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Histoire et Mémoire de la Seconde Guerre mondiale

Le massacre de Tulle

par | 8 Juin 2022

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Qu’est-ce que le massacre de Tulle ?

9 juin 1944

Le massacre de Tulle est un crime perpétré par la Division SS Das Reich, le 9 juin 1944, trois jours seulement après le Débarquement de Normandie, à Tulle dans le département de la Corrèze. Après une conséquente rafle, 99 hommes sont pendus aux balcons et réverbères de la place Souilhac, au cœur d’une sinistre mise en scène.

Massacre de Tulle

Croquis de M. Ramon représentant le massacre de Tulle – Copyright musée de la mémoire et des industries tullistes

Tulle : ville martyre

La mise en scène est soignée, travaillée. Malgré tous ces hommes rassemblés sur cette place dominée d’immeubles, le silence règne. Pour autant, il est un silence glaçant, un silence de terreur. Comme d’autres habitants, Yvette Lhoumeau ne peut s’empêcher de glisser un œil furtif entre les lames de ses volets fermés : « Maman, maman, ils mettent des cordes aux balcons ». Il est vrai néanmoins que ce calme apparent est parfois rompu par ceux-là même qui défilent : « Maman, maman ! Dis leur que je suis innocent ! ». Puis il revient, plus pénible encore. A 14 ans, Yvette comprend : « Maman, ils les pendent… ».

Depuis que les Allemands perdent du terrain à l’Est, que l’Afrique est aux mains alliées et que ces derniers viennent aussi de débarquer en Normandie, la Résistance gagne en puissance et se trouve ainsi galvanisée par les événements récents. A Tulle, le 7 juin 1944, les Francs-tireurs et partisans de Corrèze (FTP) attaquent la ville, alors sous occupation allemande.

La Résistance se lance à l’assaut de plusieurs écoles et casernes où stationnent justement les soldats de la Wehrmacht. Véritable guérilla urbaine, la Milice française est également prise pour cible. Le lendemain, en début d’après-midi, Tulle est dans son ensemble libérée – quelques rues sont encore occupées par les forces allemandes – près de 40 soldats ennemis se rendent – et 139 maquisards ont été tués.

Si Tulle est libérée, plusieurs couloirs de fumée s’élèvent au-dessus de la ville, les combats ont déclenché des incendies. Stationnée à environ 5 kilomètres de là, ce détail n’échappe pas à la Division SS Das Reich.

La rafle du Tulle

Au soir du 8 juin, la Division Das Reich, division SS placée sous le commandement direct de Himmler, entre dans Tulle. Surpris et balayés en l’espace de 20 minutes par les redoutables blindés, les résistants n’ont d’autre choix que de quitter la ville.

Le lendemain matin – 9 juin – les SS perquisitionnent les maisons. Dans ce même temps, tous les hommes sont emmenés et rassemblés dans la cour de la manufacture d’arme pour un « contrôle d’identité ». A 10h00, ils seront près de 3 000 à y être parqués.

Dans les rues de Tulle, les forces allemandes placardent une déclaration selon laquelle 40 des leurs auraient été assassinés au cours de ces deux précédentes journées. La véracité de l’information est invérifiable, aujourd’hui encore, elle ne peut être confirmée. Quoi qu’il en soit, cette déclaration annonce aussi qu’en représailles, 120 maquisards ou complices seront pendus. Les habitants ayant reçu l’ordre de rester chez eux, personne ne peut, de fait, lire ces affiches.

En début d’après-midi, environ 400 tullistes sont encore retenus dans la cour de la manufacture. Parmi eux, il ne se trouverait que deux maquisards. Pour tous les autres, aucune preuve de complicité ne peut être prouvée mais ils restent retenus, désormais « otages ».

L’effroyable massacre de Tulle

Débute alors un sinistre triage des « otages ». Dans un premier temps, les personnes jugées utiles à la reprise de l’activité de Tulle sont libérées. Ainsi, des cheminots, des commerçants, des médecins ou encore des professeurs, échappent de justesse à la mort.

D’une initiative allemande, une seconde sélection commence. Désormais, on s’attache davantage à l’aspect physique de ces personnes. S’ils sont jeunes, s’ils sont mal rasés, si leurs chaussures sont abimées, ils sont mis de côté. Potentiellement, ils pourraient appartenir à la Résistance. En somme, le choix de tel ou tel homme n’est fait que d’une façon totalement arbitraire.

A 16h00, lorsque se termine cette seconde et longue sélection, deux groupes de 60 personnes sont emmenés en rang sur la place Souilhac, au Sud de la ville. Lorsqu’ils arrivent, l’affreuse mise en scène saute aux yeux. La place est entourée de blindés, des cordes pendent aux balcons et réverbères des lieux. Ces 120 « otages en sursis », sont tenus d’assister à l’odieux spectacle qui s’apprête à débuter.

Défilent alors devant eux un premier groupe de 10 hommes, mains liées dans le dos, venant de la manufacture. Sous le regard des officiers nazis installés à la terrasse d’un café de la place, les hommes, jeunes, beaucoup trop jeunes pour la plupart, sont pendus dans l’indifférence des SS présents. Cette scène se répète un trop grand nombre de fois. Finalement, ce 9 juin 1944, 99 hommes sont pendus. Leurs corps sont jetés dans deux fosses communes, creusées dans une décharge publique. La dignité humaine est ignorée et la cruauté de la mise en scène est à la hauteur de la barbarie nazie.

Sans explication aucune, 149 tullistes seront aussi déportés au camp de Dachau, en Allemagne. Seuls 48 d’entre eux en reviendront.

Sources → Comité des martyrs de Tulle / reportage vidéo de France 5

 

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