En 1938, l’Allemagne annexe l’Autriche et menace la Tchécoslovaquie, pays que la France promet de défendre, en cas d’agression. Mais celle-ci ne veut agir seule et les Britanniques refusent de se battre pour Prague. A travers les Accords de Munich, Chamberlain et Daladier accèdent aux revendications de Hitler pour la région des Sudètes, abonnant l’allié tchécoslovaque, tout en prétendant avoir « sauvé la paix ».
La chronologie de la Seconde Guerre mondialepermet de comprendre et de contextualiser l’enchaînement des événements politiques, civils et militaires qui ont lieu en France et dans le monde, à travers des actualités et faits majeurs.
Maurice Gamelin est nommé chef d’état-major de la défense nationale
Vendredi 21 janvier 1938
Maurice Gamelin se voit attribuer la responsabilité de la coordination des trois armées françaises : terre, mer et air. Alors que les tensions avec l’Allemagne nazie sont extrêmes et qu’une nouvelle guerre menace, Maurice Gamelin a pour mission de préparer et d’organiser la défense du pays.
Werner von Blomberg, ministre de la Guerre, et Werner von Fritsh, commandant en chef de la Wehrmacht, sont poussés à la démission, victimes de scandales montés de toutes pièces après avoir exprimé leur hostilité aux projets expansionnistes de Hitler. À la tête de l’armée allemande, le Fürher nomme deux de ses proches : Wilhelm Keitel et Walther von Brauchitsch. Également et dans un temps rapproché, Joachim von Ribbentrop sera nommé ministre des Affaires étrangères.
Création de l’OKW
Vendredi 4 février 1938
Créé sur ordre de Hitler pour obtenir une plus forte docilité de l’armée à ses désirs, ordres et objectifs, l’Oberkommando der Wehrmacht (OKW) devient ainsi l’organe de commandement suprême des armées allemandes. En théorie, l’OKW a autorité sur les trois états-majors de l’armée allemande, à savoir les forces terrestres, aériennes et navales.
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Rencontre entre Hitler et Schuschnigg
Samedi 12 février 1938
Au Berghof, Hitler reçoit le chancelier autrichien Schuschnigg, après que le pays de ce dernier ait découvert un nouveau projet de putsch nazi. Pourtant, c’est bien le Führer qui se lance dans une furieuse tirade de deux heures, hurlant sur son invité. Véritable ultimatum, Vienne doit reconnaître la légalité du Parti nazi autrichien, libérer les détenus nazis et nommer des responsables nazis au sein de son gouvernement.
Voulez-vous faire de l’Autriche une nouvelle Espagne ?
Adolf Hitler menace le chancelier autrichien Schuschnigg
Lors de rencontre au Berghof,12 février 1938
Arthur Seyss-Inquart nommé ministre de l’Intérieur en Autriche
Mercredi 16 février 1938
Acculé, le chancelier autrichien accède à l’ensemble des exigences du Führer et nomme Seyss-Inquart à la tête du ministère de l’Intérieur. Mais pour gagner du temps, il tente d’organiser un référendum sur le principe d’une Autriche libre et indépendante. Sur pression allemande, le projet sera abandonné. Hitler exigera alors la démission de Schuschnigg pour placer Seyss-Inquart à son poste mais, événement imprévu, le président de la République d’Autriche s’y opposera.
Chronologie Mars 1938
Démission de Camille Chautemps
Jeudi 10 mars 1938
Essayant de poursuivre la politique menée par le Front populaire, Camille Chautemps avait notamment nationalisé les chemins de fer et procédé à la création de la Société Nationale des Chemins de fer français. Sans même que le Parlement ne le remette en cause, il démissionne de son poste de président du Conseil. Ce nouvel abandon illustre et annonce l’incapacité prochaine des gouvernements successifs à réagir aux crises internationales majeures, sur le point d’apparaître.
L’arrivée des unités blindées allemandes à Vienne – Bundesarchiv, Bild 183-1987-0922-503 / CC-BY-SA 3.0
Annexion de l’Autriche par l’Allemagne
Samedi 12 mars 1938
Tôt dans la matinée et sans rencontrer la moindre résistance, les troupes nazies passent la frontière austro-allemande, occupent le centre de Vienne, les mairies et les différentes Administrations du pays. Pour éviter l’effusion de sang, le président autrichien Miklas capitule. Seyss-Inquart est nommé chancelier. Hitler, natif d’Autriche, entre triomphalement dans Vienne. Mussolini laisse faire, Londres et Paris (la France étant dépourvue de gouvernement) n’adressent qu’une protestation verbale.
Démissionnaire en juin 1937, Léon Blum est renommé président du Conseil par Albert Lebrun, président de la République française. La figure emblématique du socialisme revient et forme son deuxième gouvernement. Pierre Mendès France est nommé au poste de sous-secrétaire d’Etat au Trésor, il est accompagné par d’autres personnalités politiques comme Albert Sarraut, Paul Boncour, Guy La Chambre et Jean Zay.
Bombardement de Barcelone
Mercredi 16 mars 1938
Jusqu’au 18 mars, l’aviation italienne bombarde la ville de Barcelone, fief des Républicains en Espagne. Au total, 44 tonnes de bombes sont larguées, causant la mort d’environ 1 000 à 1 300 civils. Face aux indignations, (américaines principalement) Franco demande l’arrêt des bombardements par crainte d’entrainer des complications depuis l’étranger. De son côté, Mussolini se réjouit et espère avoir démontré sa force militaire à l’Allemagne nazie.
Chronologie Avril 1938
Matthias Sindelar fait gagner l’Autriche
Dimanche 3 avril 1938
À Vienne, un match de football oppose les équipes d’Allemagne et d’Autriche. Devant Hitler et d’autres responsables nazis présents au stade, Matthias Sindelar, meilleur joueur autrichien, refuse d’appliquer les consignes de ses dirigeants et emmène son équipe à la victoire, après avoir inscrit deux buts. Le joueur sera retrouvé mort dans son appartement en janvier 1939, aux côtés de sa maîtresse juive.
Internement des homosexuels
Lundi 4 avril 1938
En Allemagne, la Gestapo ordonne l’incarcération des hommes « convaincus d’homosexualité ». Entre 1933 et 1945, environ 100 000 d’entre eux seront arrêtés et 50 000 condamnés par des tribunaux. La plupart accompliront leur peine dans des prisons dites « normales » et environ 15 000 seront internés dans des camps de concentration. Sous la surveillance des SS, ils porteront un signe distinctif sur leur tenue de prisonnier : un triangle rose
Léon Blum renversé par le Sénat
Vendredi 8 avril 1938
Durant cette courte présidence, Léon Blum a ouvertement protesté contre l’annexion de l’Autriche. Elle aussi menacée par Hitler, il promet également à la Tchécoslovaquie que la France tiendra ses engagements d’assistance pris envers elle. Mais alors même que les députés s’apprêtent à lui accorder les pouvoirs nécessaires pour faire face aux besoins urgents en matière de défense nationale, celui-ci est renversé par le Sénat, lui refusant les pleins pouvoirs financiers.
Plébiscite pour l’unification de l’Autriche et de l’Allemagne
Dimanche 10 avril 1938
Organisé selon les règles électorales nazies – à la fois en Autriche et en Allemagne -, un plébiscite est organisé pour voter l’unification des deux pays. Celui-ci est approuvé à 99,08% par les électeurs allemands, et à 99,75% par les Autrichiens. Pourtant, les premières persécutions qui suivent contre les Juifs choquent grandement la population. Rapidement, plus de 76 000 personnes sont arrêtées pour la seule ville de Vienne.
L’éventualité d’une nouvelle guerre
Édouard Daladier président du Conseil
Dimanche 10 avril 1938
Édouard Daladier, député du Vaucluse, est nommé par le Président de la République à la présidence du Conseil. Ce dernier forme un nouveau gouvernement à prédominance radicale, avec la présence de certains socialistes indépendants et des modérés. Souhaitant préparer le pays à l’éventualité très probable d’un conflit à venir, tout en luttant de manière désespérée pour sauver la paix, il demande à son tour les pleins pouvoirs financiers, qui lui seront accordés.
Signature des accords de Pâques
Samedi 16 avril 1938
À Rome, les gouvernements britannique et italien accordent leurs positions diplomatiques autour de la signature des accords de Pâques. Après la conquête de l’Éthiopie par l’Italie en 1936– lui entrainant des sanctions économiques par l’intermédiaire de la Société des Nations (SDN) -, Londres entérine la proclamation du nouvel Empire romain. Reconnaissant les intérêts mutuels des deux nations, le Royaume-Uni promet de soutenir l’Italie fasciste auprès de la SDN.
Chronologie Mai 1938
Construction du camp de Flossenbürg
Mai 1938
En Haute-Bavière, débute la construction d’un quatrième camp de concentration nazi. Situé à Flossenbürg, l’ancien chancelier d’Autriche Kurt von Schuschnigg y sera déporté, tout comme le prince Albert de Bavière, ou encore le poète français Robert Desnos. Actif jusqu’en 1945, environ 100 000 personnes y seront internées. Près de 30 000 y trouveront la mort. Selon certaines estimations, plus de 5 000 Français seraient passés par Flossenbürg.
Du 3 au 9 mai 1938, Hitler se rend en Italie, où il visite notamment les villes de Naples, Florence et Rome. Alors que le rapprochement entre Mussolini – au départ hostile à Hitler et à l’Allemagne nazie – et le chancelier allemand se confirme toujours plus, le Führer échoue cependant à convaincre le Duce de signer un traité d’alliance militaire germano-italien.
L’URSS se dit prête à secourir la Tchécoslovaquie
Jeudi 12 mai 1938
Après l’annexion de l’Autriche et convaincu que la France et le Royaume-Uni n’oseraient se lancer dans une guerre pour la défendre, Hitler souhaite envahir la Tchécoslovaquie. Si l’URSS se dit prête à la défendre, Français et Britanniques font quant à eux pression sur le gouvernement de Prague pour donner satisfaction aux Sudètes, minorité allemande vivant en Tchécoslovaquie.
Mon irrévocable décision est d’écraser la Tchécoslovaquie par une action militaire.
Adolf Hitler
Dans une directive à propos de la Tchécoslovaquie,mai 1938
Chronologie Juin 1938
KO technique !
Joe Louis bat Max Schmeling
Mercredi 22 juin 1938
Devant les 70 000 spectateurs du Yankee Stadium de New-York, le boxeur américain Joe Louis s’apprête à disputer un match de revanche contre l’Allemand Max Schmeling. Vainqueur du premier acte, l’Allemand avait depuis été promu par Hitler comme le symbole de la supériorité physique aryenne sur les « races inférieures ». Véritable événement, la retransmission radio allemande est pourtant stoppée nette. Joe Louis remporte le duel par KO technique, avant même la fin du premier round.
Chronologie Juillet 1938
Hitler pose la première pierre de l’usine Volkswagen
Vendredi 1er juillet 1938
Désireux de produire et de commercialiser un véhicule abordable et accessible à tous, Hitler avait embauché Ferdinand Porsch en 1934, dont le souhait était de créer des voitures de courses et des véhicules populaires. A Wolfsburg, le Führer pose ce jour-là la première pierre de l’usine Volkswagen, qui produira bientôt la « voiture du peuple », plus connue sous le nom de Coccinelle. Le succès – après-guerre – sera mondial.
La voiture du peuple
Dispositions pour la Défense Passive
Mercredi 13 juillet 1938
La Défense Passive existe officiellement depuis 1936. Pourtant, elle ne reste qu’au stade primaire de son développement et de sa mise en place. Les longueurs administratives sont un fait, les budgets doivent être votés, adoptés mais surtout, elle n’est pas réellement prise au sérieux par les Français qui, réticents, ne comprennent pas l’intérêt de toute cette organisation en temps de paix.
Dans les frontières du Grossdeutsches Reich (le Reich augmenté de l’Autriche), une carte d’identité marquée d’un J majuscule rouge est imposée aux Juifs. Deux jours plus tard, un nouveau décret interdira aux médecins juifs d’exercer auprès d’une clientèle non juive. Cette interdiction s’étendra également aux avocats, le 27 septembre suivant. Le 17 août, un autre décret ordonnera à l’état civil d’ajouter à tout prénom masculin d’une personne juive le complément « Israël » pour un homme et « Sara » pour celui d’une femme.
Chronologie Août 1938
Construction du camp de Mauthausen
Lundi 8 août 1938
En Haute-Autriche, à environ 20 kilomètres de la ville de Linz, 300 détenus en provenance du camp de Dachau sont chargés de la construction du camp de concentration de Mauthausen. En constante évolution et actif jusqu’au mois de mai 1945, il se transformera en un véritable complexe qui rassemblera jusqu’à 85 000 prisonniers simultanément, et causera la mort d’au moins 120 000 personnes.
Chronologie Septembre 1938
Adoption des mesures antisémites
Jeudi 1er septembre 1938
En Italie, une série de mesures antisémites comprenant l’expulsion des Juifs étrangers, la destitution de la citoyenneté italienne pour les Juifs naturalisés après 1918, et l’interdiction aux étudiants d’être scolarisés dans des établissements de l’État, est adoptée par le Conseil des ministres. Cette journée marque ainsi le début de l’alignement idéologique de l’Italie sur l’Allemagne nazie.
Hitler menace la Tchécoslovaquie
Lundi 12 septembre 1938
Après que Prague ait mobilisé une partie de ses forces – en réponse aux menaces allemandes et aux animosités polonaises et hongroises qui rêvent de s’emparer de certains de ses territoires -, Hitler prononce un discours lors du congrès nazie. Devant une foule fanatique, il hurle : « Vous comprendrez qu’une grande puissance ne peut tolérer une atteinte aussi infâme à ses droits les plus sacrés. La tolérance ne nous réconciliera jamais avec un ennemi aussi irréductible que les Tchèques ».
Tensions maximales
Mobilisation partielle
Mardi 13 septembre 1938
En France, et face à une situation de plus en plus explosive en Europe, Édouard Daladier ordonne la mobilisation de 750 000 réservistes. Il n’ira cependant pas plus loin, les Britanniques lui faisant comprendre qu’ils ne prendraient les armes que dans le cas où la France serait elle-même attaquée. Il s’en remet alors au Premier ministre du Royaume-Uni, Chamberlain, pour tenter autant que possible, d’apaiser les choses avec Hitler.
Vous comprendrez qu’une grande puissance ne peut tolérer une atteinte aussi infâme à ses droits les plus sacrés. La tolérance ne nous réconciliera jamais avec un ennemi aussi irréductible que les Tchèques !
Adolf Hitler
Führer du Troisième Reich nazi,Discours du 12 septembre 1938
Rencontre Hitler – Chamberlain
Jeudi 15 septembre 1938
De sa propre initiative, le Premier ministre britannique se rend au Berghof pour rencontrer Hitler, flatté d’une telle proposition. Le Führer lui affirme que la question des Sudètes est bien le seul point de litige. En revanche, il affirme aussi que celui-ci doit être « réglé immédiatement ». Chamberlain rentre à Londres après avoir acquiescé le principe « d’un détachement des régions Sudètes » de la Tchécoslovaquie. Pendant ce temps, l’Allemagne poursuit ses préparatifs d’invasion.
La Pologne réclame un plébiscite pour le district Tchécoslovaque de Teschen
Mercredi 21 septembre 1938
Prenant le précédent discours de Hitler comme un signal, le chef des Sudètes avait organisé une révolte en Tchécoslovaquie, très vite réprimée par Prague. Prétextant ainsi des incidents dont auraient été victimes les Sudètes, le Führer utilisera cet événement pour renverser la table des négociations en cours avec Chamberlain. Ce même jour, la Pologne réclame l’organisation d’un plébiscite pour le territoire de Teschen, et la Hongrie en fait de même pour des territoires qu’elle convoite.
Rupture des négociations
Jeudi 22 septembre 1938
À Godesberg et après la première rencontre entre les deux hommes du 15 septembre précédent, Chamberlain présente à Hitler l’accord qu’il est parvenu à obtenir avec les Tchèques. Celui-ci comprend de nouvelles conditions de cession des districts Sudètes à l’Allemagne. En retour, les alliances entre la Tchécoslovaquie, la France et l’URSS sont remplacées par un accord international – auquel se joindrait le Royaume-Uni – afin de garantir l’indépendance et la neutralité de la Tchécoslovaquie. « […] Désolé, cette solution est devenue inutile », répond Hitler.
Ultimatum pour Prague
Lundi 26 septembre 1938
Perdant totalement le contrôle de lui-même – selon William Shirer, reporter américain présent au moment des faits – Hitler déclare : « Il n’est plus temps de tergiverser. Ma patience est à bout. J’ai fait à Bénès (Président Tchécoslovaque) une offre. La décision est maintenant entre ses mains : la paix ou la guerre ». En réalité, la question des Sudètes n’est donc qu’un prétexte pour attaquer la Tchécoslovaquie. « Une chose est certaine, 1918 ne se répétera jamais », conclut Goebbels.
Après la signature des Accords de Munich. De gauche à droite : Chamberlain, Daladier, Hitler, Mussolini et le ministre italien des Affaires étrangères, le comte Galeazzo Ciano. En arrière-plan de gauche à droite Inconnu (probablement un diplomate britannique), Fromageot, Ribbentrop, Weizsäcker, Leger alias Saint-John Perse – Bundesarchiv, Bild 183-R69173 / CC-BY-SA 3.0
« Sauver la paix »
Accords de Munich
Vendredi 30 septembre 1938
Sous la médiation du dictateur italien, Hitler, Mussolini, Chamberlain et Daladier signent un texte dans lequel la France et la Grande-Bretagne accèdent aux revendications allemandes pour la région des Sudètes. Les deux pays entérinent ainsi la première agression allemande contre un pays souverain, non germanique. Aucun représentant de Tchécoslovaquie n’a été convié pour les discutions. La France trahit finalement ses engagements, dans lesquels elle devait garantir les frontières Tchécoslovaques.
Daladier en « sauveur de la paix »
Vendredi 30 septembre 1938
Le voyage retour de Édouard Daladier est accompagné de nombreux remords personnels. Convaincu d’avoir commis l’irréparable, il s’attend à être hué. Une fois à Paris, il est abasourdi par cette gigantesque foule qui l’ovationne, persuadée qu’il a « sauvé la paix ». Pourtant Daladier le sait, l’heure de vérité n’est que reportée. Convaincue que le pays n’est pas assez armé pour s’opposer à Hitler, la droite nationaliste approuve – moins par soutien au régime nazi que par pacifisme – les Accords de Munich.
On nous a d’abord demandé, revolver au poing, une livre sterling. Une fois cette livre accordée, on nous a demandé, revolver au poing, deux livres sterling. Pour finir, le dictateur s’est contenté d’une livre dix-sept shillings six pence, et le reste en promesses de bonne volonté pour l’avenir.
Winston Churchill
Député conservateur du Royaume-Uni,Extrait du discours du 5 octobre 1938
Chronologie Octobre 1938
La paix sauvée ne saurait être le signal de l’abandon. Elle doit marquer, au contraire, un nouveau sursaut des énergies de la nation française. Je vous le dis avec toute la force de conviction dont je suis capable : Si le pays devait s’abandonner et si le maintien de la paix n’était pour lui qu’une raison d’insouciance, nous irions avec rapidité, avec plus de rapidité que vous ne pourriez le croire, à des lendemains redoutables.
Édouard Daladier
Chef du gouvernement français,Discours du 4 octobre 1938
Daladier face à l’Assemblée nationale
Mardi 4 octobre 1938
Se laissant convaincre – peut-être par nécessité – d’avoir mené de bonnes négociations avec Hitler, Édouard Daladier prononce un discours à l’Assemblée nationale. Très largement acclamé par les députés (à l’exception des communistes), il justifie les Accords de Munich. Cependant, il déclare aussi que « la paix sauvée ne saurait être le signal de l’abandon. Elle doit marquer, au contraire, un nouveau sursaut des énergies de la nation française ».
Aussi bien en France qu’en Angleterre, les accords de Munich s’attirent tout de même de vives critiques. A sa femme, de Gaulle écrit : « La France a cessé d’être une grande nation ». Plus optimiste, Chamberlain annonce « la paix pour notre génération ». Mais dans la Chambre des communes, Winston Churchill se lève et prononce un discours mémorable, incroyablement prémonitoire, dans lequel il fustige ces accords. Pour l’heure cependant, il ne fait que dégrader un peu plus son image.
La région des Sudètes est rattachée au Troisième Reich nazi
Vendredi 21 octobre 1938
Conformément aux Accords de Munich, dont les décisions finales lui ont été annoncées par les Occidentaux, la Tchécoslovaquie perd plus de 17 600 km² de territoire, une part importante de son industrie, des fortifications perfectionnées, et son réseau ferroviaire est démembré.
Dans l’objectif d’assurer au mieux une plus juste répartition des biens et des denrées alimentaires entre les consommateurs, dans une période où les pénuries généralisées se renforcent, une première loi basée sur « l’organisation de la nation en temps de guerre » voit le jour. Elle donne la possibilité à l’État de réglementer par décret, l’importation des biens et des taxes mais aussi la commercialisation de certains produits ou ressources.
À Paris, Ernst vom Rath, fonctionnaire de l’ambassade d’Allemagne, reçoit deux balles de revolver, tirées par Herschel Grynspan, Juif-polonais séjournant en France. Après lui avoir envoyé son médecin personnel pour lui assurer les meilleurs soins, Hitler le nommera Conseiller d’ambassade. L’homme succombera finalement de ses blessures, après être tombé dans le coma. Sa mort deviendra le prétexte pour le déclenchement de la « Nuit de Cristal ».
Nuit de cristal
Mercredi 9 novembre 1938
Utilisant comme prétexte l’assassinat de vom Rath, Joseph Goebbels, ministre de la Propagande du Reich, déclenche la « Nuit de cristal ». Dans toute l’Allemagne, des pogroms antijuifs sont organisés : 7 500 entreprises et 250 synagogues sont détruites (dont une centaine par le feu), 30 000 Juifs sont arrêtés et près d’une centaine sont assassinés. Une « amende de réparation », sera par la suite imposée aux Juifs d’Allemagne pour la remise en état des bâtiments endommagés ou détruits.
Décret sur l’aryanisation
Samedi 12 novembre 1938
En Allemagne, les Juifs sont exclus des écoles, obligés de vendre leurs magasins, leurs entreprises et même leurs biens. L’accès aux espaces publics comme les stades, les musées, les piscines ou les théâtres, leur sont désormais interdit. « L’amende de réparation », décrétée pour réparer les dégâts causés par la « Nuit de cristal » s’élève à un million de Reichsmarks, alors que les indemnités des assureurs sont confisqués par l’État nazi.
Chronologie Décembre 1938
Déclaration franco-allemande
Mardi 6 décembre 1938
À Paris, le ministre des Affaires étrangères, Georges Bonnet, reçoit son homologue allemand, Joachim von Ribbentrop. Dans une déclaration commune, les deux pays s’engagent mutuellement à se concerter en cas de difficultés internationales et politiques et considèrent les frontières franco-allemande comme définitives.