Carte interactive
Chronologie Janvier 1935
Conférence « Le Juif, poison mortel »
Vendredi 4 janvier 1935
À Paris, Jean Boissel, mutilé de la précédente guerre et ancien militant de plusieurs partis nationalistes, est aux commandes d’une conférence ayant pour thème : « Le Juif, poison mortel ». Dirigeant de la Ligue antijuive universelle, il avait publié un récit (Les Croix de sang), dans lequel il rendait hommage aux poilus et appelait à débarrasser la France des Juifs et des francs-maçons. En 1936, il fondera le Front franc, et collaborera avec les nazis sous l’Occupation.
Rencontre Mussolini – Laval
Samedi 5 janvier 1935
Pierre Laval, ministre français des Affaires étrangères (depuis la mort de Louis Barthou, en octobre 1934), se rend en Italie afin de réaffirmer l’attachement commun de la France – avec Rome – à la souveraineté de l’Autriche. La création d’un bloc qui doit s’opposer à l’expansionnisme hitlérien est aussi envisagé. Mussolini promet d’adhérer à une alliance anti-allemande, à la condition qu’on le laisse agir en Éthiopie, pays qu’il envisage de conquérir depuis la Somalie.
Un dictateur ? Mais qui ?
Vendredi 11 janvier 1935
Le quotidien parisien Le Petit Journal, publie les résultats de son « referendum », à propos du choix d’un « sauveur » pour la France intitulé « Un dictateur ? Mais qui ?« . Au total, 194 785 lecteurs y ont répondu. Le maréchal Pétain arrive en tête avec 38 561 votes. Il est suivi de Pierre Laval (31 403) et de Gaston Doumergue. Pétain réagit : « Je suis flatté de la confiance que le peuple français place en moi. Je tiens cependant à dire que je n’en profiterai pas. »
Carte interactive des pertes territoriales de l’Allemagne après la Première Guerre mondiale – © Matthieu Mugneret – Fortitude
Referendum en Sarre
Dimanche 13 janvier 1935
Territoire industriel d’environ 800 000 habitants et frontalier de la France, la Sarre avait été placée sous mandat de la Société des Nations (SDN), depuis la signature du traité de Versailles. En compensation des dégâts subis lors la Première Guerre mondiale, la France en avait aussi obtenu la propriété des usines à charbon. La majorité des habitants étant germanophones, ces derniers souhaitent depuis toujours le rattachement de leur région à l’Allemagne : 90% des habitants votent « pour ». La SDN approuve.
→ Les pertes territoriales allemandes à l’issue de la Première Guerre mondiale
Chronologie Mars 1935
Dorgerès battu de peu aux législatives
Mars 1935
Henri Dorgerès, le chef des Chemises vertes, est battu de seulement 300 voix aux législatives partielles, à Blois. Celui qui avait publié son programme dans un livre intitulé Haut les fourches, a dû faire face à une coalition de partis allant du centre droit à l’extrême gauche. De ces résultats, le journal Le Populaire titre : « Le fasciste-royaliste Dorgerès, pseudo-paysan et démagogue, est battu à Blois ! »
La Sarre est officiellement rattachée à l’Allemagne
Vendredi 1er mars 1935
Selon certaines estimations, à peine plus de 10 000 personnes auraient quitté la Sarre pour rejoindre la France, sur une population totale estimée à environ 800 000 habitants. Après cette victoire diplomatique, Hitler annonce renoncer à toutes nouvelles conquêtes territoriales à l’Ouest, y compris en Alsace-Lorraine, régions redevenues françaises après la Grande Guerre.
L’Allemagne réarme !
Création de la Luftwaffe
Jeudi 14 mars 1935
L’armée de l’air allemande, inexistante et interdite à l’Allemagne depuis 1918, avait été dissoute par le Traité de Versailles à la fin de la Première Guerre mondiale. En violation des accords internationaux, Hitler créé la Luftwaffe : la nouvelle aviation de guerre de l’Allemagne nazie. Hermann Göring en est nommé commandant en chef. En Europe, aucun pays ne réagit fermement à l’entorse hitlérienne.
Rétablissement du service militaire obligatoire
Samedi 16 mars 1935
Hitler rétablit le service militaire obligatoire et proclame la souveraineté de l’Allemagne en matière de défense nationale. Le réarmement se poursuit. La Reichswehr (armée allemande) devient la Wehrmacht (littéralement « force de défense »). Face à cette nouvelle contrevenance au Traité de Versailles, Britanniques, Français et Italiens annoncent prochainement se réunir à Stresa.
Chronologie Avril 1935
Loi sur l’organisation de la Défense Passive
Lundi 8 avril 1935
Adoptée par l’Assemblé nationale et le Sénat, la loi du 8 avril 1935 permet l’organisation de la Défense Passive. Son application est obligatoire sur l’ensemble du territoire mais son organisation varie en fonction des localités. Le ministre de l’Intérieur est ainsi chargé de coordonner tout un ensemble de mesures, dans l’objectif de réduire la vulnérabilité des édifices et des installations, tout en protégeant la population de potentielles attaques aériennes. Discrètement, le spectre de la guerre redevient une réalité.
→ L’organisation de la Défense Passive
Conférence de Stresa
Jeudi 11 avril 1935
En réaction au rétablissement du service militaire et de l’aviation de combat allemande, ministres et diplomates britanniques, français et italiens se réunissent à Stresa, en Italie. Lorsque se termine cette conférence, le 14 avril suivant, les trois puissances rappellent leur attachement à l’indépendance de l’Autriche. Aussi, et alors que l’Allemagne demande une révision du Traité de Versailles, ils s’opposent également à « toute répudiation unilatérale des traités, susceptibles de mettre en danger la paix de l’Europe ».
Faire front commun face au danger nazi
Chronologie Mai 1935
Non ! C’est par la plus profonde des convictions idéologiques que l’Allemagne nationale-socialiste veut la paix. Elle veut la paix à cause de cette simple constatation : aucune guerre ne pourrait apporter de remède aux malheurs de l’Europe, mais tout au plus les augmenter. L’Allemagne d’aujourd’hui est en plein labeur, elle soigne ses maux antérieurs.
Signature du pacte d’assistance Franco-Soviétique
Jeudi 2 mai 1935
Pierre Laval fait aboutir le pacte franco-soviétique. « Au cas où la France et l’URSS seraient l’objet d’une agression non provoquée de la part d’un État européen, malgré les intentions sincèrement pacifistes des deux pays, l’URSS et réciproquement la France, se prêteront immédiatement aide et assistance. » Dans ce même temps, Laval tente d’obtenir de Staline une déclaration approuvant la politique de défense nationale de la France, tout en rêvant secrètement d’une entente avec l’Allemagne.
Hitler prétend ne vouloir que la paix pour l’Europe
Mardi 21 mai 1935
Au Reichstag, Adolf Hitler prononce un discours dans lequel il veut faire croire à son désir de paix en Europe : « C’est par la plus profonde des convictions idéologiques que l’Allemagne nationale-socialiste veut la paix. Elle veut la paix à cause de cette simple constatation : aucune guerre ne pourrait apporter de remède aux malheurs de l’Europe, mais tout au plus les augmenter. »
→ Le discours de Hitler du 21 mai 1935
Chronologie Juin 1935
Fernand Bouisson président du conseil… quatre jours
Mardi 4 juin 1935
Si le nouveau gouvernement qu’il forme rassemble Pierre Laval, Edouard Herriot, Philippe Pétain et Joseph Caillaux, la présence de ce dernier dérange. Il fut en effet condamné pour intelligence avec l’ennemi, durant la précédente guerre. Ainsi, l’Assemblée nationale refuse la délégation de pouvoirs à Bouisson, entraînant sa chute. Nommé le 1er juin après le départ de Pierre-Étienne, il devient le chef de gouvernement ayant exercé sa fonction le moins longtemps de toute l’Histoire de France.
Pierre Laval nommé président
Vendredi 7 juin 1935
Nommé par le président Lebrun, Laval forme un nouveau gouvernement. Le troisième en un peu plus d’une semaine. Au regard de la situation économique qui s’aggrave toujours plus, et face à la fuite des capitaux français vers la Suisse, Laval obtient du Parlement le pouvoir de gouverner par décrets-lois. Afin de réduire les dépenses de l’État, il met en place une politique de déflation, destinée à favoriser une baisse générale du niveau des prix, tout en baissant les salaires des fonctionnaires.
Stresa si proche et déjà si loin
Accord naval germano-britannique
Mardi 18 juin 1935
Deux mois après la conférence de Stresa (11-14 avril), le Royaume-Uni conclut unilatéralement avec l’Allemagne un traité naval qui autorise Hitler à tripler la capacité de sa marine militaire. En somme, il lui permet d’obtenir une véritable flotte de guerre. En plus de constituer une abrogation au Traité de Versailles, cet accord affaiblit grandement les accords conclus à Stresa.
Le service du travail devient obligatoire en Allemagne
Mercredi 26 juin 1935
En Allemagne, durant les six mois qui précèdent le service militaire redevenu obligatoire, la jeunesse allemande devient une main d’œuvre gratuite pour le pays. Rassemblés dans des camps, jeunes hommes et jeunes femmes participent activement à la construction de routes, d’autoroutes, de casernes, de logements ou prennent plus généralement part à des travaux d’agriculture.
Chronologie Juillet 1935
Persécutions des Témoins de Jéhovah
Samedi 13 juillet 1935
Outre-Rhin, les associations de Témoins de Jéhovah sont dissoutes et leurs biens confisqués. De plus en plus de ces « indésirables » sont internés dans des camps de travail forcé.
→ Les premiers camps de concentration nazis
Décrets-lois de Pierre Laval
Mardi 16 juillet 1935
En France, Pierre Laval met en place sa sévère politique déflationniste. La grande majorité des dépenses publiques sont réduites de 10%, tout comme les salaires des fonctionnaires. L’impôt sur le revenu lui, est majoré de 10%. En contrepartie, les ménages français voient leurs factures de gaz et d’électricité diminuer de 10%. Néanmoins, cela ne suffit pas à apaiser la gronde générale. La popularité de Pierre Laval baisse drastiquement.
Chronologie Septembre 1935
Pierre Drieu la Rochelle invité en Allemagne
Mardi 10 septembre 1935
L’écrivain français Pierre Drieu la Rochelle est invité en Allemagne par Otto Abetz. Il se rendra notamment au congrès du parti nazi à Nuremberg. L’homme se dira ébloui et sidéré à la fois : « C’est merveilleux et terrible ». Après avoir visité Dachau, il note « l’admirable confort et la franche sévérité ». À son retour en France, il rejoindra le Comité France-Allemagne, créé au cours du mois de novembre 1935.
Les lois de Nuremberg
Dimanche 15 septembre 1935
Alors que se déroule le congrès du Parti nazi à Nuremberg, le Reichstag adopte une « loi sur la citoyenneté du Reich » et une loi « pour la protection du sang et de l’honneur allemand ». Désormais, les mariages et les rapports sexuels entre Juifs et Allemands sont interdits. Le second cas étant considéré comme crime. Les Juifs sont exclus de la citoyenneté du Reich et privés de tout droit politique. Le drapeau à croix gammée est officiellement adopté comme drapeau national du Reich allemand.
Adolf Hitler lors du congrès de 1935. À sa droite se tiennent Rudolf Hess et à sa gauche, Julius Streicher – Bundesarchiv, Bild 183-2004-0312-505 / CC-BY-SA 3.0
« Les assassins de la France »
Dimanche 22 septembre 1935
Alors que 140 parlementaires viennent de demander des sanctions à l’encontre de l’Italie, en cas d’invasion de l’Éthiopie, Charles Maurras s’insurge dans un article du journal de l’Action française contre ceux qu’il appelle « les assassins de la France ». Les accusant de jeter Mussolini dans les bras de Hitler et de faire peser la menace d’une nouvelle guerre en Europe, il conclut son papier par un appel au meurtre, pour lequel il sera condamné à huit mois de prison.
Chronologie Octobre 1935
Quand, en 1915, l’Italie décida d’unir son sort à celui des Alliés, que de cris d’admiration et que de promesses ! Mais après la victoire commune, à laquelle l’Italie avait apporté sa contribution suprême de 600 000 morts, 400 000 mutilés, un million de blessés, quand l’on s’assit autour de la table d’une paix odieuse, il ne restera, pour nous, que les miettes du festin colonial des autres.
Mussolini entreprend une guerre coloniale en Éthiopie
Mercredi 2 octobre 1935
Alors que Mussolini s’apprête à envahir l’Ethiopie, qu’il considère comme un « peuple de barbares », le Duce dénonce dans un discours radiodiffusé le comportement des Alliés et de la Société des Nations (SDN), qui viennent de voter des sanctions économiques à l’encontre de l’Italie. Plus qu’une dénonciation, il va jusqu’à menacer ouvertement les démocraties d’un conflit européen, bien qu’il souhaite cependant encore l’éviter.
→ Le discours de Mussolini du 2 octobre 1935
L’Italie envahit l’Éthiopie
Jeudi 3 octobre 1935
Dirigées par Emilio de Bono, les troupes italiennes, fortes de 100 000 hommes, envahissent l’empire d’Éthiopie depuis leur colonie d’Érythrée. La veille, en référence à l’humiliante défaite de l’armée italienne à Adoua en 1896, le Duce avait déclaré à Rome, depuis le balcon du palais de Venise : « Avec l’Éthiopie, nous avons patienté quarante ans. Maintenant, ça suffit ! »
Chronologie Novembre 1935
Sanctions économiques
L’Italie économiquement sanctionnée
Jeudi 18 novembre 1935
La Société des Nations (SDN) sanctionne économiquement l’Italie après l’envahissement de l’Éthiopie. Les sanctions interdisent notamment l’exportation à l’étranger de produits italiens et interdisent à l’Italie d’importer des matières utiles à des fins militaires. Elles ne concernent cependant pas les matières d’importance vitale, comme le pétrole et le charbon, que l’Italie ne possède pas.
Fondation du comité France – Allemagne
Vendredi 22 novembre 1935
Fondé à l’initiative d’associations d’anciens combattants français, le Comité France-Allemagne (CFA) doit « favoriser le développement des rapports privés et publics entre la France et l’Allemagne […], afin de contribuer, par une meilleure compréhension réciproque, à la consolidation de la paix européenne ». En réalité, ce comité est contrôlé par Otto Abetz, qui s’en sert comme d’un instrument pour influencer l’opinion française vers un pacifisme germanophile.
Chronologie Décembre 1935
Programme Lebensborn
Jeudi 12 décembre 1935
Vaste programme destiné à « promouvoir et à garantir la perpétuité de la race aryenne », il prévoit notamment le développement de plusieurs maternités et crèches dans lesquelles seront mis au monde des enfants de SS, uniquement conçus de leurs épouses légitimes ou de femmes « racialement pures ». Ce programme, lancé par le chef de la SS, Heinrich Himmler, a pour ambition de constituer la « future élite de la nation allemande ».
Journée de la foi
Mercredi 18 décembre 1935
Pour contrer les sanctions économiques infligées par la Société des Nations, Mussolini organise la « Journée de la foi ». Manifestation patriotique, les Italiens sont invités à offrir à l’État, l’or ou l’argent qu’ils ont en leur possession. Cette campagne durera plusieurs semaines et des centaines de milliers d’Italiens y participeront. Au total, cent quinze tonnes d’argent et trente-sept tonnes d’or seront récoltées.
Livres
Histoire de la 2nd GM
Dans ma région
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