En 1941, la Grèce et la Yougoslavie sont envahies par l’Allemagne nazie et ses alliés. En juin, Hitler ordonne la mise à exécution de l’opération Barbarossa et attaque l’Union Soviétique. À Pearl Harbor – dans le Pacifique – les Américains sont attaqués par surprise et sans déclaration de guerre par le Japon, faisant alors entrer les États-Unis dans cette guerre qui devient réellement mondiale.
La chronologie de la Seconde Guerre mondialepermet de comprendre et de contextualiser l’enchaînement des événements politiques, civils et militaires qui ont lieu en France et dans le monde, à travers des actualités et faits majeurs.
Le camp de Rivesaltes devient un camp d’internement
Mardi 14 janvier 1941
En quelques mois, plus de 50 000 personnes seront internées dans les différents camps du sud du pays par le gouvernement de l’État français. À partir du 14 janvier 1941, le camp de Rivesaltes devient officiellement un camp d’internement. Aux Espagnols ayant franchi la frontière pendant la guerre civile d’Espagne, s’ajoutent désormais des Juifs étrangers, mais aussi des Tsiganes et bien d’autres ressortissants étrangers.
Création du Conseil national
Mercredi 22 janvier 1941
Ayant mis un terme au régime démocratique, le gouvernement de Vichy recherche néanmoins un moyen de présenter un visage politique décent. En ce sens est créé une « assemblée consultative ». Cependant, la majorité de ses membres sont choisis par le chef de l’État – le maréchal Pétain – et tout est prévu pour empêcher le retour d’une réelle vie parlementaire ; il n’y a ni assemblée plénière, ni publicités des débats. Le Conseil National est uniquement consultatif.
À Paris, et avec le soutien de l’ambassade d’Allemagne, Marcel Déat fonde le Rassemblement National Populaire (RNP). Dès sa naissance, le mouvement critique ouvertement le gouvernement de Vichy. Il lui reproche notamment de ne pas se ranger suffisamment du côté des Allemands. Pour se faire, il milite activement pour un retour de Pierre Laval au pouvoir.
Démission de Pierre-Étienne Flandin
Dimanche 9 février 1941
Incapable d’obtenir la confiance de Otto Abetz et du Führer, Pierre-Étienne Flandin donne sa démission. Pour le renforcer dans ses fonctions, la France s’était pourtant dite prête à fabriquer du matériel de guerre pour le Reich et à relancer un ancien projet de construction commune d’un avion de chasse. Mais aux yeux des Allemands, cela n’était pas suffisant.
Nomination de François Darlan
Lundi 10 février 1941
L’amiral François Darlan remplace Pierre-Etienne Flandin aux Affaires étrangères, tout en cumulant les postes de vice-président du Conseil, de ministre de l’Information et bientôt ceux de l’Intérieur de la Défense. Plaidant en faveur de la collaboration avec l’Allemagne nazie, il est désigné – par Pétain lui-même – comme le successeur du chef de l’État.
Portrait du maréchal Rommel – Date inconnue – Bundesarchiv_Bild_146-1973-012-43
Création de la Deutsches Afrikakorps
Mercredi 19 février 1941
Afin de venir en aide aux troupes italiennes, en difficulté sur les terres libyennes face aux Britanniques, l’Allemagne créé la Deutsches Afrikakorps (plus communément appelée l’Afrikakorps). Placée sous le commandement du général Erwin Rommel, elle est composée de trois divisions, comptant un total de 250 chars et près de 45 000 hommes. Plus tard, ces divisions iront aussi se battre en Tunisie et en Égypte, où elles seront finalement stoppées, en 1942, par les Alliés.
À Vienne, une délégation bulgare signe l’adhésion au Pacte tripartite. La Bulgarie rejoint les puissances de l’Axe. Dès le lendemain, les troupes allemandes traverseront le pays pour rejoindre la Grèce, afin de prêter main forte aux soldats de Mussolini. Le 4 mars suivant, 68 000 soldats britanniques, australiens et néo-zélandais y atterriront aussi, pour soutenir le pays désormais fortement menacé.
En Libye
Bataille de Koufra
Samedi 1er mars 1941
Retranchées dans le fort d’El Tag en Libye, les forces italiennes sont prises en état de siège depuis plusieurs jours maintenant. Grâce à une très audacieuse tactique militaire imaginée par le colonel Leclerc, les Italiens – à bout de souffle – demandent les conditions d’une reddition, avec les honneurs. Il s’agit de la première bataille remportée par des troupes françaises sous commandement français, depuis juin 1940.
Au lendemain de la retentissante victoire des troupes françaises à Koufra, une cérémonie est organisée au sein du fort d’El Tag pour en célébrer sa symbolique forte. Au moment où le drapeau français est hissé sur le mât, le colonel Leclerc aurait prononcé ce qu’on appellera plus tard ; le serment de Koufra. Serment dans lequel il ferait jurer ses hommes de se battre contre les nazis et leurs alliés, jusqu’à la reconquête de Strasbourg.
Jurez de ne déposer les armes que le jour où nos couleurs, nos belles couleurs, flotteront sur la Cathédrale de Strasbourg.
Colonel Philippe Leclerc
Serment de Koufra,le 2 mars 1941
Loi du prêt-bail
Mardi 11 mars 1941
Sans entrer en guerre, les États-Unis s’engagent néanmoins contre l’Allemagne nazie avec la loi prêt-bail, votée par le Congrès. Celle-ci autorise le président à « vendre, céder, échanger, louer, ou doter par d’autres moyens » (matériel de guerre, denrées alimentaires, vêtements…) les gouvernements dont la défense serait vitale pour les USA. L’Amérique devient progressivement un arsenal géant qui profitera dans un premier temps à la Grande-Bretagne et plus tard, à l’Union Soviétique.
Création du commissariat général aux questions juives
Samedi 29 mars 1941
Créé par le régime de Vichy, le Commissariat Général aux Questions Juives (CGQJ) a pour mission de préparer et de proposer au chef de l’État, des mesures législatives à propos des Juifs en France. En outre et directement lié à la politique de collaboration, ce service est chargé d’appliquer la politique discriminatoire prônée par l’Allemagne nazie, sur l’ensemble du territoire français.
Les nazis lancent le programme 14F13 (aussi appelé Aktion 14F13). Celui-ci consiste à éliminer les malades mentaux et les prisonniers qui – au sein des camps de concentration – sont jugés trop malades ou trop âgés pour travailler. Envoyés puis gazés dans un premiers temps dans trois centres d’euthanasie – à Bernburg, Sonnenstein et Hartheim – trois autres ouvriront ensuite à Brandebourg, Grafeneck et Hadamar.
La Yougoslavie est envahie par les forces de l’Axe
Dimanche 6 avril 1941
Très tôt dans la matinée, l’Allemagne ainsi que l’Italie, la Roumanie et la Hongrie, envahissent la Yougoslavie sans déclaration de guerre. Ce même jour mais aussi jusqu’au lendemain, la Luftwaffe procèdera à de puissants bombardements sur Belgrade, pourtant déclarée « ville ouverte » par les autorités locales. En deux jours, les raids allemands feront plus de 17 000 morts parmi les populations civiles. Complètement dépassée, la Yougoslavie capitulera le 17 avril suivant.
Capitulation de la Grèce
Dimanche 20 avril 1941
Au terme de six mois de durs combats, les troupes italiennes et allemandes viennent à bout de l’armée grecque. À Athènes, le 30 avril suivant, les Allemands nommeront Georgios Tsolakoglou – ayant lui-même signé la reddition – à la tête du pays pour former un gouvernement collaborateur. Néanmoins, et dans plusieurs régions de Grèce, plusieurs poches de résistance antiallemande persisteront encore.
Entrée en service du camp de concentration du Struthof
Jeudi 1er mai 1941
En Alsace annexée, les nazis ouvrent le camp de concentration de Natzweiler-Struthof. Situé à proximité d’une carrière de granit rose, des milliers de détenus y seront notamment exploités comme main d’œuvre. Dans les mois à venir, le camp du Struthof sera le théâtre de nombreuses exécutions de résistants, de gazages de Juifs et de Tsiganes et « d’expériences médicales ». Jusqu’en 1944, près de 52 000 prisonniers y seront enregistrés et environ 18 000 d’entre eux y seront assassinés.
Rudolf Hess s’envole pour l’Angleterre
Samedi 10 mai 1941
S’envolant seul pour l’Écosse à bord d’un Messerschmitt, Rudolf Hess se fait volontairement capturer par les Britanniques, tout en prétendant être venu offrir une proposition de paix au Royaume-Uni. En Allemagne, la radio le présentera comme une personne victime de confusion mentale et d’hallucinations. Emprisonné à Londres, il est remplacé par Martin Bormann. Nommé à la tête de la Chancellerie du Reich, celui-ci est l’un des plus proches collaborateurs de Hitler.
Création de l’Institut d’étude des questions juives
Dimanche 11 mai 1941
Dans un immeuble appartenant au galeriste Paul Rosenberg – rue de la Boétie, à Paris – dont les œuvres ont été volées par les nazis, est ouvert l’Institut d’Étude des Questions Juives. Financé et dirigé par Theodor Dannecker, officier SS de l’ambassade d’Allemagne chargé du service antijuif de la Gestapo, il a pour principal objectif de diffuser la propagande antisémite en France. Plus tard, l’institut sera intégré au Commissariat général aux questions juives, lui-même créé par le régime Vichy, le mois suivant.
Entrevue Hitler – Darlan
Dimanche 11 mai 1941
À Berchtesgaden, l’amiral Darlan est reçu par Ribbentrop et Hitler. D’entrée, le Führer menace – en cas d’impossibilité d’entente avec la France – d’amputer définitivement le territoire occupé du pays. Ayant déjà manifesté son désir de collaborer, Darlan annonce que “La France est toute disposée à aider l’Allemagne à gagner la guerre”. En retour, il espère obtenir des concessions, en particulier une réduction des frais d’occupation et la libération des prisonniers français.
Dans un monde anglo-saxon triomphant, la France ne serait qu’un Dominion de seconde zone. Il s’agit de choisir entre la vie et la mort. Le maréchal et le gouvernement ont choisi la vie.
Amiral Darlan
Vice-président du Conseil des ministres,annonce diffusée à la radio le 14 mai 1941
Pour l’effort de guerre allemand
Mercredi 14 mai 1941
Au cours du Conseil des ministres, Darlan rapporte les menaces du Führer. Pour « sauver la nation française » l’amiral annonce la nécessité – selon lui – de travailler pour l’effort de guerre allemand.
Camp d’internement juif de Pithiviers dans le Loiret (France) : Dès leur arrivée au camp, les nouveaux arrivants sont soumis à des contrôles minutieux de la part de la police française – Bundesarchiv_Bild_183-S69238
Raflés par des français
Rafle du billet vert
Mercredi 14 mai 1941
En région parisienne, 6 694 Juifs étrangers âgés de 18 à 60 ans reçoivent une convocation, dont la couleur du papier est verte, pour un « examen de situation ». Sommés de se rendre dans l’un des divers lieux de rassemblement et ne pensant répondre qu’à une simple formalité administrative, 3 747 d’entre eux répondent à l’appel. Immédiatement arrêtés, ils sont transportés le jour même vers les camps d’internement du Loiret. Ils seront déportés à Auschwitz-Birkenau un an plus tard.
Après avoir lancé des centaines de bombardements contre des cibles militaires comme civiles, et face à l’incapacité de la Luftwaffe à vaincre l’aviation britannique, Hitler renonce à son projet d’invasion de l’île. La résistance morale des Anglais se veut alors renforcée, d’autant plus que dans ce même temps, les troupes britanniques font capituler l’armée italienne en Éthiopie, tout en la faisant également sérieusement reculer en Somalie et en Egypte.
Célébration de la fête des Mères
Dimanche 25 mai 1941
La Fête des Mères est pour la première fois célébrée sous le gouvernement de Vichy. Bien que cette dernière soit fêtée en France depuis l’entre-deux guerres, elle prend une toute autre forme sous l’autorité du maréchal Pétain. Celui-ci considère en effet que les femmes sont – en partie – responsables de la défaite, pour ne pas avoir assez procréé. Désormais, elles doivent davantage être au foyer et sont « mises sur un piédestal », afin d’inciter les Français à faire plus d’enfants.
Grève des mineurs
Mardi 27 mai 1941
Depuis le début de l’Occupation, le chômage se répand, la misère s’installe et les vagues de répression s’intensifient dans le Nord-Pas-de-Calais, alors sous administration allemande. Ce jour-là et jusqu’au 10 juin, 100 000 mineurs se mettent en grève – action bien évidemment interdite – sur les 143 000 mineurs recensés. Rapidement, le charbon vient à manquer et face à la plus grande grève de l’Europe occupée, les autorités allemandes accordent finalement quelques concessions.
Signature des protocoles de Paris
Mercredi 28 mai 1941
À Paris, trois protocoles sont signés par l’amiral Darlan et Otto Abetz. Ces derniers permettent à l’Allemagne de bénéficier des aérodromes français en Syrie, d’utiliser le port de Bizerte ainsi que la voie ferrée Tunis-Gabès en Tunisie, et d’obtenir un accès au port de Dakar. À Vichy et face au risque d’une potentielle entrée en guerre contre les États-Unis et le Royaume-Uni, plusieurs ministres font part de leur inquiétude. Le général Weygand propose même sa démission.
Chronologie Juin 1941
Second statut des juifs
Loi sur le recensement des Juifs en France
Lundi 2 juin 1941
En zone occupée comme en zone libre, les personnes appartenant au statut des Juifs, lui-même revu et durci, ont obligation de se faire recenser. En France, l’appartenance religieuse n’était plus mentionnée depuis 1872. Aussi, les interdictions professionnelles et accès à l’université s’élargissent grandement, quasiment toutes les professions et activités leur sont dorénavant interdites.
Se rendant peut-être compte qu’il était allé trop loin, Darlan déclare n’avoir eu aucune concession, en retour de la livraison des escales d’avions en Syrie. Avant toute prochaine application des protocoles de Paris, l’amiral présente une note aux Allemands – contenant 14 points – dans laquelle il exige le rétablissement de la souveraineté française, la suppression des frais d’occupation et le retour des prisonniers. En vain, les relations diplomatiques sont une nouvelle fois rompues. Parallèlement et aux yeux des Français, le gouvernement de Vichy fait de moins en moins l’unanimité.
Opération exporter
Dimanche 8 juin 1941
Après l’atterrissage des avions allemands en Syrie, des forces britanniques et françaises libres attaquent la Syrie et le Liban, alors sous autorité du régime de Vichy. Ce même jour, le général Catroux des Forces Françaises Libres lance une proclamation aux populations du Levant, abolissant le mandat de la France en Syrie et au Liban et proclamant les deux peuples « libres et indépendants ».
Français, vous avez vraiment la mémoire courte. […] Vous souffrez et vous souffrirez longtemps encore, car nous n’avons pas fini de payer toutes nos fautes. […] Ressaisissez-vous. Chassez vos alarmes, venez à moi avec confiance.
Maréchal Philippe Pétain
Chef de l'État français,Discours radiodiffusé du 17 juin 1941
Création du Commissariat général aux questions juives
Jeudi 19 juin 1941
Créé à l’initiative du gouvernement de Vichy, le Commissariat Général aux Questions Juives est chargé de proposer au maréchal Pétain les mesures les plus efficaces pour contrôle l’activité des Juifs en France. Placé sous la direction de Xavier Vallat, héros mutilé de la Première Guerre mondiale, il s’était déjà signalé avant-guerre par son hostilité à l’égard des Juifs et des francs-maçons. Il est aussi à l’origine même du second statut des Juifs, promulgué par Vichy moins d’un mois plus tôt.
Alors que 4/5 du territoire européen est sous contrôle nazi, Hitler lance l’opération « Barbarossa » et envoie plus de 3 millions de soldats et environ 500 000 véhicules, appuyés de 2 700 avions, à l’assaut de l’URSS. En Europe les Partis et mouvements communistes, jusqu’à présent « neutres » à l’égard de l’Allemagne, dans le cadre du pacte germano-soviétique, entrent en Résistance. Le Royaume-Uni et les États-Unis s’engagent à aider Staline.
Rupture des relations diplomatiques entre Vichy et Moscou
Dimanche 29 juin 1941
En conséquence du lancement de l’opération « Barbarossa », le gouvernement de Vichy rompt ses relations diplomatiques avec l’URSS, en mettant en avant les risques de troubles à l’ordre public et à la sécurité de l’État. Si le maréchal Pétain ne souhaite pas une victoire soviétique, il espère cependant voir les deux pays s’épuiser dans une lutte acharnée. « L’hitlérisme est condamné à s’effondrer » déclarait-il quelques jours plus tôt à l’ambassadeur américain.
Chronologie Juillet 1941
Création de la Légion des volontaires français
Mardi 8 juillet 1941
Après une réunion entre Otto Abetz et les chefs des principaux partis collaborationnistes (PPF, RNP, Ligue française et Parti franciste), la Légion des volontaires français (LVF) voit le jour. Avec l’accord du gouvernement de Vichy, celle-ci a pour mission de recruter et d’envoyer des Français sur le front de l’est « pour la défense de la civilisation européenne ». Intégrés dans la Wehrmacht et portant l’uniforme allemand avec un écusson tricolore cousu sur le bras, 2 600 hommes iront se battre dès l’automne suivant, contre les 80 000 espérés.
Signature de l’armistice franco-britannique
Lundi 14 juillet 1941
À Saint-Jean-d’Acre, l’armistice est signé par les généraux Wilson, pour la Grande-Bretagne, Catroux au nom des Forces françaises libres et Vernillac pour l’État français. Après cette conclusion, 2 000 des 20 000 soldats de Vichy présents décideront de poursuivre la lutte en rejoignant le général de Gaulle. La Syrie est désormais occupée par les Britanniques et par les Forces françaises libres. Cette campagne aura coûté la vie à 1 036 soldats vichystes et 800 hommes des troupes gaullistes.
Loi sur l’aryanisation des biens juifs en France
Mardi 22 juillet 1941
Sur pression allemande, le gouvernement de Vichy promulgue une « loi d’aryanisation des biens juifs ». Applicable en zone occupée comme en zone libre, elle doit permettre « d’éliminer toute influence juive dans l’économie nationale ». Tous les biens juifs sont mis sous administration provisoire de l’État français (revendus à une valeur souvent dévaluée). Trouvant la mesure trop faible, le Parti Populaire Français (PPF) s’insurge : « Les Juifs doivent redevenir pauvres pour que la France redevienne riche ».
Chronologie Août 1941
Création du Service d’Ordre Légionnaire
Août 1941
Ancien combattant des deux guerres et adorateur du maréchal Pétain, Joseph Darnand fonde le Service d’Ordre Légionnaire (SOL). Dévoué au régime de Vichy dont la devise est « Servir, obéir, lutter », ce service promet de se battre contre « la démocratie, la lèpre juive et la dissidence gaulliste ». Il participera notamment à la rafle de Marseille. Plus tard, il deviendra la Milice française et prendra part à des traques, des exécutions sommaires et autres rafles.
4 500 corps découverts
Massacre de Katyn
Août 1941
En URSS – après une avancée spectaculaire sur les troupes soviétiques – les Allemands découvrent plusieurs corps d’officiers polonais dans la forêt de Katyn. Tués un an plus tôt par l’Armée rouge lorsqu’elle occupait encore les lieux, 4 500 corps sont exhumés. Les nazis exploiteront cette découverte à des fins de propagande antijuive, à l’aide de nombreuses photographies prises sur place, qualifiant la scène de “massacre juif”.
Français, j’ai des choses graves à vous dire. De plusieurs régions de France, je sens se lever depuis quelques semaines un vent mauvais. […] En 1917, j’ai mis fin aux mutineries. En 1940, j’ai mis un terme à la déroute. Aujourd’hui, c’est de vous-mêmes que je veux vous sauver. […] Rappelez-vous ceci : un pays battu, s’il se divise, est un pays qui meurt. Un pays battu, s’il sait s’unir, est un pays qui renaît.
Maréchal Philippe Pétain
Chef de l'État français,Discours du "vent mauvais" radiodiffusé le 12 août 1941
Rafle du 11e arrondissement
Mercredi 20 août 1941
Sous le contrôle et à l’initiative du service des Affaires juives de la Gestapo (Sipo SD), la police municipale parisienne procède à l’arrestation, sur la voie publique et dans les habitations, de 4232 Juifs de diverses nationalités. Tous sont des hommes âgés de 18 à 50 ans, dont environ 1 500 sont des citoyens de nationalité française. L’opération s’est déroulée sans que le gouvernement français n’ait été consulté.
Attentat du métro Barbès
Jeudi 21 août 1941
À Paris, sur le quai du métro Barbès-Rochechouart, l’aspirant allemand Alfons Moser est abattu de deux balles dans le dos par Pierre Georges, jeune résistant communiste. Après cet événement, Vichy instaurera des tribunaux d’exception alors qu’en représailles, Hitler ordonnera l’exécution de 100 otages (des prisonniers français). Parmi eux se trouvera un autre résistant nommé Honoré d’Estienne d’Orves. Arrêté à Nantes le 21 janvier, il était à la tête du 2° Bureau : un organe de renseignement pour la France libre. Il sera fusillé le 29 août suivant au mont Valérien.
Opération Countenance
Lundi 25 août 1941
Avec l’appui des forces soviétiques, les Britanniques attaquent l’Iran dont l’empereur, Reza Pahlavi, est suspecté de sympathies pro-allemandes, malgré son statut neutre dans le conflit. Un mois plus tard, avant que les forces alliées n’entrent dans Téhéran, celui-ci abdiquera, laissant sa place à son fils Mohammed Reza Pahlavi, plus favorable aux Alliés.
Attentat de Versailles
Mercredi 27 août 1941
Au cours d’une prise d’arme de volontaires français (L.V.F) partant pour le front de l’est, Paul Collette, ancien Camelot du roi, ouvre le feu et tire sur plusieurs personnalités qui président la cérémonie. Parmi eux, Marcel Déat et Pierre Laval, tous deux blessés. Arrêté, Paul Collette sera condamné à mort avant que le maréchal Pétain ne revoit sa peine en détention à vie. Il sera finalement déporté à Mauthausen, mais libéré en mai 1945.
Chronologie Septembre 1941
Homme portant l’étoile jaune, peut-être à Berlin (septembre 1941) – Bundesarchiv, Bild 183-B04490 / Inconnu / CC-BY-SA 3.0
Le port de l’étoile jaune devient obligatoire en Allemagne
Lundi 1er septembre 1941
Par un décret signé de la main de Reinhard Heydrich, tous les Juifs d’Allemagne ont obligation de porter l’étoile jaune. Pour les nazis, ce « signe distinctif » permet la reconnaissance immédiate des « indésirables », de faciliter leur arrestation, tout en incitant à leur mise à l’écart dans la société.
Exposition Le Juif et la France
Vendredi 5 septembre 1941
À Paris, Le Juif et la France – une exposition raciste et antisémite organisée et financée par la propagande allemande – est inaugurée au Palais Berlitz. Cette dernière aurait attiré au moins 155 000 visiteurs. À l’aide de photographies, de dessins, de graphiques et de panneaux expliquant la soi-disante « emprise » des Juifs sur la société française, elle a pour objectif « d’aider les Français à reconnaître les Juifs par leurs caractéristiques physiques ».
Début du siège de Leningrad
Lundi 8 septembre 1941
Sur le front de l’Est, après une série de bombardements débutée le 4 septembre précédent, l’armée allemande lance un vaste raid sur la ville de Leningrad. Ce raid meurtrier marque le début du siège de l’ancienne capitale de l’Empire russe. Il durera 900 jours. Victimes du froid, de la malnutrition et de la famine provoquée par le blocus, un million des trois millions d’habitants périra au milieu des ruines de la ville.
La Shoah par balles
Massacre de Babi Yar
Lundi 29 septembre 1941
En Ukraine et en l’espace de trente-six heures seulement, les unités mobiles d’intervention allemande (Einsatzgruppen), placées sous le commandement du SS Paul Blobel, exécutent 33 000 Juifs de Kiev, dans un ravin situé à proximité de la ville. Les mois suivants, des dizaines de milliers d’autres Juifs seront assassinés au même endroit mais aussi en Biélorussie, en Lituanie, en Russie et en Pologne. La « Shoah par balles » fera plus d’un million de victimes : hommes, femmes et enfants confondus.
Chronologie Octobre 1941
Condamnation des anciens responsables de la Troisième République
Mercredi 15 octobre 1941
Par un nouvel acte constitutionnel lui attribuant rétrospectivement le pouvoir de juger personnellement les hauts responsables d’avant-guerre, un conseil de justice politique est créé. Il a pour mission de transmettre des propositions de verdicts au maréchal Pétain. Ainsi et sur un avis totalement arbitraire, Pétain peut enfin annoncer à la radio que Maurice Gamelin, Léon Blum et Edouard Daladier sont condamnés à la détention perpétuelle. Le 19 novembre suivant, douze parlementaires de confession juive se verront retirer leur nationalité française. Parmi eux, Léon Blum, Georges Mandel, Jules Moch, Jean Pierre-Bloch, Robert Lazurick ou encore Georges Lévy-Alphandéry.
Attentat de Nantes
Lundi 20 octobre 1941
À Nantes, le Feldkommandant de la ville – le lieutenant-colonel Karl Hotz – est abattu par une jeune communiste. En représailles, 27 otages emprisonnés depuis plusieurs mois seront exécutés deux jours plus tard à Chateaubriand. Parmi eux, les syndicalistes Timbaud et Michels, ainsi que le jeune militant communiste de 17 ans, Guy Môquet. Le 3 septembre dernier, un sous-officier avait également été tué à Paris, gare de l’Est, entraînant l’exécution de trois autres otages.
Ukraine
Massacre d’Odessa : 19 000 Juifs exécutés
Jeudi 23 octobre 1941
En Ukraine, la ville d’Odessa, occupée par les forces armées roumaines (alliées des nazis), est le théâtre d’un nouveau massacre à l’est. Au lendemain d’un attentat mortel contre l’état-major roumain ayant causé la mort de 40 personnes, 19 000 Juifs sont exécutés et leurs corps brûlés. Les jours suivants, la quasi-totalité des hommes juifs de la ville seront assassinés à leur tour, les survivants déportés. Au printemps suivant, il ne restera plus que 700 des 75 000 Juifs qui vivaient à Odessa.
Chronologie Décembre 1941
Enfin, monsieur le maréchal, qui sont les vainqueurs, vous ou nous ?
Maréchal Hermann Goering
s'adressant au maréchal Pétain,le 1er décembre 1941
Rencontre Pétain – Goering
Lundi 1er décembre 1941
En Bourgogne, à la gare de Saint-Florentin-Vergigny, le maréchal Pétain rencontre le maréchal allemand Goering. Après avoir une nouvelle fois reformulé ses intentions de collaboration, le chef de l’État français se lance dans la lecture d’un mémorandum de huit pages, rappelant les revendications du gouvernement maintes fois exprimées. En guise de réponse, Goering s’exclame : « Enfin, monsieur le maréchal, qui sont les vainqueurs, vous ou nous ? » L’entretien tourne au fiasco.
Echec de l’opération Barbarossa et contre-attaque de l’Armée rouge
Samedi 6 décembre 1941
Après avoir résisté à deux fortes offensives allemandes sur la ville de Moscou, l’Armée rouge, galvanisée, se lance dans une gigantesque contre-attaque, sur un front de 800 kilomètres. Déjà gênées par les conditions climatiques d’un hiver précoce, les troupes allemandes doivent reculer sur plusieurs kilomètres, perdant de nombreuses villes stratégiques. L’opération Barbarossa prévoyait la prise de Moscou avant l’automne ; c’est un échec.
Décret « nuit et brouillard »
Dimanche 7 décembre 1941
Pour faire face à la montée des actes de résistance dans les pays occupés et tout en répondant aux instructions de Himmler selon lesquelles « condamner les coupables de prison est un message de faiblesse », le maréchal Keitel promulgue le décret « Nuit et brouillard ». Celui-ci permet la déportation de tous les ennemis ou opposants supposés ou réels du Troisième Reich, et de les faire disparaitre dans le secret le plus absolu.
À Hawaï, le Japon attaque par surprise les États-Unis d’Amérique
Attaque de Pearl Harbor
Dimanche 7 décembre 1941
En réaction aux aides financières et matérielles apportées à la Chine par les États-Unis, les Japonais bombardent par surprise la base militaire de Pearl Harbor, à Hawaï. Événement majeur, véritable tournant de cette Seconde Guerre qui devient réellement mondiale, l’attaque cause la mort de 2 400 Américains et fait environ 1 200 blessés. Touché en plein cœur, le président Roosevelt déclarera la guerre au Japon dès le lendemain, lundi 8 décembre.
L’Allemagne et l’Italie déclarent la guerre aux États-Unis
Jeudi 11 décembre 1941
Accusant les États-Unis de violer les accords de neutralité, Hitler déclare la guerre aux USA. Il est suivi par Benito Mussolini pour l’Italie fasciste. Alors que les troupes japonaises se lancent à l’assaut des possessions britanniques et américaines en Malaisie, à Hongkong, aux Philippines et sur l’île de Guam, la Grande-Bretagne n’est désormais plus seule à lutter contre les forces de l’Axe.
Rafle des notables
Vendredi 12 décembre 1941
À Paris, la police française et l’armée allemande procèdent à l’arrestation de 743 Juifs français, installés depuis de nombreuses années au sein de la société française. Raflés car jugés « influents » par les autorités d’occupation, certains de ces hommes portent l’insigne de la Légion d’honneur. Internés durant trois mois au camp de transit de Compiègne, ils seront ensuite envoyés à Auschwitz, le 27 mars 1942, dans ce qui restera comme le premier convoi de déportés à quitter la France.
Hitler prend le commandement des forces militaires
Mardi 16 décembre 1941
Excédé par l’enlisement de la Wehrmacht sur le front de l’Est, le Führer décide de limoger son chef militaire de l’armée de terre – le général von Brauchitsch – ainsi que plusieurs commandants en chef des groupes d’armées. Hitler, sûr de ses capacités et de ses compétences, prend lui-même le commandement de toutes les forces militaires allemandes.
Les Vœux du maréchal
J’ai le devoir d’appeler déserteurs tous ceux qui, dans la presse comme dans la radio, à Londres comme à Paris, se livrent à d’abjectes besognes de désunion. Dans l’exil partiel auquel je suis astreint, dans la semi-liberté qui m’est laissée, j’essaie de faire tout mon devoir. Chaque jour, je tente d’arracher ce pays à l’asphyxie qui le menace, aux troubles qui le guettent. Aidez-moi.
Maréchal Philippe Pétain
Vœux du chef de l'État français,le 31 décembre 1941