Le résultat des élections législatives allemandes du 5 mars 1933

Les élections législatives du 5 mars 1933 sont remportées par le Parti nazi, par 43,9% des suffrages exprimés. Organisées après la dissolution du Reichstag – demandée par Hitler au moment de sa nomination à la Chancellerie du Reich – et dans un fort climat d’intimidation violente à leur égard, les Partis de gauche représentent pourtant encore près du tiers des votes. De fait, Hitler ne peut obtenir la majorité absolue que grâce à la coalition gouvernementale, formée avec les conservateurs.

Logo Parti nazi (NSDAP) - Elections législatives allemandes de mars et novembre 1933

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Taux de participation

  • Parti Nazi (NSDAP) – 17 millions de voix (43,9%) – 288 députés 43.9% 43.9%
  • Parti Social-démocrate (SPD) – 7,2 millions de voix (18,3%) – 120 députés 18.3% 18.3%
  • Parti communiste (KPD) – 4,9 millions de voix (12,3%) – 81 députés 12.3% 12.3%
  • Parti du Centre (Zentrum) – 4,4 millions de voix (11,2%) – 73 députés 11.2% 11.2%
  • Parti populaire national allemand (Conservateurs) – 3,1 millions de voix (8%) – 52 députés 8% 8%
  • Autres Partis et abstentions (7%) – 33 députés 7% 7%

Contexte des élections législatives de mars 1933

Aussitôt nommé à la Chancellerie du Reich, en janvier 1933, Hitler obtient du président de la République – Paul von Hindenburg – la dissolution du parlement allemand (le Reichstag). De nouvelles élections législatives sont alors organisées et celles-ci doivent se dérouler le 5 mars suivant. Cependant et entre-temps, une série d’événements ont lieu, et ont une incidence directe sur le scrutin à venir.

L’incendie du Reichstag avant les élections

Dans la nuit du 27 au 28 février 1933, le Reichstag est ravagé par un gigantesque incendie. L’auteur du crime, rapidement arrêté, est un certain Marinus van der Lubbe. Bien qu’il ne s’agisse que d’un acte totalement individuel et isolé, l’évènement est politiquement exploité par les nazis.

Depuis plusieurs mois, la propagande hitlérienne fait courir le bruit d’un soi-disant soulèvement communiste qui serait imminent. Bien que celui-ci n’existe que dans la tête des nazis eux-mêmes, l’incendie du Reichstag est présenté comme en étant l’acte de déclenchement.

Dès le lendemain, le décret d’urgence « pour la protection du peuple et de l’État » est adopté. Sensé protéger la population allemande et les Institutions, il ouvre en réalité grandement la voie à une dictature. Abolissant les libertés individuelles comme celles de la presse, il permet surtout aux nazis de molester un peu plus encore l’opposition politique, tout en renforçant toujours plus leur propagande.

Bien tenté de le faire, le gouvernement – composé d’une coalition de nazis et de conservateurs -, se garde cependant bien d’interdire le Parti communiste. Par cet effet, il craint que son électorat ne passe massivement en faveur des sociaux-démocrates.

Les partis de gauche incapables de s’unir

Depuis l’ascension du Parti nazi, les Partis de gauche représentent une opposition de taille. Néanmoins, formée par le Parti Social-démocrate (SPD) et le Parti communiste (KPD), leurs divisions sont telles qu’ils sont tout simplement incapables de s’unir.

Du côté des communistes, les Sociaux-démocrates sont qualifiés de « Sociaux-fascistes ». Selon eux, ils seraient même pires que les nazis. Quant au SPD (Parti Social-démocrate), il est tout simplement répugné à l’idée de devoir coopérer avec un parti dont il estime être capable de jouer un double jeu et de provoquer des actes répréhensibles.

La très forte campagne de propagande nazie

Dans un fort climat de violence, les Allemands sont également la cible d’une très forte propagande nazie. Pendant que les réunions publiques des partis d’opposition sont interdites ou bien dispersées par la brutalité des Chemises brunes, Hitler lui, est sur tous les fronts.

La campagne du Parti nazi est absolument monstrueuse, mais aussi très coûteuse. Si elle est rendue possible, c’est en grande partie grâce aux financements de puissants industriels, inquiets des violences (souvent provoquées par les Chemises brunes elles-mêmes) et par les idées communistes.  C’est par exemple le cas de Krupp, Bosch, I.G. Farbenindustrie… Surtout, ils misent aussi sur les promesses de réarmement faites par Hitler. Promesses qui relanceraient alors l’économie allemande, grandement mise à mal depuis la crise économique de 1929.

Quoi qu’il en soit, le chancelier Hitler est partout ; discours diffusés à la radio, articles dans la presse, meetings produits devant des milliers de personnes, défilés de SA en nombre et dénonciation quasiment continue d’un complot communiste, qui n’existe tout simplement pas.

Conséquences des élections législatives de mars 1933

Sans grande surprise, le Parti nazi arrive en tête de ces élections législatives du 5 mars 1933, avec un peu plus de 17 millions de voix. Cependant, et malgré tous les faits expliqués ci-dessus, les partis de gauche représentent encore près du tiers des suffrages exprimés. Au final, 56% des électeurs n’ont pas choisi Hitler.

Victoire électorale du Parti nazi mais…

Au lendemain des élections législatives, Goebbels affirme qu’il s’agit d’un « triomphe » pour le national-socialisme. Certes, les résultats sont forts et les progrès enregistrés sont réels (+10% par rapport aux élections de 1932). De fait, avec un taux de participation record à plus de 88%, les nazis ont surtout profité des voix abstentionnistes des précédents scrutins.

Néanmoins, Hitler n’obtient pas la majorité absolue qu’il espérait tant. Tout du moins, il l’obtient de justesse, mais uniquement grâce à la coalition gouvernementale. Ainsi, les nazis restent à la merci des conservateurs. Surtout, Hitler est très loin d’obtenir la majorité des deux tiers du Reichstag, indispensable pour changer la constitution, en vue de lui accorder les pleins pouvoirs.

Vers le vote des pleins pouvoirs à Hitler

Pourtant, le 23 mars suivant les élections, Hitler parvient tout de même à faire voter la loi d’habilitation, lui accordant de fait des pouvoirs quasiment illimités et pour une durée théorique de 4 ans. Pour y parvenir, les nazis utilisent finalement leurs meilleures armes : manipulations, intimidations et fausses promesses.

Au moment du vote de la loi, il est essentiel de rappeler que les 81 députés communistes sont absents du Reichstag. Soit ils ont été arrêtés, soit ils tentent de fuir les persécutions. Parallèlement et pour obtenir les votes des centristes, Hitler promet que l’objet d’un tel accord n’a que pour unique finalité d’agir sur les leviers économiques du pays.

Au final et dans un climat absolument délétère et au cœur d’une salle cernée de SA et de SS, Hitler obtient les pleins pouvoirs par 441 voix « pour » et 94 « contre ». Le Reichstag vient de signer sa mort. Seuls les Sociaux-démocrates rejettent unanimement la loi.

Les élections législatives de novembre 1933

Les élections législatives du 5 mars 1933 sont en réalité les dernières élections libres de la République de Weimar. Rapidement, le parti communiste est interdit. Les autres suivent ou se dissolvent d’eux-mêmes. A la fin de l’été 1933, l’opposition politique allemande est tout simplement anéantie, le Parti nazi étant devenu le parti unique en Allemagne. Pour combler les sièges vides des députés arrêtés ou en exil, et surtout pour enfin jouir d’un Reichstag totalement dévoué au national-socialisme, de nouvelles élections législatives sont à nouveau organisées au cours du mois de novembre suivant. Seuls à pouvoir se présenter, les nazis « récoltent » 92,11% des suffrages exprimés. 

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