Histoire et Mémoire de la Seconde Guerre mondiale

Le débarquement de Normandie

par | 22 Mai 2024

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D-Day en Normandie

Qu’est-ce que le Débarquement de Normandie ?

Le Débarquement de Normandie est la plus grande opération aéronavale de l’Histoire militaire. S’inscrivant dans le cadre de l’opération Overlord, elle est l’un des événements majeurs de la Seconde Guerre mondiale qui débouchent vers la libération de la France et de l’Europe et qui annoncent la prochaine et définitive défaite de l’Allemagne nazie. Le 6 juin 1944, près de 156 000 soldats alliés ont débarqué sur cinq plages différentes baptisées : Utah, Omaha, Gold, Juno et Sword Beach. Retour sur cet historique D-Day.

Surplombant Omaha Beach, le Cimetière Américain de Colleville-sur-Mer rassemble les tombes de 9 387 soldats tombés au combat lors du débarquement et de la bataille de Normandie. Symbole de gratitude et de l’amitié franco-américaine, il est un lieu de mémoire incontournable – © Matthieu Mugneret – Tous droits réservés

Le débarquement de Normandie : Sommaire

Vidéo : carte animée du D-Day

Carte animée du D-Day en Normandie. Une vulgarisation des 24 heures du “Jour le plus long” et de ses principaux événements, à travers une vidéo originale. Retour sur cet historique Jour-J, heure par heure, minute après minute…

Dessins, montage et réalisation Matthieu Mugneret. © Fortitude – Tous droits réservés.

Si vous pensez qu’ils arriveront par beau temps, en empruntant l’itinéraire le plus court, vous vous trompez. Les Alliés débarqueront par un temps épouvantable en choisissant l’itinéraire le plus long. Le débarquement aura lieu ici, en Normandie, et ce sera le jour le plus long.

Erwin Rommel

Maréchal allemand, Avril 1944

Ça s’est passé en

Normandie

Remise en contexte du D-Day

A lui seul, le Débarquement de Normandie ne peut permettre la Libération de l’Europe. Sur un front unique, probablement les forces d’Hitler en sortiraient victorieuses. Pour les vaincre, l’ouverture de deux fronts géographiquement opposés s’avère être une nécessité absolue ; un premier à l’Est, depuis l’Union Soviétique et un second à l’Ouest, depuis la France. Ainsi, l’Allemagne serait contrainte de combattre simultanément sur deux secteurs totalement opposés.

Situation de l’Europe en 1943 avant les débarquements de Normandie et de Provence – © Matthieu Mugneret – Tous droits réservés

Vers la chute du Troisième Reich

Après trois premières années de guerre marquées par une nette domination nazie, la victoire parait changer de camp dès 1942. Cette intuition se confirme tout au long de l’année suivante. A la fin de l’hiver 1942 – 1943, à l’Est de l’Europe, l’Armée rouge parvient de justesse à sauver Stalingrad puis est victorieuse de la Wehrmacht (armée de terre allemande), l’été suivant, à Koursk.

Au cours du mois de novembre 1942, Britanniques et Français libres battent le maréchal Rommel à El Alamein, en Egypte. Cinq jours plus tard, les forces anglo-américaines débarquent au Maroc et en Algérie dans le cadre de l’opération Torch. Finalement, le 13 mai 1943, l’Afrique du nord se détourne du régime de Vichy et passe définitivement dans le camp des Alliés, qui débarquent ensuite en Sicile. Plus que jamais auparavant, la forteresse nazie est désormais grandement menacée.

Pourquoi le Gouvernement de Vichy n'aide pas les Alliés lors du débarquement ?

En 1940, après l’entrevue de Montoire, le Régime de Vichy, dirigé par le maréchal Pétain, s’est engagé dans la voie de la collaboration avec l’Allemagne. Persuadé de la victoire finale des nazis, il souhaite et espère ainsi que la France obtiendra une place honorable dans la nouvelle Europe sous domination allemande.

Quel est le deuxième débarquement en France ?

Le 15 août 1944, les Alliés débarquent en Provence, dans le sud de la France. A partir de cette date, près de 450 000 soldats attaquent avec pour objectif d’ouvrir un second front en France, dont 250 000 Français de l’Armée B du général De Lattre de Tassigny. Initialement, ce débarquement devait avoir lieu en même temps que celui de Normandie. Mais faute de navires suffisants, il fut finalement reporté.

Soutenir les soviétiques face à l’Allemagne nazie

Aussi belles et précieuses que soient les victoires américaines, britanniques et françaises en Afrique du Nord et dans le Sud de l’Italie, la libération totale de l’Europe ne paraît possible qu’avec l’engagement extrême de l’Armée rouge. Comme le précise Olivier Wieviorka dans son ouvrage dédié au Débarquement de Normandie, l’URSS (Union Soviétique) supporte le poids le plus important de la guerre en Europe. Plus de 60% des divisions allemandes se battent sur le front de l’Est, à l’automne 1943.

De fait, il semble très peu probable que l’Union Soviétique parvienne à vaincre l’Allemagne nazie à elle seule. Mais il parait aussi très peu probable que les forces anglo-américaines y parviennent seules, elles aussi. Dès lors, Staline réclame inlassablement l’ouverture d’un second front allié à l’Ouest de l’Europe, ce qu’approuvent les Etats-Unis d’Amérique, son premier et principal allié en cette période. Nom de code : opération Overlord.

L’échec d’une tentative de débarquement représenterait pour nous beaucoup plus qu’un succès local sur le front de l’Ouest. Ce serait l’élément capital dans l’ensemble des opérations de la guerre et donc dans le résultat final. Les 45 divisions actuellement stationnées en Europe – front de l’Est excepté – nous font défaut en Russie. Il faut que nous les transférions là-bas aussitôt la décision emportée à l’Ouest, de manière à obtenir un renversement total de la situation.

Adolf Hitler

Führer du Troisième Reich nazi, message à ses généraux le 20 mars 1944.

Quelles sont les pertes humaines sur le front de l'Est ?

Sur le front de l’Est et durant toute la période de la Seconde Guerre mondiale, les pertes humaines attribuées à l’Union Soviétique sont d’environ 21 millions de tués, civils ou militaires. Sur ce même front, les Allemands perdent quant-à-eux entre 5 et 6 millions de soldats, ce qui représente près de 80% du total de leurs pertes pendant la période 19391945.

Quel est le montant des aides américaines alloué à l'Union Soviétique ?

A partir de l’automne 1941, les États-Unis soutiennent économiquement l’URSS à travers la loi prêt-bail. Pour se redresser, se réarmer et tenir tête aux forces allemandes, Moscou reçoit un peu plus de 10 milliards de dollars. Un chiffre qu’il convient cependant de relativiser en comparaison aux 30 milliards perçus par le Royaume-Uni. Si cette aide est effectivement bénéfique aux Soviétiques, ils doivent néamoins beaucoup compter sur leurs propres ressources.

L’organisation de l’opération Overlord

Le choix de l’ouverture de ce second front (opération Overlord), est entériné lors de la conférence de Téhéran, qui se tient du 28 novembre au 1er décembre 1943. Lors de cette rencontre entre les trois grands dirigeants alliés (Churchill, Staline et Roosevelt), il est donc décidé de frapper l’Allemagne en plein cœur. Un choix qui, pour les Etats-Unis, conforte et confirme la doctrine du Germany first : abattre l’Allemagne pour empêcher les Japonais – dès lors privés de leur allié nazi – de poursuivre la guerre dans le Pacifique.

Ainsi, le choix de débarquer en France s’explique par le fait que les Allemands y ont concentré de très importants effectifs militaires dans le Nord du pays, mais aussi en Belgique et aux Pays-Bas. Cependant, le Troisième Reich est un obstacle titanesque. Pour le faire tomber, les moyens humains et matériels engagés contre lui doivent être immensément importants.

Qu'est-ce que l'opération Overlord ?

L’opération Overlord est un plan allié d’ensemble qui prévoit l’ouverture d’un second front allié à l’Ouest de l’Europe. Celle-ci débute donc en Normandie mais se poursuit jusqu’en Allemagne, avec le prise du bassin industriel de la Ruhr.

Qu'est-ce que l'opération Neptune ?

L’opération Neptune fait partie de l’opération Overlord. Elle correspond à la première des trois grandes phases de cette dernière. Neptune se caractérise par l’assaut en Normandie (le débarquement) et l’établissement et la sécurisation d’une tête de pont en France.

Les moyens humains pour le Débarquement de Normandie

Pour la réussite de l’opération Overlord, le commandement allié prévoit d’engager dès les premiers instants 155 865 hommes au combat, soit par les airs, soit par la mer. Au total et essentiellement avant l’assaut sur les plages, 23 400 soldats doivent être parachutés dans le ciel normand : 15 500 parachutistes américains au-dessus du département du Cotentin, et 7 900 parachutistes britanniques dans celui du Calvados.

Au petit matin du 6 juin 1944, 130 000 soldats – massés en Grande-Bretagne depuis plusieurs semaines – doivent prendre d’assaut les cinq plages de débarquement sélectionnées. Noms de code : Utah, Omaha, Gold, Juno et Sword.

Quand sont arrivés les soldats américains au Royaume-Uni ?

A partir de l’année 1942, les États-Unis commencent à acheminer matériels et soldats vers l’Angleterre. Au total et jusqu’en 1944, 1 671 000 soldats et plus de 13 millions de tonnes d’équipements et de matériels (chars, véhicules, armes…) seront transférés en Europe, avant le Débarquement de Normandie.

Quelles sont les autres nations ayant participé au débarquement ?

Si Américains, Britanniques et Canadiens sont majoritairement représentés lors du Débarquement de Normandie, d’autres nations sont aussi plus modestement présentes, en apportant navires ou soldats. C’est par exemple le cas de la France mais aussi de la Belgique, des Pays-Bas, de la Norvège, du Luxembourg, de la Pologne, de la Tchécoslovaquie, du Danemark et de la Grèce.

Les moyens matériels

Pour pouvoir acheminer un nombre aussi important de soldats sur les plages de débarquement, les moyens matériels engagés sur la mer ne peuvent naturellement que l’être tout autant. Au total, les Alliés prévoient 4 266 navires et barges pour transporter ces 130 000 soldats et leurs 20 000 véhicules. Ces mêmes bâtiments sont également escortés par 1 200 autres autres de guerre. Une armada aussi gigantesque qu’historique mais qui, revers de la médaille, entrainera certains désagréments. En effet, le débarquement initialement prévu pour le début du mois de mai doit être repoussé d’un mois afin de rassembler tous les navires nécessaires, et le débarquement de Provence, initialement prévu en même temps que celui de Normandie, doit être reporté de deux mois.

Afin de protéger du mieux possible les troupes débarquées au sol, de nombreux bombardements sont prévus pour détruire les fortifications allemandes mais aussi certains équipements, comme les radars. Si la suprématie des airs est d’ores et déjà assurée pour les Alliés, les moyens engagés n’en demeurent pas moins considérables : 3 467 bombardiers lourds et 1 645 bombardiers moyens pour désorganiser les Allemands et percer le “Mur de l’Atlantique”.

Le Mur de l’Atlantique

Les Allemands n’étant pas parvenus à battre la Grande-Bretagne en 1940, l’élaboration et la mise en application d’un débarquement allié en Europe occupée devient une évidence pour Hitler. Années après années, puis échecs après échecs à partir de 1942, le Troisième Reich met tous les moyens possibles en sa faveur pour repousser cette future “invasion” à la mer.

La construction d’une géante forteresse

Pour faire face à cette très grandissante menace, les Allemands font ériger à partir du printemps 1942, celui que l’on appelle le “Mur de l’Atlantique”. Grâce à l’organisation Todt, une entreprise spécialisée dans les constructions militaires, des milliers de fortifications armées sont construites le long des côtes, de la Norvège jusqu’au Pays basque espagnol. Face à l’Angleterre, zone évidemment plus sensible que les autres, le mur y est encore davantage renforcé. De fait, c’est donc également le cas en Normandie.

Qui a construit le Mur de l'Atlantique ?

A travers l’organisation Todt – organisation qui utilise des ouvriers mais également des prisonniers – l’architecte Albert Speer se voit chargé de l’édification du Mur de l’Atlantique. Pour accomplir dans les temps cet ensemble de fortifications défensives, les plus grandes entreprises de BTP allemandes et françaises prennent part au projet.

Quelle distance fait le mur de l'atlantique ?

Le Mur de l’Atlantique est long de 4 400 kilomètres et doit protéger les côtes européennes grâce à 500 000 obstacles anti-débarquement.

Les défenses allemandes en Normandie

Au printemps 1944 et en plus de 40 000 uniformes allemands déjà présents, les 500 kilomètres de côtes normandes sont défendues et protégées par des milliers de kilomètres de barbelés, 1 643 bunkers et de puissantes batteries d’artillerie comme celles de Merville, Longues-sur-Mer, Azeville ou encore Crisbecq. Certaines d’entre elles sont capables de tirer des cibles jusqu’à 30 kilomètres. En moyenne, 4 ouvrages fortifiés se dressent face à la mer, pour un kilomètre de côte.

Aussi, dès l’hiver 1944, le maréchal Rommel fait installer de nombreux pièges et obstacles sous-marin plus au large, afin d’empêcher les Alliés d’approcher des plages, de détruite les embarcations et d’anéantir les troupes avant qu’elles ne posent pied à terre. Dans les champs des environs, près d’un million de pieux de 3,5 mètres de hauteur sont plantés au sol, en direction du ciel. Surnommés “asperges de Rommel” ils doivent empêcher planeurs et parachutistes d’atterrir.

Combien de soldats allemands occupent la France ?

Au printemps 1944, environ 1,5 millions d’Allemands occupent la France. Plus de 800 000 d’entre eux sont de la Wehrmacht (armée de terre), 337 000 de la Luftwaffe (aviation allemande), 96 000 de la Kriesmarine (marine allemande) ou encore 85 000 de la SS ou des diverses polices du Troisième Reich.

Pourquoi les Alliés choisissent de débarquer en Normandie ?

Les Alliés choisissent de débarquer en Normandie car ses plages sont moins défendues que celles du Pas-de-Calais. Cette décision permet aussi d’assurer un “effet de surprise” ; les côtes normandes étant plus éloignées de la Grande-Bretagne que celles du Nord. Aussi, le port en eau profonde de Cherbourg est un objectif majeur, puisqu’il pourrait permettre d’acheminer renforts et matériels de manière conséquente.

Les préparatifs du débarquement sur les plages de Normandie

Côté Allemand, le débarquement à venir n’est donc une surprise pour personne, encore moins pour Hitler. Cependant, il ne peut naturellement connaître ni le lieu, ni le jour du déclanchement de l’opération Overlord. Pourtant et durant de longs mois, le Führer était persuadé que le débarquement aurait lieu en Normandie. Il ne changea d’avis qu’au printemps 1944, convaincu par une partie de ses généraux qui misaient davantage sur une action dans le Pas-de-Calais. Il faut dire aussi que les Alliés ont joliment brouillé les pistes.

L’opération Fortitude

Pour leurrer leur ennemi, les Alliés imaginent une étonnante campagne de désinformation, dont l’objectif ultime est la protection de la vérité ; celle du lieu et de la date du débarquement en Normandie.

Pour tromper l’ennemi, une armée fictive de 350 000 hommes est créée en plus de nombreux chars, navires ou avions en bois ou en caoutchouc gonflable. En réalité, le succès de l’opération Fortitude ne repose pas vraiment sur cette fausse armada faite de plastique. Car en 1944, la Luftwaffe (armée de l’air allemande) est déjà fortement réduite et ne possède finalement que peu d’avions d’observation pour photographier ce faux spectacle.

La réussite de cette opération est en réalité à mettre au crédit des agents doubles et des faux échanges radio, que les Allemands écoutent. Fantaisistes et imaginaires, de faux rapports sont donc envoyés aux divers responsables allemands, qui tombent totalement dans le piège. Au final, l’état-major de Hitler est persuadé que les rumeurs d’un débarquement en Normandie ne peuvent être que de multiples tentatives de diversions.

Les bombardements alliés sur la France

L’opération Overlord entraîne inévitablement de nombreux préparatifs en amont, à commencer par les bombardements stratégiques. Dans l’idée de mettre l’économie de guerre allemande à genoux mais aussi de miner le moral du peuple allemand, afin de le dresser contre le régime nazi, les Alliés bombardent massivement l’Allemagne. Une stratégie qui vise donc les industries mais aussi les villes. Certaines sont quasiment entièrement détruites. En réalité, sur le plan économique, cette stratégie s’avère peu efficace sur la production industrielle et militaire. Elle est même controversée car elle coûte aussi la vie à plusieurs milliers de civils.

Pour autant, ces raids à répétition menée contre l’Allemagne nazie mobilise de manière très forte la Luftwaffe pour la défense et la protection de son territoire. Pour l’aviation allemande, ces combats aériens ont un coût considérable ; elle perd environ 30 000 appareils. De fait, à l’aube du Jour-J, elle est incapable de soutenir les forces terrestres déployées en Normandie.

Néanmoins, la France paye elle aussi très lourdement le prix de sa libération à venir. Elle non plus n’est pas épargnée par les bombes alliées. Car pour désorganiser les forces allemandes et pour empêcher l’acheminement de renforts vers le futur front normand, les installations ferroviaires et les ponts qui permettent le franchissement de fleuves ou de rivières deviennent la cible des bombardiers américains et britanniques. Pour ne pas accidentellement révéler le lieu exacte du débarquement, ces bombardements sont donc opérés sur un périmètre très large au-dessus de la France, soit plus ou moins toute sa moitié Nord.

De 1940 à 1944, plus de 600 000 tonnes de bombes sont larguées sur la France. Mais plus de 500 000 d’entre elles l’ont été pour la seule année de 1944. Au final et selon Olivier Wieviorka, sur la totalité des bombes larguées en France pendant toute la période de la Seconde Guerre mondiale, 80% d’entre elles l’ont été en 1944. Toujours selon l’historien, elles entrainent aussi la mort de 35 317 personnes. Environ 53% des victimes françaises de la Seconde Guerre mondiale le sont par les bombes alliées. Sur le plan matériel, Eddy Florentin avance le chiffre d’environ 90 000 immeubles ou maisons détruites, dans son livre dédié aux bombardements alliés sur la France.

Les  bombardements et opérations aéroportées de la nuit du 5 au 6 juin 1944

D’une certaine manière, le Débarquement de Normandie début au beau milieu de la nuit, aux toutes premières minutes de ce 6 juin 1944. Pour assurer la réussite des prochains assauts sur les plages françaises, plusieurs opérations aéroportées et de bombardements sont réalisées dans le Cotentin et dans le Calvados, malgré une météo capricieuse et non adaptée à ce type de mission.

Carte interactive du débarquement de Normandie

Pour accompagner votre lecture, vous pouvez ouvrir cette carte interactive dans une seconde fenêtre. Elle vous permet de découvrir de nombreux points cliquables à travers des textes explicatifs pour comprendre le déroulé de cette journée décisive du 6 juin 1944.

Carte interactive du débarquement de Normandie – © Matthieu Mugneret. Tous droits réservés. 

Soldats, marins et aviateurs des Forces expéditionnaires alliées !

Vous êtes sur le point de vous embarquer pour la grande croisade vers laquelle ont tendu tous nos efforts pendant de longs mois. Les yeux du monde sont fixés sur vous. Les espoirs, les prières de tous les peuples épris de liberté vous accompagnent. Avec nos valeureux alliés et nos frères d’armes des autres fronts, vous détruirez la machine de guerre allemande, vous anéantirez le joug de la tyrannie que les nazis exercent sur les peuples d’Europe et vous apporterez la sécurité dans un monde libre.

General Dwight D. Eisenhower

Commandant suprême allié, Ordre du jour - 6 juin 1944

La prise du Pegasus Bridge

Le secteur situé entre les communes de Ranville et de Bénouville représente l’un des premiers objectifs majeurs de l’opération Overlord. En effet, afin de protéger le flanc gauche des zones de débarquement, les ponts de Bénouville (surnommé “Pegasus Bridge“) et de Ranville doivent impérativement tomber aux mains alliées. A eux deux, ils sont l’unique lieu de passage permettant de traverser presque simultanément l’Orne et le canal de Caen.

Au cours des toutes premières minutes de celui qui allait devenir le très historique 6 juin 1944 – à 00h16 -, un premier planeur se pose à environ 50 mètres seulement du Pegasus Bridge. Il sera bientôt rejoint par deux autres. A leurs bords, les soldats de la 6e division aéroportée britannique.

Dans la plus grande discrétion et en à peine quelques minutes, les Alliés s’emparent du très stratégique pont à 00h21, après une très brève résistance allemande. Touché à la tête, le lieutenant Herbert Denham est probablement le premier soldat allié tué en Normandie, dans le cadre du Débarquement de Normandie.

Dans ce même temps, un seul des trois planeurs prévus pour la prise du pont de Ranville parvient à atterrir sur l’objectif. Le second s’en est éloigné à plus d’un kilomètre et le troisième à dix ! Néanmoins, le pont est tout de même attaqué par les soldats présents, qui est lui aussi pris en une poignée de minutes.

Le parachutage des 82e et 101e Airborne Division américaines

Afin de protéger les deux côtés (Est et Ouest) des zones de débarquement, des soldats américains et britanniques sont parachutés dans le ciel de Normandie, au cours des toutes premières heures de cette nuit du 5 au 6 juin.

Dans le Cotentin, sur la flanc droit des plages et dans les environs de Sainte-Mère-Eglise, Carentan et Sainte-Marie du Mont, les parachutistes américains de la 101e et de la 82e Airborne Division touchent le sol peu avant 01h00 du matin. Leurs objectifs ; prendre Sainte-Mère-Église, contrôler la route nationale 13 et les ponts qui permettent le franchissement des marais, neutraliser la batterie de St-Martin-de-Varreville et l’écluse de la Barquette. Mais en réalité, la désorganisation est plus que totale.

Selon l’historien Marc Laurenceau dans son livre consacré au Débarquement de Normandie, plus de 75% des parachutistes américains ne sautent pas sur les zones prévues, du fait d’erreurs de navigation des pilotes. Rapidement, les soldats de la 101e se retrouvent en petits groupes isolés et parfois même mélangés à ceux de la 82e, pourtant parachutés plus au Nord. Malgré ces premières grandes difficultés, Sainte-Mère-Eglise est néanmoins libérée à 04h00 du matin, et l’écluse de la Barquette est prise environ une heure plus tard.

La 6e division aéroportée britannique

Simultanément ou presque, sur le flanc gauche des plages de débarquement, les Britanniques de la 6e Division Aéroportée sautent à l’Est de l’Orne, dans le Calvados. Cependant et comme les Américains dans le Cotentin, les parachutistes se retrouvent dispersés, parfois très éloignés des zones de parachutage initialement prévues. 

Cette désorganisation générale et inévitable entraine de multiples accrochages avec les forces allemandes qui, impressionnées par leur nombre, préfèrent finalement limiter leurs actions. Au fur et à mesure que la nuit avance, des petits groupes de parachutistes alliés se forment et tentent – héroïquement – d’accomplir leurs objectifs.

Avec seulement 170 parachutistes britanniques sur les 635 prévus, le lieutenant-colonel Terence Otway s’élance avec ses hommes à l’assaut de la batterie de Merville. Selon le commandement alliés et pour que le Débarquement de Normandie puisse réussir – notamment sur Sword Beach -, ce site doit absolument être sous contrôle avant l’arrivée des soldats sur les plages.

A 04h45, Otway fait tirer une fusée jaune vers le ciel à destination de la flotte alliée, déjà présente au large. La batterie de Merville est tombée aux mains britanniques mais au prix de lourdes pertes ; 70 officiers, sous-officiers et soldats ont été tués au cours de l’assaut.

Le bombardement du Mur de l’Atlantique

Pour ne pas que les Allemands se doutent du lieu exacte du débarquement, les Alliés n’ont d’autres choix que d’attendre les derniers instants pour attaquer le secteur normand du Mur de l’Atlantique.

Au lever du jour, dans les environs de 06h00 du matin, les bombardiers pilotés par des équipages américains et britanniques reçoivent pour mission de pilonner les cibles préalablement repérées et photographiés durant les précédents mois, par les avions de reconnaissance. Il s’agit bien évidemment de fortifications armées, mais aussi de stations de radar qui peuvent repérer l’arrivée de la gigantesque armada alliée.

Malgré un temps très nuageux et donc nettement défavorable à ce type d’opération, 74 des 92 des stations radar ciblées sont détruites par les bombardiers. En revanche, pour ce qui est de l’attaque des différentes batteries d’artillerie et des points d’appui allemands, la tâche s’annonce bien plus compliquée.
Toujours en raison de cette météo capricieuse, plusieurs dizaines de bombardiers sont contraints d’annuler purement et simplement leur mission, même si d’autres essayent tant bien que mal de l’accomplir.

Du côté des plages de Gold et de Sword, la plupart des objectifs initialement ciblés sont détruits ou bien sérieusement endommagés. Il en va de même plus à l’Est, pour la plage d’Utah Beach.

En revanche, entre Longues-sur-Mer et Grandcamp-Maisy, les nombreuses défenses allemandes sont très largement épargnées. Nombreuses sont les bombes à s’être écrasées à plusieurs centaines de mètres des cibles. Conséquence absolument catastrophique, les points d’appui qui se trouvent tout le long de la plage d’Omaha demeurent intactes et prêts à combattre l’arrivée des soldats alliés.

D-Day… Jour-J… Le Débarquement de Normandie

Au large, peu après 04h00 du matin, les soldats qui doivent prochainement débarquer sur les plages commencent à embarquer à bord des barges. Le vent souffle à quinze nœuds, les vagues forment des creux de un à deux mètres. Ces conditions météorologiques désastreuses viennent s’ajouter à la peur légitime des hommes. Mouillés par la houle, figés par le froid, torturés par le mal de mer. Immédiatement, les premiers vomissements surviennent. Ce n’est pourtant que la première des longues et douloureuses épreuves à venir, à l’aube de ce 6 juin 1944.

Omaha Beach - Débarquement de Normandie

Sur les hauteurs d’Omaha Beach – © Matthieu Mugneret – Tous droits réservés

La Bataille suprême est engagée !

Après tant de combats, de fureur, de douleurs, voici venu le choc décisif, le choc tant espéré. Bien entendu, c’est la bataille de France et c’est la bataille de la France !

Général Charles de Gaulle

Chef de la France libre, Discours du 6 juin 1944

Que veut dire D-Day ?

Le “Jour-J” est un code militaire utilisé pour désigner une date précise, sans la révéler de manière exacte. Naturellement traduit pour les soldats anglophones, il devient “D-Day”.

Quel est le rôle de la Résistance française ?

Dans les jours qui précèdent le D-Day, la Résistance française reçoit différents messages codés, diffusés sur la BBC. Ces messages annoncent l’arrivée prochaine du débarquement allié et que les Résistants doivent se tenir prêts à réaliser différentes actions de sabotage : pose de pièges sur les routes, destruction de lignes téléphoniques, de chemins de fer (…) afin de gêner les communications et les déplacements des forces allemandes.

Le débarquement à Omaha Beach

Conformément au plan établit, toutes les premières vagues d’assaut débarquent entre 06h31 et 06h35. Mais face aux défenses allemandes – perchées de 30 à 60 mètres d’altitude – qui n’ont pas été détruites par les précédents bombardements, c’est un indescriptible enfer qui débute.

Dès que les soldats américains foulent le sable de la plage normande, c’est une véritable pluie d’obus et de balles de mitrailleuses qui leur tombe dessus. Contrains de parcourir près de 300 mètres entièrement à découvert, les chances de survie à cette épreuve du feu sont évidemment très minces. Au cours des cinq premières minutes, près de 90% des hommes débarqués sont mis hors de combat ; tués ou blessés.

Parallèlement, 270 sapeurs sont chargés d’ouvrir 16 passages de sortie de plage en 27 minutes afin de permettre aux soldats et aux véhicules débarqués de traverser ces 300 mètres le plus rapidement possible. Au terme de ce court temps, un seul passage est ouvert et la plupart des sapeurs sont eux aussi décimés par les tirs allemands.

Pourtant, les vagues suivantes de soldats continuent d’arriver et se retrouvent elles aussi bloquées sur celle qui sera surnommée “Bloody Omaha”. Néanmoins, certains trouvent refuge au pied d’un long mur antichar ou de remparts naturels formés par les galets. Mais si les balles des mitrailleuses ne peuvent plus les atteindre, les obus eux, le peuvent encore.

Durant près de deux heures, ces premières vagues d’assaut tentent de survivre à l’impossible. Les unités américaines sont mélangées entre elles, la plage est rapidement jonchée de véhicules calcinés, de corps démembrés, déchiquetés.

Il faudra finalement attendre 09h30 pour que la situation évolue légèrement en faveur des Alliés à Omaha Beach, où près de 3000 américains sont déjà morts, blessés ou disparus.

Certains mouillaient leurs pantalons, d’autres pleuraient sans retenue. Des tirs d’artillerie ou de mortiers s’abattaient sur la plage ou dans la mer. Des hommes tombaient en poussant des hurlements. La mer était rouge de sang. L’explosion des obus, le crépitement des mitrailleuses, le fracas des tirs d’artillerie navale, tout cela faisait un bruit assourdissant. Dans l’eau, il y avait des morts et des vivants. Tous étaient poussés en avant par le flot de la marée montante. Je ne sais pas combien de temps nous sommes restés là, mais je pense près d’une heure.

Bob - 19 ans

Sergent, 1re division d'infanterie, Omaha Beach

Le débarquement à Utah Beach

A Utah Beach, les soldats américains de la 7e armée ont pour mission de s’emparer de la plage, d’y établir une solide tête de pont et d’effectuer la jonction avec les forces des 82e et 101e divisions aéroportés au cours de la nuit.

A 06h30, le plus gros des soldats et des chars amphibies arrivent au milieu d’un gigantesque panache de fumée et de poussière provoqué par les bombardements réussis. Si les tirs allemands sont dans un premier temps très nourris, ils sont aussi très imprécis en raison des conditions visuelles.

Rapidement, les tirs allemands deviennent plus rares et la plage passe sous contrôle allié. A 7h30 plusieurs brèches sont ouvertes par les soldats du génie à travers les nombreux obstacles et permettent aux prochaines péniches de débarquement d’arriver sans encombre.

L’assaut de la pointe du Hoc

Menaçant directement les plages d’Omaha et d’Utah, la pointe du Hoc est une batterie allemande qui doit – selon les plans du débarquement – être impérativement sous contrôle avant 07h00 du matin.

Cette mission périlleuse revient aux rangers du lieutenant-colonel Rudder. Ayant pris la mer dès 04h00 à bord de douze barges, les conditions météorologiques vont une nouvelle fois jouer en défaveur des Alliés. Une première barge sombre en raison d’une mer trop déchaînée alors qu’une seconde doit être secourue. Le reste du commando arrive quant à lui avec quarante minutes de retard, annulant par la même occasion l’effet de surprise escompté. Ce retard entraine également des conséquences désastreuses. N’ayant eu aucun signal de la prise de la pointe du Hoc, le commandement allié se persuade que la mission est un échec, et annule purement et simplement les 500 autres soldats prévus en renfort.

Cependant et grâce au courage des hommes et à leur excellent entrainement, les rangers présents parviennent à escalader la falaise d’environ 30 mètres de haut à l’aide de grapins et de cordes. Malgré le feu allemand et les nombreuses grenades jetées en leur direction, l’opération est malgré tout une réussite, mais au prix de terribles pertes.

En 15 minutes, la pointe du Hoc est prise et sécurisée par les Américains. Les 6 derniers défenseurs du poste d’observation ne se rendront qu’à midi, après quoi Rudder transmettra le message suivant en morse : “Arrivés à la pointe du Hoc. Mission achevée. Avons besoin urgent munitions et renforts. Beaucoup de pertes”.

Au soir du 6 juin 1944, à peine 90 soldats sont encore en état de combattre sur les quelques 200 initialement engagés.

Le débarquement à Gold Beach

En secteur britannique, la 50e division d’infanterie débarque à partir de 07h25, sans rencontrer de résistance majeure. Près de quatre heures plus tard, aux environs de 11h00, pas moins de 7 sorties des plages sont déjà ouvertes dans les défenses allemandes. Les soldats, équipements et matériels débarqués peuvent alors rapidement s’emparer des hauteurs qui surplombent le village d’Arromanches et sécuriser le périmètre. En fin d’après-midi, 25 000 britanniques ont posé les pieds en France.

Le débarquement à Juno Beach

En secteur canadien – aux premiers instants de l’assaut -, la situation est néanmoins un peu plus délicate. En raison d’une mer toujours plus agitée, l’arrivée des soldats est retardée de quelques minutes. Un temps certes court, mais qui permet tout de même aux Allemands de réorganiser leur défense de la plage après les bombardements aériens qui n’ont finalement – ici aussi – été que peu efficaces. De plus, 20 des 24 premières péniches de débarquement s’abîment contre les obstacles, encore recouverts par la marée.

Pourtant, l’affaire tourne assez rapidement en faveur des Alliés, notamment grâce à un rapport de force déséquilibré. Durant ces première minutes, certes meurtrières, environ 400 défenseurs allemands doivent faire face à 2 400 soldats canadiens et 14 chars débarqués. Au soir du 6 juin, 24 000 hommes ont débarqué à Juno Beach.

Juno Beach - Plage de débarquement à Courseulles-sur-Mer

Juno Beach – Plage de débarquement à Courseulles-sur-Mer – © Matthieu Mugneret – Tous droits réservés

Le débarquement à Sword Beach

Sur ce deuxième secteur britannique, les premières embarcations atteignent la côte à 07h30. Malgré la présence nombreuse de mines, d’obstacles et de tirs de canons allemands, la plage tombe rapidement aux mains des Alliés, en particulier grâces aux 21 blindés débarqués. Sur Sword, 28 800 hommes débarquent au cours de cette journée du 6 juin.

Français, les armées allemandes et anglo-saxonnes sont aux prises sur notre sol, la France devient ainsi un champ de bataille. Fonctionnaires, agents des services publiques, cheminots, ouvriers, demeurez fermes à vos postes pour maintenir la vie de la Nation […]. Français, n’aggravez pas nos malheurs […] que chacun reste à son devoir […]. Je vous adjure Français, de penser avant tout au péril mortel que courrait notre pays si ce solennel avertissement n’était pas entendu.

Maréchal Pétain

Chef de l'État français, Appel du 6 juin 1944

Bilan du Débarquement de Normandie

Au soir du 6 juin 1944, environ 156 000 soldats sont déjà déployés en Normandie. Le mur de l’Atlantique sur lequel misait beaucoup Hitler n’a pas tenu plus de quatre heures. Les prévisions des différents états-majors alliés estimaient les pertes à 25 000 hommes. Pour l’accomplissement de ce premier débarquement en France, environ 10 000 soldats ont été tués, blessés ou portés disparus. Si le bilan de cette journée est globalement positif pour le commandement militaire, de nombreux objectifs restent encore à accomplir.

Bilan humain du Débarquement de Normandie au soir du 6 juin 1944 – © Matthieu Mugneret – Tous droits réservés

Le bilan humain du Débarquement de Normandie

Au cours de cette journée du 6 juin 1944, 195 865 soldats ont été engagés au combat, dont environ 40 000 Allemands. Durant ces premières 24 heures en France, les pertes alliées sont de 10 000 hommes. Celles-ci restent néanmoins nettement en dessous des estimations du commandement allié qui tablait sur 25 000 soldats tués ou blessés. Les forces allemandes quant-a-elles accusent le coup, avec environ 10 000 soldats mis hors d’état de combattre sur l’ensemble des forces présentes en Normandie.

Le bilan stratégique

Au terme de ce D-Day, les Alliés ont établi plusieurs têtes de pont mais qui demeurent encore bien fragiles. Car les libérateurs ne sont pas encore à l’abri d’une contre-offensive allemande. Les unir devient donc une priorité vitale. Si un certain nombre des objectifs fixés ont été remplis, certains marquent un réel retard. C’est pas exemple le cas de la ville de Caen, dont la prise était fixée pour ce même jour et qui doit finalement être provisoirement ajournée.

Sur les plages, les débarquements de renforts, de véhicules et de canons antichars se poursuivent. Cependant, rien n’est encore gagné car les forces allemandes opposent une très forte résistance. Sur le terrain, les Alliés doivent évoluer dans un paysage naturel qui leur est défavorable. En effet, le Bocage normand et ses nombreuses et infranchissables haies sont un atout indéniable pour les soldats qui défendent. Ainsi débute la terrible bataille de Normandie, qui ne tournera réellement à l’avantage des soldats débarqués qu’à la fin de l’été 1944, après le Débarquement de Provence.

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L’opération Catapult est une opération britannique déclenchée le 3 juillet 1940, afin d’empêcher la flotte française de tomber entre les mains allemandes ou italiennes.

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Sources et références

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