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Histoire et Mémoire de la Seconde Guerre mondiale

Le Service du Travail Obligatoire

par | 10 Fév 2022

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Qu’est-ce que le STO (Service du Travail Obligatoire) ?

Loi du 16 février 1943

Le Service du Travail Obligatoire (STO) est une mesure imposée par le Troisième Reich au gouvernement de Vichy. Elle a pour objectif d’envoyer des milliers de Français travailler en Allemagne et contre leur volonté, pour participer à leur effort de guerre nazi.

STO - Service du travail obligatoire

Départ des travailleurs français du STO pour l’Allemagne à la gare de Paris-Nord en 1943 – Bundesarchiv, Bild 183-J14405 / CC-BY-SA

A l’origine du STO

Il est évident que les nombreuses conquêtes et ambitions militaires de Hitler ont un coût et un besoin industriel et humain que l’Allemagne ne peut supporter à elle seule. C’est dans cette problématique que le Reich a très rapidement pensé à la main d’œuvre des pays occupés. En France et bien avant d’imposer le STO (Service du Travail Obligatoire), de nombreuses mesures d’incitation ont été mise en œuvre pour attirer les travailleurs Français… sans grand succès.

L’indispensable collaboration du gouvernement de Vichy

Dès l’année 1940, l’occupant fait ouvrir près de 300 « bureaux de placement » dans les principales villes occupées, dans lesquels les volontaires peuvent s’inscrire pour partir travailler en Allemagne de leur plein gré. Ainsi, il y aurait dans ce premier temps environ 200 000 volontaires prenant la direction de l’Allemagne nazie. Il s’agit principalement d’étrangers résidants en France ayant pour principal but de fuir le chômage et la précarité.

Mais le Reich considère cette main d’œuvre insuffisante et dans bien des cas aussi, non qualitative par rapport à ses besoins industriels. De plus et lorsque Hitler décide d’attaquer l’URSS en juin 1941, le manque de main d’œuvre se fait encore plus ressentir. De ce fait, l’Allemagne se conforte dans son idée d’utiliser les travailleurs des pays qu’elle occupe.

Ainsi en France et grâce au secrétariat d’État au Travail de Vichy, l’Allemagne amorce une sorte de politique de recrutement des travailleurs. Avec l’aide du Gouvernement Français, de nouveaux bureaux ouvrent dans les deux zones du territoire, pendant qu’une propagande à grande échelle vente les conditions de travail exceptionnelles que proposerait l’Allemagne. « Vous travaillerez dans la dignité et sous la protection du Gouvernement Français qui a créé pour vous et les vôtres le service de la main d’œuvre Française en Allemagne ». Tels sont les mots que l’on peut lire sur une affiche très largement rependue et signée du maréchal Pétain.

Vers la fin de cette même année 1941, environ 100 000 travailleurs, dont près de 70% sont des hommes, partent pour l’Allemagne. Ils sont généralement des ouvriers, des artisans ou des employés subalternes de la zone occupée à la recherche d’un meilleur salaire voire d’un salaire tout court. Cependant, on note aussi la présence de mineurs ou encore d’orphelins et de jeunes femmes, certainement forcés à la tâche plutôt qu’à la recherche d’une aventure palpitante. En revanche et même s’ils sont bien plus rares, certains partent par idéologie. La majorité de cette faible minorité parviendra rapidement à occuper des postes à responsabilités tout en participant aussi à la « traque des déserteurs ». Finalement déçus par les conditions de travail, environ 30 000 hommes et femmes rentreront plus ou moins rapidement en France.

Pierre Laval annonce la « Relève »

Toujours plus gourmande, l’Allemagne désormais en position d’exiger, réclame au cours du mois de mars 1942, l’envoi de 250 000 ouvriers supplémentaires avant la fin du mois de juillet. Evidemment cet objectif s’annonce bien difficile à relever pour Vichy. Coûte que coûte, dans son discours du 22 juin 1942, Pierre Laval annonce la « Relève ». Un marché conclu qui promet la libération d’un prisonnier de guerre contre l’envoi de trois ouvriers spécialisés. Malgré tous les efforts déployés par Vichy, c’est un terrible échec. A peine plus de 17 000 Français s’engagent à travailler en Allemagne.

Ce faible résultat force Vichy à utiliser la ruse. Dans une nouvelle loi publiée de 4 septembre 1942, le Gouvernement fait recenser tous les hommes âgés de 18 à 50 ans et toutes les femmes 21 à 35 ans « pour tous travaux que le Gouvernement jugera utiles dans l’intérêt supérieur de la nation ». Et c’est donc grâce à ce recensement que la France instaure, le 16 février 1943, le Service de Travail Obligatoire.

L’instauration du Service du Travail Obligatoire

Au tout début de l’année 1943, l’Allemagne exige à nouveau l’envoi de 250 000 travailleurs supplémentaires. Ainsi, les classes 1920, 1921 et 1922 à savoir les personnes nées entre 1920 et 1922, sont envoyées en Allemagne sans distinction d’activité professionnel à l’exception des mineurs, agriculteurs pompiers et étudiants.

Le rejet des Français au STO

Quelques mois plus tard, au cours de mois de juin, l’Allemagne réclame à nouveau 220 000 nouveaux travailleurs. Mais Vichy, qui doit de plus en plus faire face aux refus des Français, ne parvient plus à remplir ses objectifs. A l’automne, un nouvel accord permet à la France de remplacer certains départs contres des postes dans des usines françaises au service du Reich ou bien encore dans les chantiers de l’organisation Todt.

A peine quelques semaines après cet accord, l’Allemagne réclame 273 000 nouveaux hommes et le 1er février 1944, une nouvelle loi permet la mobilisation de tous les hommes âgés de 16 à 60 ans afin de répondre aux désirs de l’occupant. Occupant qui pendant ce temps ne se garde pas non plus de piller les ressources économiques et industrielles du pays. Malgré tous les efforts du nouveau ministre du travail, l’ultra collaborateur Marcel Déat, seuls 20 000 Français prennent la route de l’Allemagne. A l’inverse, ils sont bien plus nombreux à prendre la direction des maquis. La Résistance devient une alternative afin d’échapper au STO pour certains, ou pour tenter de stopper cette collaboration sans fin pour d’autres.

Entre 1940 et 1944, environ 650 000 Français ont été envoyés en Allemagne pour une durée moyenne de deux ans. Bien entendu les conditions ventées par l’occupant ne sont que du vent. En réalité c’est même tout l’inverse puisque 30 000 de ces travailleurs trouveront même la mort sous les bombardements quand d’autres seront exécutés pour « actes de résistance ».

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