De Gaulle à la Défense Nationale
5 juin 1940
Le 5 juin 1940, Paul Reynaud effectue un nouveau remaniement de son gouvernement, quelques jours seulement après celui du 18 mai et dans lequel il nomme Charles de Gaulle au poste de sous-secrétaire d’Etat à la Défense nationale et à la Guerre. Pour autant, cette nomination n’est pas le fruit du hasard : elle fait suite à une lettre écrite par le principal concerné, et adressée au président du Conseil, en date du 3 juin.
La lettre de Charles de Gaulle du 3 juin 1940
Depuis ses succès obtenus lors de la bataille de Montcornet et sa citation à l’ordre de l’armée, de Gaulle a acquis une certaine autorité auprès de Paul Reynaud, personne dont il sait aussi que sa lucidité du terrain militaire est reconnue. Ainsi, désireux de poursuivre les combats et d’imposer sa vision de la guerre mécanique – la guerre nouvelle – il écrit au président du Conseil avec l’intention non dissimulée d’obtenir davantage de responsabilités.
La conviction de Charles de Gaulle, le choix de Paul Reynaud
De fait, les mots utilisés par de Gaulle ne sont pas mâchés, imposant même une réelle force de conviction, condamnant aussi les « hommes d’autrefois » dont Reynaud a fait appel lors de son précédent remaniement. Entre constatations, convictions et croyances, Reynaud n’en reste pas insensible.
Monsieur le Président,
Nous sommes au bord de l’abîme et vous portez la France sur votre dos. Je vous demande de considérer ceci. […] Le pays sent qu’il faut nous renouveler d’urgence. Il saluerait avec espoir l’avènement d’un homme nouveau, de l’homme de la guerre nouvelle. […]
Sortez du conformisme, des situations acquises, des influences d’académie. Soyez Carnot ou nous périrons. […] J’entends agir avec vous mais par moi-même. Ou alors c’est inutile et je préfère commander. […]
Si vous renoncez à me prendre comme sous-secrétaire d’Etat, faites tout au moins de moi un chef – non point seulement d’une de vos quatre divisions cuirassées – mais bien du corps cuirassé groupant tous ces éléments. Laissez-moi dire sans modestie, mais après expérience faite sous le feu depuis vingt jours que je suis seul capable de commander ce corps qui sera notre suprême ressources. L’ayant inventé, je prétends le conduire.
La remaniement du 5 juin 1940
Le 5 juin, et aussi après avoir le reçu le précédent discours de Churchill, le président du Conseil Paul Reynaud effectue un second remaniement de son gouvernement. Daladier est évincé et lui-même choisit de récupérer les Affaires étrangères, alors qu’il nomme Charles de Gaulle au poste de sous-secrétaire d’Etat à la Défense nationale et à la Guerre.
De Gaulle se voit ainsi chargé des relations avec la Grande-Bretagne, pour « préparer la continuation de la guerre » en Afrique du Nord. Pour l’heure, les intentions de Paul Reynaud, comme d’autres membres du gouvernement, sont claires : il faut poursuivre la guerre.
Cependant, cette nomination ne plait pas à l’ensemble de l’entourage de président du Conseil. Pétain, Weygand et désormais Paul Baudouin – que Reynaud vient de nommer sous-secrétaire d’Etat au Quai d’Orsay – expriment leur mécontentement, voir un certain mépris. Weygand déclare même que de Gaulle ne serait « qu’un enfant ». Un enfant qui approche de la cinquantaine, tout de même.
En réalité, Pétain, Laval, Weygand et Baudouin font parti de ceux qui comptent sur le désarroi et le désespoir du peuple pour obtenir l’armistice avec Hitler, s’opposant alors – en interne – avec ceux qui souhaitent poursuivre la lutte.
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