Chronologie Janvier 1941
Mardi 14 janvier 1941
Le camp de Rivesaltes devient un camp d’internement
En quelques mois, plus de 50 000 personnes sont internées dans différents camps du Sud de la France et à partir du 14 janvier 1941, le camp de Rivesaltes devient officiellement un camp d’internement. Aux Espagnols enfermés, s’ajoutent désormais des Juifs étrangers, mais aussi des Tsiganes français et bien d’autres ressortissants étrangers encore.
Mardi 21 janvier 1941
Honoré d’estienne d’Orves est arrêté à Nantes
Père de quatre enfants et militaire de carrière dans la marine française, Honoré d’Estienne d’Orves rejette l’armistice et rejoint à Londres, le général de Gaulle. Nommé à la tête du 2° bureau, un organisme chargé du renseignement pour la France Libre, et désireux de passer lui-même à l’action, il avait quitté l’Angleterre pou rejoindre clandestinement la France, le 22 décembre 1940.
Mercredi 22 janvier 1941
Création du Conseil national
Ayant mis un terme à la démocratie, le régime de Vichy recherche avant tout un moyen un moyen de présenter un visage politique plus décent. Ainsi, une “assemblée consultative” est créée. Néanmoins, la majorité de ses membres y sont choisis par le chef de l’Etat et tout est prévu pour empêcher le retour d’une réelle vie parlementaire ; il n’y a ni assemblée plénière, ni publicités des débats. Le Conseil National est uniquement consultatif.
Mardi 28 janvier 1941
Henri Frenay quitte l’armée de Vichy
Avant même le début de la guerre, Henri Frenay avait compris le danger que représentait l’Allemagne nazie pour la France. Fait prisonnier au cours de la bataille de France, il parvient à s’échapper et rejoint la Zone sud pour reprendre son activité militaire. Dans un premier temps fidèle au maréchal Pétain en qui il accorde sa confiance, le capitaine Frenay s’en détache et rejette toujours plus la collaboration. Il décide alors de quitter l’armée de Vichy pour la Résistance.
Chronologie Février 1941
Samedi 1er février 1941
Fondation du Rassemblement national populaire
A Paris, et avec le soutien de l’ambassade d’Allemagne, Marcel Déat fonde le Rassemblement National Populaire (RNP). Dès sa naissance, le mouvement critique ouvertement le gouvernement de Vichy, lui reprochant notamment de ne pas se ranger suffisamment du côté des Allemands. En ce sens, il milite activement pour un retour de Pierre Laval au sein du gouvernement français.
Dimanche 9 février 1941
Démission de Pierre-Étienne Flandin
Incapable d’obtenir la confiance d’Otto Abetz et du Führer, Pierre-Étienne Flandin donne sa démission. Pour le renforcer dans ses fonctions, la France s’était pourtant dite prête à fabriquer du matériel de guerre pour le Reich et à relancer un ancien projet de construction commune d’un avion de chasse. Mais aux yeux des Allemands, cela ne suffit pas. Flandin démissionnaire est alors remplacé par l’amiral Darlan – nommé vice-président du Conseil – titre que n’avait pas son prédécesseur.
Lundi 10 février 1941
François Darlan remplace Flandin
L’amiral François Darlan remplace Pierre-Etienne Flandin aux Affaires étrangères tout en cumulant les postes de vice-président du Conseil, de ministre de l’Information et bientôt ceux de l’Intérieur de la Défense. Plaidant en faveur de la collaboration avec l’Allemagne, il est désigné – par Pétain lui-même – comme le successeur de chef de l’État, obtenant ainsi un pouvoir très important.
Mercredi 19 février 1941
Création de la Deutsches Afrikakorps
Afin de venir en aide aux troupes italiennes, mises à mal par les Britanniques en Libye, l’Allemagne créé la Deutsches Afrikakorps (plus communément appelée l’Afrikakorps). Placée sous le commandement du général Rommel, elle est composée de trois divisions, comptant un total de 250 chars et près de 45 000 hommes. Plus tard, ces trois division iront aussi se battre en Tunisie et en Égypte, où elles seront finalement stoppées en 1942 par des Français Libres.
Chronologie Mars 1941
Samedi 1er mars 1941
La Bulgarie se range aux côtés de l’Allemagne Nazie
A Vienne, les délégués de la Bulgarie signent leur adhésion au Pacte tripartite et rejoignent ainsi les puissances de l’Axe. Dès le lendemain, les troupes allemandes traverseront le pays pour rejoindre la Grèce afin de prêter main forte aux soldats de Mussolini. Le 4 mars suivant, 68 000 soldats britanniques, australiens et néo-zélandais atterriront en Grèce pour soutenir le pays fortement menacé.
Samedi 1er mars 1941
Le colonel Leclerc s’empare de Koufra
Retranchées dans le fort d’El Tag en Libye, les forces italiennes sont prises en état de siège depuis plusieurs jours maintenant. Grâce à une très audacieuse tactique militaire imaginée par le colonel Leclerc, les Italiens – à bout de souffle – demandent les conditions d’une reddition avec les honneurs ce jour même. Il s’agit de la première bataille remportée par des troupes françaises sous commandement français depuis juin 1940.
Dimanche 2 mars 1941
Le serment de Koufra
Au lendemain de la retentissante victoire des troupes françaises à Koufra, une cérémonie est organisée au sein du fort d’El Tag pour en célébrer sa symbolique forte. Au moment où le drapeau français est hissé sur le mât du fort, le colonel Leclerc aurait prononcé ce qu’on appellera plus tard ; le serment de Koufra. Serment dans lequel il ferait jurer ses hommes de se battre contre les nazis et leurs alliés, jusqu’à la reconquête de Strasbourg.
Mardi 11 mars 1941
Loi du prêt-bail
Sans entrer en guerre, les États-Unis s’engagent néanmoins contre l’Allemagne nazie, avec la loi prêt-bail, votée par le Congrès. Celle-ci autorise le président à “vendre, céder, échanger, louer, ou doter par d’autres moyens” (matériel de guerre, denrées alimentaires, vêtements…) les gouvernements dont la défense serait vitale pour les USA. L’Amérique devient progressivement un arsenal géant qui profite dans un premier temps à la Grande-Bretagne et plus tard, à l’Union Soviétique.
Samedi 29 mars 1941
Création du commissariat général aux questions juives
Créé par le régime de Vichy et aussi appelé le CGQJ, le Commissariat Général aux Questions Juives a pour mission de préparer et de proposer au chef de l’État des mesures législatives à propos des Juifs en France. En outre et directement lié à la politique de collaboration, ce service est chargé d’appliquer la politique discriminatoire prônée par l’Allemagne nazie sur l’ensemble du territoire français.
Chronologie Avril 1941
Avril 1941
Lancement du programme 14F13
Les nazis lancent le programme 14F13 (aussi appelé Aktion 14F13) qui consiste à l’élimination des malades mentaux et des prisonniers qui – au sein des camps de concentration – sont jugés trop malades ou trop âgés pour travailler. Envoyés puis gazés dans un premiers temps dans trois centre d’euthanasie – à Bernburg, Sonnenstein et Hartheim – trois autres centres ouvriront ensuite à Brandebourg, Grafeneck et Hadamar.
Dimanche 6 avril 1941
La Yougoslavie est envahie
Très tôt dans la matinée, l’Allemagne ainsi que l’Italie, la Roumanie et la Hongrie envahissent la Yougoslavie sans déclaration de guerre. Ce même jour mais aussi jusqu’au lendemain, la Luftwaffe procède à de puissants bombardements sur Belgrade, pourtant déclarée “ville ouverte” par les autorités locales. En deux jours, les raids allemands font plus de 17 000 morts parmi les populations civiles. Complètement dépassée, la Yougoslavie capitulera le 17 avril suivant.
Dimanche 20 avril 1941
Reddition de la Grèce
Après près de six mois de durs combats, les troupes italiennes et allemandes viennent à bout de l’armée grecque. A Athènes, le 30 avril suivant, les Allemands nomment Georgios Tsolakoglou – ayant lui-même signé la reddition – à la tête du pays pour former un gouvernement collaborateur. Néanmoins, et dans plusieurs régions de Grèce, plusieurs poches de résistance antiallemande persisteront.
Chronologie Mai 1941
Jeudi 1er mai 1941
Ouverture du camp du Struthof
En Alsace, les nazis ouvrent le camp de concentration de Natzweiler-Struthof, lui-même situé à proximité d’une carrière de granit rose. En son sein, il sera le théâtre de nombreuses exécutions de résistants, de gazages de Juifs et de Tsiganes et “d’expériences” médicales. Jusqu’en 1944, près de 52 000 prisonniers y seront enregistrés et environ 18 000 d’entre eux y seront assassinés.
Vendredi 9 mai 1941
Condamnation de Pierre Mendès France
Membre du gouvernement de Léon Blum et mobilisé comme officier depuis le début de la guerre, le député avait été arrêté au Maroc le 31 août 1940. Ayant eu pour ambition de poursuivre la guerre, il avait embarqué à bord d’un navire pour rejoindre l’Afrique, alors que le gouvernement s’était réfugié à Bordeaux, au cours de la bataille de France. Rapatrié à Marseille puis jugé par le tribunal militaire de Clermont-Ferrand, il est condamné à six ans de prison pour désertion.
Samedi 10 mai 1941
Bormann nommé à la tête de la Chacellerie du parti
S’envolant seul à bord d’un Messerschmitt pour l’Ecosse – sans l’accord de Hitler – l’adjoint du Führer se fait volontairement capturer par les Britanniques et prétend être venu offrir une proposition de paix. En Allemagne, la radio le présente comme victime de confusion mentale et d’hallucinations. Emprisonné à Londres, il est remplacé par Martin Bormann, l’un des plus proches du dictateur allemand.
Dimanche 11 mai 1941
Création de l’Institut d’étude des questions juives
Dans un immeuble appartenant au galeriste Paul Rosenberg – rue de la Boétie, à Paris – dont les œuvres ont été volées par les nazis, est ouvert l’Institut d’Étude des Questions Juives. Financé et dirigé par Theodor Dannecker, officier SS de l’ambassade d’Allemagne chargé du service antijuif de la Gestapo, il a pour principal objectif de diffuser la propagande antisémite en France. Plus tard, l’institut sera intégré au Commissariat général aux questions juives, créé par Vichy le mois suivant.
Dimanche 11 mai 1941
Entrevue entre Hitler et Darlan
A Berchtesgaden, l’amiral Darlan est reçu par Ribbentrop et Hitler. D’entrée, le Führer menace – en cas d’impossibilité d’entente avec la France – d’amputer définitivement le territoire occupé du pays. Ayant déjà manifesté son désir de collaborer, Darlan annonce que “La France est toute disposée à aider l’Allemagne à gagner la guerre”. En retour, il espère obtenir des concessions, en particulier une réduction des frais d’occupation et la libération des prisonniers français.
Mercredi 14 mai 1941
Le choix de la collaboration
Au cours du Conseil des ministres, Darlan rapporte les menaces du Führer. Pour “sauver la nation française” l’amiral annonce la nécessité – selon lui – de travailler pour l’effort de guerre allemand. Auprès des Français, le choix de la collaboration est ainsi plaidé à la radio : “Dans un monde anglo-saxon triomphant, la France ne serait qu’un Dominion de seconde zone. Il s’agit de choisir entre la vie et la mort. Le maréchal et le gouvernement ont choisi la vie.”
Mercredi 14 mai 1941
Rafle du billet vert
En région parisienne, 6 694 Juifs étrangers âgés de 18 à 60 ans reçoivent une convocation, dont la couleur du papier est verte, pour un “examen de situation”. Sommés de se rendre dans l’un des divers lieux de rassemblement et ne pensant répondre qu’à une simple formalité administrative, 3 747 d’entre eux répondent à l’appel. Immédiatement arrêtés, ils sont transportés le jour même vers les camps d’internement du Loiret avant d’être déportés à Auschwitz-Birkenau un an plus tard.
Mercredi 21 mai 1941
Fin de la bataille d’Angleterre
Après avoir lancé des centaines de bombardements contre des cibles militaires comme civiles, et face à l’incapacité de la Luftwaffe à vaincre l’aviation britannique, Hitler renonce à son projet d’invasion de l’île. La résistance morale des Anglais se veut alors renforcée, d’autant plus que dans ce même temps, les troupes britanniques font capituler l’armée italienne en Éthiopie et la font aussi sérieusement reculer en Somalie et en Egypte.
Dimanche 25 mai 1941
Célébration de la fête des Mères
La Fête des Mères est pour la première fois célébrée sous le gouvernement de Vichy. Bien que cette dernière est fêtée en France depuis l’entre-deux guerres, elle prend une tout autre forme sous l’autorité du maréchal Pétain, dont celui-ci considère les femmes comme – en partie – responsables de la défaite pour ne pas avoir assez procréé. Désormais, les femmes sont au foyer, “mises sur un piédestal” pour inciter les Français à faire plus d’enfants.
Mardi 27 mai 1941
Grève des mineurs
Depuis le début de l’Occupation, le chômage se répand, la misère s’installe et les vagues de répression s’intensifient dans le Nord-Pas-de-Calais, alors sous administration allemande. Ce jour-là et jusqu’au 10 juin, 100 000 mineurs se mettent en grève – action bien évidemment interdite – sur les 143 000 mineurs recensés. Rapidement, le charbon vient à manquer et face à la plus grande grève de l’Europe occupée, les autorités allemandes accordent finalement quelques améliorations.
Mercredi 28 mai 1941
Signature des protocoles de Paris
A Paris, trois protocoles sont signés par l’amiral Darlan et Otto Abetz. Ces derniers permettent à l’Allemagne de bénéficier des aérodromes français en Syrie, d’utiliser le port de Bizerte ainsi que la voie ferrée Tunis-Gabès, en Tunisie, et d’obtenir un accès au port de Dakar. A Vichy et face au risque d’une entrée en guerre contre les États-Unis et le Royaume-Uni, plusieurs ministres font part de leur inquiétude, Weygand propose même sa démission.
Chronologie Juin 1941
Lundi 2 juin 1941
Loi sur le recensement des Juifs
En zone occupée comme en zone libre, les personnes appartenant au statut des Juifs, lui-même revu et durci, ont obligation de se faire recenser. En France, l’appartenance religieuse n’était plus mentionnée depuis 1872. Aussi, les interdictions professionnelles et accès à l’université s’élargissent grandement, quasiment toutes les professions et activités leurs sont dorénavant interdites.
Jeudi 5 juin 1941
Nouvelle rupture des ralations franco-allemandes
Se rendant peut-être compte qu’il était allé trop loin, Darlan déclare n’avoir eu aucune concession en retour de la livraison des escales d’avions en Syrie. Avant toute prochaine application des protocoles de Paris, l’amiral présente une note aux Allemands – contenant 14 points – dans laquelle il exige le rétablissement de la souveraineté française, la suppression des frais d’occupation et le retour des prisonniers. En vain, les relations diplomatiques sont une nouvelle fois rompues.
Dimanche 8 juin 1941
Opération exporter
Après l’atterrissage des avions allemands en Syrie, des forces anglaises, accompagnées de forces françaises gaullistes – placée sous les ordres du général Legentilhomme – attaquent la Syrie et le Liban, alors sous l’autorité de Vichy. Ce même jour, le général Catroux des Forces Françaises Libres lance une proclamation aux populations du Levant, abolissant le mandat de la France en Syrie et au Liban et proclamant les deux peuples “libres et indépendants”.
Mardi 17 juin 1941
Discours du maréchal Pétain
En France, le gouvernement de Vichy fait de moins en moins l’unanimité et la chef de l’État n’est pas le dernier à le ressentir. Un an après son appel à l’arrêt des hostilités, le maréchal Pétain prend une nouvelle fois la parole à la radio : “Français, vous avez vraiment la mémoire courte. […] Vous souffrez et vous souffrirez longtemps encore, car nous n’avons pas fini de payer toutes nos fautes. […] Ressaisissez-vous. Chassez vos alarmes, venez à moi avec confiance.”
Jeudi 19 juin 1941
Création du Commissariat général aux questions juives
Créé à l’initiative du gouvernement de Vichy, le Commissariat Général aux Questions Juives est chargé de proposer au maréchal Pétain les mesures les plus efficaces pour contrôle l’activité des Juifs en France. Placé sous la direction de Xavier Vallat, héros mutilé de la Première Guerre mondiale, il s’était déjà signalé avant-guerre par son hostilité à l’égard des Juifs et des francs-maçons. Il est aussi à l’origine même du second statut des Juifs promulgué par Vichy moins d’un mois plus tôt.
Dimanche 22 juin 1941
Opération Barbarossa
Alors que 4/5 du territoire européen est sous contrôle nazi, Hitler lance l’opération “Barbarossa” et envoie plus de 3 millions de soldats et environ 500 000 véhicules, appuyés de 2 700 avions, à l’assaut de l’URSS. En Europe – et donc aussi en France – les partis communistes, jusqu’à présent neutres à l’égard de l’Allemagne dans le cadre du pacte germano-soviétique, entrent en résistance. Le Royaume-Uni s’engage à aider Staline, de même que les États-Unis, pourtant neutres.
Dimanche 29 juin 1941
Rupture des relations diplomatiques entre Vichy et Moscou
En conséquence du lancement de l’opération “Barbarossa”, le gouvernement de Vichy rompt ses relations diplomatiques avec l’URSS, mettant en avant les risques de troubles à l’ordre public et à la sécurité de l’État. Si le maréchal Pétain ne souhaite pas une victoire soviétique, il espère cependant voir les deux pays s’épuiser dans une lutte acharnée. “L’hitlérisme est condamné à s’effondrer” déclarait-il quelques jours plus tôt à l’ambassadeur américain.
Chronologie Juillet 1941
Mardi 8 juillet 1941
Création de la Légion des volontaires français
Après une réunion entre Otto Abetz et les chefs des principaux partis collaborationnistes (PPF, RNP, Ligue française et Parti franciste), la Légion des volontaires français (LVF) voit le jour. Avec l’accord de Vichy, elle doit envoyer des Français sur le front de l’est “pour la défense de la civilisation européenne”. Intégrés dans la Wehrmacht et portant l’uniforme allemand avec un écusson tricolore cousu sur le bras, 2 600 hommes iront se battre à l’automne suivant, contre les 80 000 espérés.
Lundi 14 juillet 1941
Armistice franco-britannique
A Saint-Jean-d’Acre, l’armistice est signé par les généraux Wilson, pour la Grande-Bretagne, Catroux au nom des Forces françaises libres et Vernillac pour les forces de Vichy. Après cette signature, 2 000 des 20 000 soldats de Vichy présents décideront de poursuivre la lutte en rejoignant le général de Gaulle. La Syrie est désormais occupées par les Britanniques et par les Forces françaises libres. Cette campagne aura coûté la vie à 1 036 soldats vichystes et 800 hommes des troupes gaullistes.
Mardi 22 juillet 1941
Loi sur l’aryanisation des biens juifs
Sur pression allemande, le gouvernement de Vichy promulgue une “loi d’aryanisation des biens juifs”. Elle est applicable en zone occupée comme en zone libre. “En vue d’éliminer toute influence juive dans l’économie nationale”, tous les biens juifs sont mis sous administration provisoire de l’État français (revendus à une valeur souvent dévaluée). Trouvant la mesure trop faible, le Parti Populaire Français (PPF) s’insurge : “Les Juifs doivent redevenir pauvres pour la France redevienne riche.”
Chronologie Août 1941
Août 1941
Création du Service d’Ordre Légionnaire
Ancien combattant des deux guerres et rallié au gouvernement de Vichy, Joseph Darnand fonde le Service d’Ordre Légionnaire (SOL). Dévoué au régime de Vichy dont la devise est “Servir, obéir, lutter”, ce service promet de se battre contre “la démocratie, la lèpre juive et la dissidence gaulliste”. Il participera notamment à la rafle de Marseille. Plus tard, il deviendra la Milice française et prendra part à des traques, des exécutions sommaires et autres rafles.
Août 1941
Massacre de Katyn
En Pologne orientale – après une avancée spectaculaire contre les troupes soviétiques – les Allemands découvrent plusieurs corps d’officiers polonais dans la forêt de Katyn. Tués un an plus tôt par l’Armée rouge lorsqu’elle occupait encore le pays, 4 500 corps sont exhumés. Les nazis exploiteront cette découverte à des fins de propagande antijuive, à l’aide de nombreuses photos prises sur place, qualifiant la scène de “massacre juif”.
Mardi 12 août 1941
Discours du “vent mauvais”
Après une première allocution – le 17 juin – Pétain reprend la parole. Il est plus alarmiste : “Français, j’ai des choses graves à vous dire. De plusieurs régions de France, je sens se lever depuis quelques semaines un vent mauvais. […] En 1917, j’ai mis fin aux mutineries. En 1940, j’ai mis un terme à la déroute. Aujourd’hui, c’est de vous-mêmes que je veux vous sauver. […] Rappelez-vous ceci : un pays battu, s’il se divise, est un pays qui meurt. Un pays battu, s’il sait s’unir, est un pays qui renaît”.
Mercredi 20 août 1941
Rafle du 11e arrondissement de Paris
Sous le contrôle et à l’initiative du service des affaires juives de la Gestapo (Sipo SD), la police municipale parisienne procède à l’arrestation – sur la voie publique et dans les habitations, dans le 11e arrondissement en premier lieu – de 4232 Juifs de diverses nationalités. Tous sont des hommes âgés de 18 à 50 ans, dont environ 1500 sont citoyens français. L’opération se déroule sans que le gouvernement français ait été consulté.
Jeudi 21 août 1941
Attentat du métro de Barbès
A Paris, sur le quai du métro Barbès-Rochechouart, l’aspirant allemand Alfons Moser est abattu de deux balles dans le dos par Pierre Georges, jeune résistant communiste. Face à cet événement, Vichy instaurera des tribunaux d’exception alors qu’en représailles, Hitler ordonne l’exécution de 100 otages (des prisonniers français). Parmi eux, un autre jeune résistant nommé Honoré d’Estienne d’Orves. Il sera fusillé le 29 août suivant au mont Valérien.
Lundi 25 août 1941
Opération Countenance
Avec l’appui des forces soviétiques, les Britanniques attaquent l’Iran dont l’empereur, Reza Pahlavi, est suspecté de sympathies pro-allemandes, malgré son statut neutre dans le conflit. Un mois plus tard, avant que les forces alliées n’entrent dans Téhéran, celui-ci abdiquera, laissant sa place à son fils, Mohammed Reza Pahlavi, favorable aux Alliés.
Mercredi 27 août 1941
Attentat de Versailles
Au cours d’une prise d’arme de volontaires français (L.V.F) partant pour le front de l’est, Paul Collette, ancien Camelot du roi, ouvre le feu et tire sur plusieurs personnalités qui président la cérémonie. Parmi eux, Marcel Déat et Pierre Laval, tous deux blessés. Arrêté, Paul Collette sera condamné à mort avant que le maréchal Pétain ne revoit sa peine en détention à vie. Il sera finalement déporté à Mauthausen, mais libéré en mai 1945.
Chronologie Septembre 1941
Lundi 1er septembre 1941
Le port de l’étoile jaune devient obligatoire en Allemagne
En Allemagne, et par un décret signé de la main de Reinhard Heydrich, tous les Juifs d’Allemagne ont obligation de porter l’étoile jaune. Deux jours plus tard – en Pologne occupée – les nazis testeront pour la première fois le Zyklon-B pour assassiner des prisonniers de guerre soviétiques, dans le camp de concentration d’Auschwitz. Devant son efficacité, Rudolf Höss, commandant du camp, en généralisera sont utilisation.
Vendredi 5 septembre 1941
Inauguration de l’exposition Le Juif et la France
A Paris, Le Juif et la France – une exposition raciste et antisémite organisée et financée par la propagande allemande – est inaugurée au Palais Berlitz. Cette dernière aurait attirée au moins 155 000 visiteurs. A l’aide de photographies, de dessins, de graphiques et de panneaux expliquant “l’emprise” des Juifs sur la société française, elle a pour objectif “d’aider les Français à reconnaître les Juifs par leurs caractéristiques physiques”.
Lundi 8 septembre 1941
Début du siège de Leningrad
Sur le front est, et après une série de bombardements débutée le 4 septembre précédent, l’armée allemande lance un raid meurtrier sur la ville de Leningrad, marquant ainsi le début d’un siège de neuf cents jours de l’ancienne capitale de l’Empire russe. Victimes du froid, de la malnutrition et de la famine provoquée par le blocus, un million des trois millions d’habitants périront au milieu des ruines de la ville.
Lundi 29 septembre 1941
Massacre de Babi Yar
En Ukraine et en l’espace de trente-six heures seulement, les unités mobiles d’intervention allemande (Einsatzgruppen), placées sous le commandement du SS Paul Blobel, exécutent 33 000 Juifs de Kiev, dans un ravin situé à proximité de la ville. Les mois suivants, des dizaines de milliers d’autres Juifs seront assassinés au même endroit mais aussi en Biélorussie, en Lituanie, en Russie et en Pologne. La “Shoah par balles” fera plus d’un million de victimes : hommes, femmes et enfants.
Chronologie Octobre 1941
Mercredi 15 octobre 1941
Condamnation des anciens responsables de la IIIe République
Grâce à un nouvel acte constitutionnel lui attribuant rétrospectivement le pouvoir de juger personnellement les hauts responsables d’avant-guerre, un conseil de justice politique est créé, ayant pour mission de transmettre des propositions de verdicts au maréchal Pétain. Ainsi et sur un avis totalement arbitraire, Pétain peut enfin annoncer à la radio, le 15 octobre de cette même année, que Maurice Gamelin, Léon Blum et Edouard Daladier sont condamnés à la détention perpétuelle.
Lundi 20 octobre 1941
Attentat de Nantes
A Nantes, le Feldkommandant de la ville – le lieutenant-colonel Karl Hotz – est abattu par une jeune communiste. En représailles, 27 otages, emprisonnés depuis plusieurs mois, seront exécutés deux jours plus tard à Chateaubriand. Parmi eux, les syndicalistes Timbaud et Michels ainsi que le jeune militant communiste de 17 ans, Guy Môquet. Le 3 septembre dernier, un sous-officier avait aussi été tué à Paris, gare de l’Est, entraînant l’exécution de trois autres otages.
Jeudi 23 octobre 1941
Massacre d’Odessa
En Ukraine, la ville d’Odessa, occupée par les forces armées roumaines alliées des nazis, est le théâtre d’un nouveau massacre à l’est. Au lendemain d’un attentat mortel contre l’état-major roumain, ayant causé la mort de 40 personnes – 19 000 Juifs sont exécutés, leurs corps brûlés. Les jours suivants, la quasi-totalité des hommes juifs de la ville seront assassinés à leur tour, les survivants déportés. Au printemps suivant, il ne restera plus que 700 des 75 000 Juifs qui vivaient à Odessa.
Chronologie Novembre 1941
Mercredi 19 novembre 1941
Déchéance de nationalité pour douze parlementaires
De confession juives, douze parlementaires se voient retirer leur nationalité française, dont Léon Blum, Georges Mandel, Jules Moch, Jean Pierre-Bloch, Robert Lazurick et Georges Lévy-Alphandéry.
Chronologie Décembre 1941
Lundi 1er décembre 1941
Rencontre entre Pétain et Goering
En Bourgogne, à la gare de Saint-Florentin-Vergigny, le maréchal Pétain rencontre le maréchal allemand Goering. Après avoir une nouvelle fois reformulé ses intentions de collaboration, le chef de l’État français se lance dans la lecture d’un mémorandum de huit pages, rappelant les revendications du gouvernement maintes fois exprimées. En guise de réponse, Goering s’exclame : “Enfin, monsieur le maréchal, quels sont les vainqueurs, vous ou nous ?” L’entretien tourne au fiasco.
Samedi 6 décembre 1941
Échec de l’opération Barbarossa
Après avoir résisté à deux fortes offensives allemandes sur la ville de Moscou, l’Armée rouge, galvanisée, se lance dans une gigantesque contre-attaque, sur un front de 800 kilomètres. Déjà gênées par les conditions climatiques d’un hiver précoce, les troupes allemandes doivent reculer de plusieurs kilomètres, perdant de nombreuses villes stratégiques. L’opération Barbarossa prévoyait la prise de Moscou avant l’automne ; c’est un échec.
Dimanche 7 décembre 1941
Décret “nuit et brouillard”
Pour faire face à la montée des actes de résistance dans les pays occupés et répondant aux instructions de Himmler selon lesquelles “condamner les coupables de prison est un message de faiblesse”, le maréchal Keitel promulgue le décret “Nuit et brouillard” qui permet la déportation de tous les ennemis ou opposants supposés du Troisième Reich et de les faire disparaitre dans le secret le plus absolu.
Dimanche 7 décembre 1941
Attaque de Pearl Harbor
En réaction aux aides financières et matérielles apportées à la Chine par les États-Unis, les Japonais bombardent par surprise la base militaire de Pearl Harbor, à Hawaï. Événement majeur, véritable tournant de cette Seconde Guerre qui devient réellement mondiale, l’attaque cause la mort de 2 400 Américains et fait 1 200 blessés. Touché en plein cœur, le président Roosevelt déclarera la guerre au Japon dès le lendemain, lundi 8 décembre.
Jeudi 11 décembre 1941
L’Allemagne et l’Italie déclarent la guerre aux états-unis
Accusant les États-Unis de violer les accords de neutralité passés avec les pays alliés à l’Allemagne nazie, Adolf Hitler déclare la guerre aux USA. Il est suivi par Benito Mussolini pour l’Italie fasciste. Alors que les troupes japonaises se lancent à l’assaut des possessions britanniques et américaines en Malaisie, à Hongkong, aux Philippines et sur l’île de Guam, la Grande-Bretagne n’est désormais plus seule à se défendre.
Vendredi 12 décembre 1941
Rafle des notables
A Paris, la police française et l’armée allemande procèdent à l’arrestation de 743 Juifs français, installés depuis de nombreuses années dans la société française. Raflés car jugés “influents” par les autorités d’Occupation, certains de ces hommes portent l’insigne de la Légion d’honneur. Internés durant trois mois au camp de transit de Compiègne, ils seront ensuite envoyés à Auschwitz, le 27 mars 1942, dans ce qui restera comme le premier convoi de déportés à quitter la France.
Mardi 16 décembre 1941
Hitler prend le commandement des forces militaires
Excédé par l’enlisement des troupes de la Wehrmacht sur le front de l’Est, le Führer décide de limoger son chef militaire de l’armée de terre – le général von Brauchitsch – ainsi que plusieurs commandants en chef de groupes d’armées. Hitler, sûr de ses capacités et de ses compétences, prend lui-même le commandement en chef de toutes les forces militaires allemandes.
Mercredi 31 décembre 1941
Les vœux du maréchal
Adressant ses vœux à la radio, le maréchal Pétain s’en prend aux gaullistes comme aux collaborationnistes de Paris : “J’ai le devoir d’appeler déserteurs tous ceux qui, dans la presse comme dans la radio, à Londres comme à Paris, se livrent à d’abjectes besognes de désunion. Dans l’exil partiel auquel je suis astreint, dans la semi-liberté qui m’est laissée, j’essaie de faire tout mon devoir. Chaque jour, je tente d’arracher ce pays à l’asphyxie qui le menace, aux troubles qui le guettent. Aidez-moi”.
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