’armistice de 1918
Pour la première fois depuis le début de l’Occupation du pays par l’Allemagne nazie, la France peut célébrer l’armistice de la Première Guerre mondiale. A Paris, un défilé – placé sous le signe de l’amitié franco-britannique – est organisé sur les Champs-Élysées. Devant une foule massive et enthousiaste, malgré le brouillard nettement présent, le général de Gaulle et Winston Churchill défilent en tête d’un cortège composé de militaires mais aussi de civils. Une cérémonie est également célébrée dans la clairière de Rethondes.
Samedi 18 novembre 1944
Vichy sera jugé
Afin de pouvoir juger, du chef de l’État français – la maréchal Pétain – jusqu’aux secrétaires généraux, soit l’ensemble des responsables politiques du régime de Vichy, le Gouvernement provisoire de la République française réinstaure la Haute Cour de justice. Au total, 108 dossiers de ministres, parlementaires et hauts fonctionnaires seront instruits. Huit prévenus décèderont avant la fin des procédures.
Dimanche 20 novembre 1944
Libération de Metz
Depuis plusieurs semaines, les Alliés buttaient sur les défenses allemandes en Moselle et en Alsace, là où ont justement été établies les frontières du Reich après l’annexion des deux régions en 1940. Le 20 novembre, ces défenses sont enfin brisées, au prix de nombreuses vies humaines, notamment lors de la bataille de Metz, dont cette dernière ville est définitivement libérée, ainsi que Mulhouse.
Mercredi 23 novembre 1944
Libération de Strasbourg
Le général Leclerc et sa 2e division blindée charge la ville. Grandement aidé par la Résistance locale, Strasbourg est libérée mais de nombreux combats persisteront durant les jours suivants, ainsi qu’à Colmar où les Allemands résistent encore. Dans les heures qui suivent, le drapeau tricolore est hissé au sommet de la cathédrale de Strasbourg, permettant l’accomplissement du serment du Koufra, pris entre Leclerc et ses hommes, au mois de mars 1941.
Vendredi 25 novembre 1944
Découverte du camp du Struthof
Au cœur du massif vosgien, une escouade américaine inspecte les environs de la commune de Rothau à quelques kilomètres de Strasbourg. Les habitants évoquent aux libérateurs, qui cherchent encore des Allemands potentiellement cachés, un lieu mystérieux, isolé dans les hauteurs et à l’abri des regards. Lorsque les GI repèrent l’endroit en question, ils sont immédiatement interpelés pour cette double enceinte de barbelés, entourée de huit miradors.
Samedi 26 novembre 1944
Déstruction des fours crématoires d’Auschwitz
Parce qu’il envisage – à l’insu de Hitler – une paix séparée avec les Alliés occidentaux, dans l’objectif d’engager une lutte commune contre l’Union soviétique, Heinrich Himmler donne l’ordre de faire disparaître les crimes nazis, notamment à Auschwitz-Birkenau où il ordonne la destruction des fours crématoires. Par l’intermédiaire de la Croix-Rouge et d’autres organisations humanitaires, il dit être prêt à négocier la libération des détenus encore vivants.
Chronologie Décembre 1944
Samedi 16 décembre 1944
Bataille des Ardennes
Dans les Ardennes belges principalement, les Allemands attaquent par surprise afin de reprendre le port d’Anvers. Mais la contre-offensive est rapidement stoppée par les Alliés. Le bilan de cette bataille est absolument et terriblement lourd. Plus de 67 500 Allemands sont portés disparus, morts ou blessés et plus de 76 800 côté Alliés. Le bataille ne se termine que le 25 janvier de l’année 1945.
Dimanche 31 décembre 1944
Contre-offensive contre Strasbourg
En partie délaissée du plus gros des troupes américaines, désormais massées à Bastogne et dans les Ardennes belges pour stopper la nouvelle avancée ennemie, les Allemands lancent dans ce même temps une contre-offensive – l’une des dernières de la guerre – contre la ville de Strasbourg. Accompagnée de nombreux massacres SS, le retour de la Wehrmacht provoque un vent de panique, jetant les habitants à peine libérés, dans un nouvel exode.
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