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La rafle manquée de Nancy

par | 8 Sep 2022

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La rafle manquée de Nancy

Le 19 juillet 1942, la rafle de Nancy doit être mise à exécution. C’est une scène qui se répète déjà – après la rafle du Vél d’Hiv – cette fois-ci cependant, elle se déroule plus loin de la capitale. Ce jour-là dès l’aube, les bottes des policiers français battent les pavés des rues de Nancy. Sur ordre de Vichy, 385 Juifs doivent être arrêtés. Pourtant, et grâce à la désobéissance de tout un service de police, 350 d’entre eux sont sauvés d’une arrestation certaine.

La rafle manquée de Nancy - 19 juillet 1942

Capture d’un photographie de policiers français au moment de la rafle du Vél d’Hiv pour illustration de la rafle manquée de Nancy.

Ça s’est passé dans le

Grand Est

Les policiers sauveurs de Nancy

Les adresses des personnes recherchées sont connues. Bien sûr, toutes ignorent ce qu’il s’est passé il y a encore peu à Paris. Alors que les premières lueurs du jour se dévoilent à peine, la surprise doit inévitablement être totale. Pourtant, la rafle de Nancy se soldera par un échec.

La veille, Édouard Vigneron, inspecteur-chef du Service des Étrangers de la police de Nancy, apprend qu’une rafle est prévue pour le lendemain, dans sa propre ville, deux jours à peine après celle du Vél’ d’Hiv, dont il a également pris connaissance.
Homme expérimenté âgé de soixante ans, il connait très bien « ses » administrés, ceux-là même qui sont visés par cette rafle. Depuis le début de l’Occupation, c’est lui qui est en charge de la régularisation de leur situation.

Lorsqu’il prend acte de la mise à exécution de cette rafle et à l’aide du téléphone, il convoque immédiatement certains Juifs au commissariat pour leur remettre de faux papier, afin de les aider à quitter la ville pour rejoindre la zone libre.
Pour prévenir les autres cependant – ceux qui n’ont pas le téléphone -, il faut se mobiliser davantage. Édouard Vigneron rassemble cinq de ses hommes, ainsi que son adjoint Pierre Marie. Dès lors, il déclare : « La situation est grave, les petits ».

Les policiers se lancent alors dans une vaste opération de porte-à-porte : certains Juifs visés sont accompagnés jusqu’au train après remise de billets et de faux papiers. Charles Bouy, l’un des policiers participant à ce sauvetage, va même jusqu’à héberger deux familles sous son propre toit, quelques jours durant. Au fur et à mesure des heures qui passent, ces Juifs étrangers ou apatrides, disparaissent dans la nature.

Le lendemain, lorsque se termine la rafle de Nancy, 32 juifs ont été arrêtés par la police. Si ce nombre est déjà trop élevé, il reste cependant très éloigné des 385 ciblés. Grâce à la désobéissance de ce service de police, un cas unique en France, plus de 350 Juifs ont, à cet instant précis, été sauvés d’une déportation et d’une mise à mort certaine.

Finalement démasqué, Édouard Vigneron est démis de ses fonctions et incarcéré à la prison de Fresne. Il sera néanmoins réhabilité après la Libération et sera même reconnu Juste parmi les Nations, tout comme Pierre Marie et trois autres de leurs collègues.

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Sources et références

Livre des Justes – Editions JCLattès 1995

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