Qu’est-ce que le massacre du bois d’Eraine ?
11 juin 1940
Le massacre du bois d’Eraine est un crime de guerre commis par les forces allemandes – au cours de leur offensive en France, en juin 1940 – contre des tirailleurs sénégalais. Les corps de 64 d’entre eux n’ont jamais été retrouvés.
Photographie d’illustration – un tirailleur français arrêté par les forces allemandes en juin 1940 – © Fortitude Studio
Ça s’est passé dans les
Hauts-de-France
Les troupes coloniales dans la débâcle
Afin de freiner l’avancée des troupes allemandes qui déferlent sur la France et de couvrir la retraite des troupes françaises, plusieurs unités livrent des combats acharnés. Parmi ces valeureux hommes, les troupes coloniales, autrement appelés les tirailleurs. Soldats originaires d’Afrique occidentale et équatoriale française, ils sont encadrés par des officiers métropolitains. Ensemble et malgré la débâcle militaire, ils parviennent à infliger de lourdes pertes aux Allemands. Mais comme souvent en ce printemps 1940, les combats s’achèvent par une défaite.
La 4e Division d’Infanterie coloniale (DIC)
C’est le cas des 5e, 16e et 24e Régiments de Tirailleurs sénégalais (RTS) de la 4e Division d’Infanterie coloniale (DIC) qui viennent de mener de durs combats contre la 10e Panzer Division. Dans la foulée, des éléments de la 4e DIC sont encerclés et abattus après s’être pourtant rendus. A Bailleul-le-Soc, commune de l’Oise, plusieurs soldats dont les munitions sont épuisées, sont contraint de se cacher dans le bois d’Eraine et décident finalement de se rendre dans la soirée du 10 juin. Peu avant cette reddition, l’aspirant Méchet est abattu après avoir esquissé un geste de résistance.
Rapidement, les prisonniers français sont désarmés, fouillés, puis regroupés avec leurs officiers avant d’être conduits à la ferme d’Eloges-les-Bois, alors située à un kilomètre de là. Les tirailleurs portent le corps du lieutenant Méchet, et l’enterrent près de la ferme. Quelques instants plus tard, le commandant allemand fait connaître son mécontentement, reprochant aux officiers français de commander des Sénégalais : « C’est ça votre guerre, salauds », dit-il en bon français.
Le déroulement du massacre
Les choses s’enveniment encore davantage. Les Allemands décident de séparer les soldats africains des soldats européens. De fait, les tirailleurs se retrouvent isolés de leurs officiers. Le Commandant Bouquet ne tolère pas un tel écart de traitement et déclare que les tirailleurs se sont rendus sur son ordre et qu’ils ont combattu loyalement. Exigeant ainsi que ces derniers soient traités en soldats. C’est ensuite au tour du capitaine Speckel, Alsacien d’origine, de prendre la parole en Allemand. Ne faisant point de longs discours, il affirme sa fierté d’avoir commandé des soldats tels que les Sénégalais.
Les assassinats de Bouquet et de Speckel
Aussi louables que soient ces déclarations, elles ne changeront pas la suite des événements, et les Africains sont éloignés des autres soldats. Ils ne seront jamais revus vivants, ni même morts. Selon les estimations, ces soldats auraient été au nombre de 64 à disparaitre au cours de ce que l’on appelle aujourd’hui le massacre du bois d’Eraine.
Cependant l’histoire ne s’arrête pas là. Pour les officiers allemands, les propos tenus par Bouquet et Speckel constituent un arrêt de mort. Proclamant qu’ils les commandaient avec fierté, les Allemands eux, accusent les tirailleurs de crimes de guerre. Selon eux, leurs supérieurs devraient donc en assumer les conséquences. Au total, huit officiers français, dont Henry Bouquet et Jean Speckel, sont emmenés à la lisière du bois, puis abattus d’une balle dans la nuque, avant d’être enterrés dans une fosse commune.
Morts pour la France, morts pour leurs tirailleurs.
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