Le massacre de Maillé
Le 25 août 1944, le village de Maillé est la cible de l’un des plus importants massacres de populations civiles perpétré en France par les troupes allemandes. Parmi les nombreuses victimes innocentes assassinées en l’espace de quelques heures seulement : 48 enfants, dont 26 ont moins de 5 ans. Maillé : village Martyr.
Crédit photo : Maison du Souvenir de Maillé – Photographie de Roger Confolent entouré de sa famille. Après le massacre de Maillé, il sera le seul survivant.
Le 25 août 1944
En tout début de matinée, ce vendredi 25 août 1944, Julien Cheippe enfourche sa bicyclette pour se rendre sur son lieu de travail lorsque les bombardiers britanniques se font entendre dans le ciel d’Indre-et-Loire. Alors que les bombes alliées commencent à pleuvoir sur un train allemand stationné dans le village, ainsi que sur un convoi militaire motorisé faisant route sur le nationale 10, l’homme de 46 ans décide de se réfugier sous les arbres du parc d’Argenson, juste le temps que “l’orage” ne passe.
Certainement comprend-t-il rapidement qu’il n’est pas le seul à se cacher lorsqu’il tombe sur une soixantaine de soldats allemands de la 17e division Waffen SS Götz von Berlichingen. Témoin malgré lui, les SS l’assassinent de 7 balles dans le dos, par crainte que leur présence ne soit signalée. Il est la première victime de cette effroyable journée.
Depuis le débarquement des Alliés en Normandie, et comme bien des secteurs de la France occupée, l’Indre-et-Loire est le théâtre de nombreux événements : multiples sabotages , parachutages d’armes, accrochages entre résistants et forces allemandes…
S’en est trop pour l’occupant, bien décidé à agir. Dans son viseur, le village de Maillé. Petite commune d’environ 500 âmes, distante de 40 kilomètres de Tours, elle n’a pourtant aucun objectif militaire ne pouvant justifier une telle attaque.
Maillé : village Martyr
Peu de temps après l’assassinat de Julien Cheippe, une centaine de SS entrent dans le bourg de Maillé – après avoir déjà incendié deux fermes et plusieurs habitations et tués leurs occupants -, alors que le village est encerclé par environ 300 soldats de la Wehrmacht.
Spontanément au contact de leur présence, certains civils se présentent les mains en l’air, drapeau blanc à la main. Sans distinction aucune, femmes, hommes, vieillards ou enfants, sont froidement abattus. A coups de rafales de pistolet-mitrailleur, au fusil ou au pistolet, à la baïonnette ou encore même à la grenade, la mort est distribuée au hasard, au gré des visites aléatoires des habitations.
Roger Confolent, capitaine retraité de 55 ans et habitant de Maillé se souvient :
“Vers 11 heures, est apparu tout à coup un soldat allemand en face de l’entrée de la pièce où nous étions rassemblés à sept. Un de mes enfants, l’apercevant, me cria : “Papa, voilà les Allemands.” Je m’avançai vers lui pour savoir ce qu’il voulait quand il me mit en joue avec une extrême rapidité et me tira une salve de mitraillette, mais me manqua. Je mis aussitôt les bras en l’air et lui criais : “Civil, camarade.” Il me mit de nouveau en joue et comme il tirait une seconde salve, je me renversai à l’arrière, ce qui me valut de ne pas être touché encore cette fois-ci.”
“Cependant que cette scène se déroulait, et ceci dans un laps de temps très court, mon fils Yves qui se tenait derrière moi me dit : “Il ne comprend pas, papa” et, passant devant moi les bras levés, il cria à son tour : “Ici civil, 𝘬𝘢𝘮𝘢𝘳𝘢𝘥.” Ces paroles étaient à peine prononcées qu’il s’effondrait dans une rafale suivie d’une autre. A partir de ce moment le massacre commença.”
“Un deuxième Allemand entra dans la pièce et ce ne fut qu’un crépitement de balles. En se retirant, la situation était la suivante : Yves râlait à l’entrée de la pièce, René, atteint de balles au poumon, râlait derrière lui. J’étais tombé à côté, faisant le mort. Me femme était étendue, blessée mortellement de plusieurs balles, et Hélène, une de mes filles, qui avait reçu une balle dans le cuisse, essayait de se sauver en passant dans une autre pièce.”
“Malheureusement, un autre Allemand, qui avait pénétré dans la chambre de ma belle-mère et l’avait tuée, entra dans cette même pièce et lui tira une balle dans la poitrine ; elle fut tuée sur le coup. […]”
“Pendant ce temps-là probablement, les deux Allemands qui primitivement avaient commencé le massacre, descendirent à la cave et tuèrent de balles et de grenades ma fille aînée et mes deux fils les plus jeunes. Il se passa une certaine accalmie, puis un soldat entra encore une fois dans la pièce où j’étais tombé et envoya deux rafales sur les corps qui lui parurent remuer, achevant ma femme.”
Plus tard, en début d’après-midi, Roger Confolent découvrira le corps de son fils aîné. De toute sa famille, il sera le seul survivant.
Aux environs de 14h00, après que les SS se soient retirés, un canon de 88 est pointé en direction de Maillé et tir – pendant plus d’une heure – 80 obus sur les maisons qui, pour la plupart, sont déjà en feu.
Le bilan du massacre de Maillé est absolument effroyable : 52 habitations sont détruites, 124 civils sont tués dont 48 enfants ; 26 d’entre eux ont moins de 5 ans, deux sont des nouveaux nés. Faisant de Maillé un village martyr, ce massacre de populations civiles, dont l’objectif seul est de propager la terreur, est le deuxième plus important perpétré en France par les troupes allemandes, juste derrière le massacre d’Oradour-sur-Glane.
Après la guerre, jamais les responsables SS de la division Götz von Berlichingen ne seront inquiétés par la justice.
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